Chapitre 58

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Le jour J est arrivé. On l'opère aujourd'hui. Je me rends à l'hôpital et monte à sa chambre avant de lui déposer des roses et de lui prendre la main.

-Salut Fanny. Tu vas bien ? Ouais, comme d'habitude en fait. Sache que, si tu m'entends, je te promets que l'opération se passera bien. Et après, une fois remise sur pied, tu te réveillera. Pour de bon. Et on rentrera à la maison. Ensemble. Avant de mener la vie qu'on a toujours voulu. Enfin, que J'AI toujours voulu.

J'essaye de sourire mais seul une grimace sort de mes lèvres. Je m'affale alors sur la chaise juste à côté d'elle et je pleure.

-Je t'en supplie ! Reviens ! Regarde-moi ! S'il te plaît Fanny, réveille toi ! S'il...S'il te...Plaît !!!

Je me mets à hoqueter et j'enfouis ma tête dans sa poitrine.
Et voilà. C'est comme ça depuis que j'ai le droit de la voir. J'arrive en posant des fleurs dans son vase. Puis je lui prends la main afin de discuter avec elle...pour finir par éclater en sanglot en la suppliant de revenir. Je sais. Je suis faible. Je relève la tête et la regarde. Qu'elle est belle...Elle a l'air paisible. Je me tais et la regarde. Seul le bruit du monitoring cardiaque retentit dans le silence pesant de la pièce. Mes larmes continuent de couler mais je ne bronche pas, ni ne les essuie. Je la regarde c'est tout. Un médecin rentre et me fait sursauter.

-Nous allons passer en salle d'opération monsieur. Vous êtes...?

-Son cousin éloigné.

-Très bien. Je vais l'emmener et vous pourrez la voir via une autre salle.

Je hoche la tête en reniflant. Le médecin débranche certain fil avant de pouvoir l'emmener. Je me penche vers elle et lui dépose un simple et doux baiser sur les lèvres. Puis je lui murmure à l'oreille :

-Je t'aime princesse. Reste avec moi.

Quand je relève la tête, le médecin me regarde bizarrement.

-Ah oui c'est vrai, je suis censé être son cousin...

Je m'en vais de sa chambre, blasé. Le médecin la sort a son tour et l'emmène dans une salle privée au personnelle. Je vais avec lui et il m'emmène dans une pièce à part. Camille m'y attend. Je lui fait un bref câlin et nous nous tournons tout les deux vers autre côté de la salle. Fanny arrive peu de temps après, vêtu d'une blouse verte et nous la regardons à travers la vitre. Les médecins commencent à s'agiter autour d'elle. Ils portent tous des gants et un masque. Ils ouvrent des paquets et en sortent des instruments encore stériles. Ils les posent sur une serviette, elle-même posée sur un plateau. Quelques minutes après, la bande est enfin au complet. Ils sont 4 autour d'elle. Un qui fait attention à sa respiration, deux autour d'elle pour l'opération et 1 qui s'occupent des outils. Je vois le médecin principal regarder le monitoring et jeter un œil à Fanny. Son collègue hoche la tête et l'opération commence. Pendant quelques minutes, tout se passe bien. Soudain, le médecin général commence à s'agiter. Je fronce les sourcils et me rapproche de la vitre. Son collègue au monitoring s'agite à son tour.

-Il y a un problème, je déclare.

Je regarde Camille, inquiet.

-Il se passe quelque chose de bizarre, renchérit Camille.

Elle se penche à son tour vers la vitre. L'assistant du médecin s'approche de l'infirmier qui s'occupe des outils et lui dit quelque chose. Ce dernier hoche la tête et sort de la salle d'opération en courant. Je renifle et essaye de voir ce qui les inquiète. L'infirmier revient quelques instants après avec des instruments stériles différents. Le médecin hoche la tête en signe de remerciement et recommence son opération. Je le vois soupirer et s'essuyer le front d'un geste rassuré. Tout s'est passé sans accroche. Alléluia. Je remercie le ciel et commence à pleurer de joie. Fanny va revenir. Je me tourne vers Camille, prêt à la prendre dans mes bras. Mais elle garde les yeux rivés sur Fanny en se rongeant les ongles.

-Il y a un problème ?

-Mais non pourquoi ? Me répond-t-elle.

-L'opération est terminée. Tu devrais être contente !

Elle se tourne lentement vers moi.

-Mais pas du tout, Malvin. Elle ne fait que commencer. Ça va être la tâche la plus compliquée maintenant. La plus risquée m'a dit le médecin.

-Qu...?

Je ne finis pas ma phrase que des mouvements brusques attirent mon attention de l'autre côté de la vitre. Le monitoring affiche une fréquence cardiaque beaucoup plus rapide : trop rapide. Le pouls de Fanny commence à monter à un rythme anormalement vite. Ça pendant quelques minutes puis un trait suivit d'un bip continu.

-On est en train de la perdre ! Crie le médecin.

L'assistant rejoint ses doigts et commence un massage cardiaque.

-Il faut qu'ils utilisent le défibrillateur ! Je crie.

-Impossible, dit Camille. Ça risque de faire sauter les machines.

Je passe une main dans mes cheveux en grimaçant. Mon cœur est à deux doigts de lâcher. Elle ne peut pas nous lâcher. Pas maintenant. Je les vois lui faire un massage cardiaque pendant quelques instants. Quand je vois la ligne verte reprendre son chemin, je pleure à nouveau. Putain, ils vont pas lui foutre la paix 5 minutes ! Je fais les 100 pas dans la petites salles.

-Je sais pas si j'ai envie de voir la suite. Je suis désolée, Malvin. Tu m'appelles dès que c'est terminé ? Je t'attends dans la salle d'attente du hall, déclare Camille, les larmes aux yeux.

Je hoche la tête en mordant mon poing sans la regarder. Les médecins recommencent à tourner autour de Fanny. Le médecin généraliste s'arrête et secoue la tête. Je fronce les sourcils. Il se passe encore quelque chose ? J'attends un peu. Le médecin généraliste regarde l'infirmier qui est au monitoring et ce dernier hoche la tête. Le médecin hoche la tête à son tour et se penche à nouveau sur Fanny. À une ou deux reprises, le cœur de Fanny s'accélérait un peu mais il reprenait très vite un rythme normal. Je savais qu'elle s'en sortirait. L'opération se déroule sans autre incident et je peux enfin respirer. Le médecin enlève son masque et se passe une main sur le front. Il se tourne vers moi en souriant et en hochant la tête. J'essaye de lui sourire mais un sanglot s'échappe de mes lèvres et je me remet à pleurer. Putain Malvin ! Mais qu'est-ce que tu branles ! Je suis là à me morfondre et à pleurer alors que Fanny s'en est sortie dans problème. Il ne reste plus qu'à se qu'elle se réveille. Je sors de la cabine en me passant une main sur le visage. Je débarque dans le hall en titubant et je m'affale dans un siège. Camille se jette aussitôt sur moi.

-Alors ? Elle va bien ? Elle s'en est sortie ?

Et là je pète un câble. Je réalise ce qui vient de se passer. Je me tourne lentement vers elle et toute la pression qui était montée depuis le début de l'opération redescend. Désolé Camille, tu es là au mauvais endroit au mauvais moment.

-Quelle mère indigne tu fais !

Elle se recule, les yeux écarquillés.

-Pardon ?

-Tu n'es même pas capable d'élever ta fille ! Tu l'as abandonnée ! Tu n'as même pas essayé de la retrouver ! C'est elle qui venue à toi alors qu'elle ne te connaissait même pas !!!

Plus j'énonce ses fautes, plus ses yeux s'écarquillent et plus des larmes remplissent ses yeux.

-Mais qu'est-ce qui te prend ?

Je l'ignore et continue mon monologue.

-Et même lorsqu'elle a besoin de toi, tu n'es pas là !!! Elle se faisait opérer !!! Elle aurait pu mourir et toi tu fais quoi ?! Tu t'en va !!!

J'essaye de reprendre mon souffle mais je n'y arrive pas. Je vois des gens se tourner vers nous dès qu'il passe devant notre mascarade. Mais je m'en fiche. Je me retiens de lui dire depuis trop longtemps. Et je pourrais faire passer ça sous le coup de la pression.

-Tu n'es même pas digne de connaître ta fille.

Je me lève et m'en vais de l'hôpital, en faisant mine de ne pas entendre les sanglots qui sortent du corps de cette pauvre Camille.

un colocataire à domicile - FannyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant