Chapitre 50

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Le dimanche vient. Je peine à me lever et m'assois sur mon lit. Mes bras sont en bouillis, c'est à peine si je peux les bouger, sans parler de mes jambes. Je suis strillée de bleu. Partout sur les tibias et quelques uns sur les cuisses. Je regarde mes pieds pleins de cloques à force de courir. J'ai des bleus jusqu'aux orteils ! Comment ils sont arrivés là !!! Je décide de me rendre dans la salle de bain afin de bander mes pieds. L'entraînement de ces derniers jours n'a pas du tout été simple. Malheureusement, je vais devoir en supporter bien plus. Je me suis bien trop lâchée pendant les vacances. Non pas sur la bouffe, mais je n'aurais jamais dû arrêter autant le sport. J'aurais au moins dû m'y mettre une à deux heures par jour. Je n'en serais pas là où j'en suis. Surtout que je ne suis même pas sûr d'avoir le niveau d'ici là. Malvin m'a prévenu. J'en ai fais qu'à ma tête. À bien y réfléchir, j'aurais bien fais une deuxième année. D'ailleurs il n'est jamais trop tard. Je peux toujours accepter de passer une seconde année au sein de l'université. Elle est faite pour ça. Je me rends donc au salon pour en discuter sereinement avec Malvin. Même si à coup sûr, cette discussion va tourner au vinaigre.

-Malvin ?

Une voix rauque me répond sortant du canapé. Je m'assois et le regarde. Il est dans un sweat, la capuche sur la tête et les mains dans ses poches.

-Je peux te parler ?

Il reporte son attention sur moi, sans rien exprimer particulièrement.

-Y'a quoi ?

-J'ai beaucoup réfléchis. Et je pense qu'une deuxième année est la meilleure solution.

Malvin éclate de rire.

-J'avoue t'avoir cru au début. Bien joué, tu m'as eu.

Je le regarde le plus sérieusement possible. Il se calme avant de me dévisager.

-C'était une blague, pas vrai ? Tu le penses pas, hein ?

-J'ai jamais été aussi sérieuse.

Malvin me regarde froidement.

-Hors de question.

-Mais soyons raisonnable ! Il y a trois jours, tu me disais le contraire, limite si tu me disais pas que j'étais nulle !

-Il y a trois jours, tu voulais absolument y arriver, quitte à aller au delà de tes limites.

Il a raison. J'étais plus que motivée.

-J'ai changé d'avis.

-Pas moi. Alors tu vas me suivre et courir.

Je regarde dehors en réfléchissant. C'est vrai que j'étais prête à tout. Mais de toute façon je peux pas aller courir. Le ciel est nuageux, presque noir.

-Je peux pas y aller.

Malvin se lève et se plante face à moi.

-Ah et pourquoi ça ?

Je soupire tristement.

-Il va pleuvoir.

-Rien à foutre.

-Malvin...Je vais être trempée...

-Et moi donc ?!

Encore une fois, je ne peux pas lui donner tord. Je me lève résignée. Au ton qu'il emploie, ça sert absolument à rien de discuter. J'enfile un legging et un tee-shirt à manche longue avant de mettre mes baskets. Malvin m'attend dans l'entrée. Je le regarde sans comprendre.

-Tu fais quoi dans cette tenue ?

-Je me suis dit que c'était pas cool de te laisser courir sous la pluie toute seule. Alors voilà.

Ça pue l'arnaque. Malvin gentil ? Non. Impossible. Même avec les nouvelles résolutions 2020. Je sors, sac de sport en main et prends le volant de ma jeep en hurlant à Malvin de venir. Il arrive et je me mets en route. Quelques minutes après, la pluie commence à tomber et je suis dans l'obligation de mettre en route mes essuie-glaces. Je me gare sur le parking juste devant le stade avant de descendre de voiture et d'attendre que Malvin me rejoigne. Nous nous mettons en position sur la piste, mais Mal' s'arrête et se met sur un côté.

-Tu m'as dit qu'on allait courir ensemble ?

-Oh attends, poulette, je crois que tu n'as pas saisi la nuance. J'ai dit que je ne voulais pas te laisser courir toute seule sous la pluie. Est-ce que ça veut dire que je vais courir avec toi ? Absolument pas.

J'ouvre la bouche avant de la refermer et de bougonner. Il a carrément raison. Encore une fois, je suis tombée dans son piège.

-Bon bah dans ces cas là, je rentre.

Je m'apprête à rejoindre la voiture, mais Malvin m'arrête et me retiens par le poignet.

-C'est simple. Quitte ce terrain de foot et t'es virée de l'université.

Je le fixe, ahurie.

-Tu rigoles j'espère ?!

-J'ai l'air de plaisanter ?

Il me lance un regard noir.

-Connard.

Je retourne sur la piste et attend son top départ. Une fois dit, je m'élance sur la piste, comme ci ma vie en dépendait. Je cours jusqu'à ce que mes poumons prennent feu et que je ne sentent plus mes jambes. Mais je ne m'arrête pas là. Je sens la pluie, mélangé à la sueur dégouliner le long de mon dos et avant d'avoir parcouru la moitié de la distance, je suis trempée. Je ne vais pas sortir indemne de cette course. J'en suis certaine. Je regard un point imaginaire devant moi et le fixe, dans l'espoir d'arriver plus vite là-bas. Quand je repasse devant Malvin, j'entends le bip du chronomètre retentire et je m'écroule par terre, la tête bourdonnante et les poumons en feu.

-T'es à 60 secondes. Tu te rends compte du progrès que tu as fais en moins d'une semaine ? Je ne t'en aurais jamais cru capable. C'est ce qui me conforte dans l'idée que tu peux y arriver, princesse.

Je lui souris en essayant de reprendre ma respiration. Il est si mignon ! Il me sourit à son tour et pour la première fois dans ma colocation, mon cœur bondit dans ma poitrine. Qu'est-ce que c'était ? Pitié non ! C'est pas le moment qu'il s'immisce dans mes histoires ! Je suis assez prise dans la boxe alors si en plus je tombe amoureuse de mon colocataire ! Je détourne le regarde de celui de Malvin avant de devenir rouge tomate. Mais bien sûr que je suis pas amoureuse ! Qu'est-ce qui me prend d'avoir des pensées comme ça ? Allez reprends-toi, Fanny. Plus que quatre mois. Ou 1 an et quatre moi. Ça dépend de moi. Malvin se rend compte de mon dilemme intérieur et m'interrompt.

-Ça va ?

Il fronce les sourcils. Quand je hoche la tête, il continue :

-On arrête pour aujourd'hui ou tu veux aller à la salle ?

Je pose le pour et le contre. J'ai bien envie d'améliorer mes capacités et d'être prête pour ma rentrée de demain, mais d'un autre côté, si je continue, je serais claquée lundi et donc pas en forme, soit moins efficace. J'opte pour la raison et nous décidons donc de rentrer à l'appartement.

un colocataire à domicile - FannyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant