chapitre 18

3.5K 130 38
                                    

Malvin revient avec 4 tasses de thé. Papa était arrivé peu de temps après. Là, je suis assise à côté de Malvin et mes parents me scrutent en face, sur les deux fauteuils. Papa serre le genou de maman de sa main et le caresse de son pouce. Je me demande ce qui peut autant les inquiéter.

-Nous devons parler.

-Je sais ça fait trois fois que tu me le dis.

-Fanny ! Me réprimande papa.

Ça va, ça va. Malvin s'assoit à côté de moi. Nos cuisses se touchent et mes hormones se chauffent. Je vais pas arriver à me concentrer si...

-Nous devons te parler de tes parents. Tes vrais parents.

Pardon ??? C'est une blague ? Je recrache le thé que je viens de boire. Je sens le regard de Malvin, inquiet sur moi. Il se lève pour aller chercher le sopalin et nettoyer la table. Je mets ma main sur la sienne et prends le sopalin. Le silence est pesant. Je ne sais pas comment réagir. Je me lève telle un robot et mets le papier à la poubelle. Mes vrais parents. Je reviens m'assoir à côté de Malvin.

-Mes...Vrais parents ? C'est un canular ? Une caméra cachée, pas vrai ?

Malvin me prend la main et la serre d'un air rassurant. Je la serre en retour. Ma mère regarde nos mains et me regarde, les yeux embués de larmes. J'ai envie de la serrer dans mes bras. Je ne l'ai jamais vu pleurer. Mais réellement, quoi. Mais je veux savoir la suite et tiens bon. Mon père prend la parole

-Malheureusement, non. Tu ne t'es jamais posé la question de pourquoi tu ne ressemblais en aucun cas à ton frère ?

Non. Clairement. Je secoue la tête. Ma mère renifle et je me rapproche de Malvin. J'ai comme l'impression que j'aurais besoin de soutien.

-Ça s'est fait comme dans les films. Une nuit, nous avons entendu crier devant notre porte. Des pleurs de bébé. Quand ton père et moi-même sommes descendu, une jeune femme d'une vingtaine d'année nous attendais avec un bambin de la main. Toi. Elle a dit, affolé :

-Je vous en prie ! Prenez-la ! C'était une erreur ! Je vous en supplie !

Elle avait les larmes aux yeux et cette pauvre femme avait vraiment l'air désespérée. Alors ton père et moi t'avons recueilli.

Des larmes me montent aux yeux. Malvin me prend par la taille d'une main et me serre la main de l'autre. J'enfouis ma tête dans don cou.

-Comment était-elle ?

Mon "père" prend la parole :

-Elle était vraiment belle. Elle était brune avec des yeux verts. Des tâches de rousseurs, comme les tiennes et un nez fin et droit. Elle portait des haillons et des mitaines quand elle t'as apporté. Malgré cela, elle était magnifique . Et tu as hérité de sa beauté légendaire, miss.

Je renifle et retire ma tête du cou de Mal' et regarde mes parents adoptifs. Je me sens trahis et vexée.

-Vous êtes sérieux ? Pourquoi vous avez attendu tout ce temps ? Pourquoi me l'avoir caché ???

Je me lève d'un bond en ne pouvant éviter de pleurer.

-Vous avez cru que je ne tiendrais pas ?

-On voulait te protéger.

-Me protéger ? Vous vouliez me protéger ??? Mais de quoi ?

-On peut pas lui en parler.

-Me parler de quoi ???

J'ai presque perdu ma voix. Ma mère se lève suivit de mon père.

-On voulait pas te le cacher, on voulait te protéger

-Mais de quoi ???

-Tu as été violé par ton père quand tu étais gamine.

Je retiens ma respiration. Non. Impossible. C'est juste une blague. Un cauchemar. Je ferme les yeux.

-C'est qu'un cauchemar. C'est pas vrai. Je vais me réveiller dans mon lit et tout sera normal.

Je sens Malvin se lever et poser une main sur mon épaule.

-Calme toi. Tout va bien.

-Tout...Tout va bien ?? Tu rigoles ou quoi ? T'as que ça à me dire pour me rassurer ? Nan. Tais-toi, ça arrangera tout le monde.

Je sors précipitamment de l'appartement et sors. Adopté. Violé. Trahis. Tout ces mots tournent dans ma tête. Une fois sortis, je perds tout mes moyens. Je pleure. Pleure de tout mon corps. J'ai mal. Mal là. Mal au coeur. J'entends des pas se rapprocher. Malvin court vers moi. Il prend mon visage en coupe et essuit mes larmes de ses pouces. Mais elles ne cessent de couler.

-Ça va. Je suis avec toi et je te soutiens. Je te le jure.

-Tu resteras avec moi toute le vie ?

-Oui. Pour toi, je le ferais.

Je m'aggrippe aux pans de sa veste et enfouit mon visage dans son torse. J'hoquete et ne peux m'empêcher de pleurer.

-Je te déteste.

-Moi aussi. Moi aussi.

un colocataire à domicile - FannyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant