𝑷𝒓𝒆́𝒄𝒊𝒆𝒖𝒔𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒑𝒆́𝒆. 𝑵𝒂𝒎𝒈𝒊

Dix-septième sentiment

Cet après-midi, l'air est doux. Nam Joon tient la porte à sa poupée pour qu'elle puisse sortir en première du salon de thé. Il le remercie poliment puis l'attend pour ensuite marcher à ses côtés, comme toujours. Il reste près de son humain. Tout d'abord parce que c'est son devoir de rester proche en cas de soucis et ensuite, parce qu'il l'aime beaucoup et que le savoir avec lui, le rassure. Ils se promènent tranquillement dans les rues de la capitale, admirant les vitrines. C'est agréable, YoonGi voit toujours de belles choses et, même si la foule l'impressionne encore, il peut compter sur son propriétaire pour être rassuré. Ils passent ensuite au milieu d'une belle allée avec de beaux arbres. Le petit aurait voulu avoir des vêtements un peu plus décontracté pour se balader ici. Dans son chemisier blanc avec ses bords en dentelle et son pantalon noir de ville, il fait si sérieux. Il n'a pas vraiment le choix et, Nam Joon c'est encore pire. Toujours coincé dans ses costumes à trois pièces aux couleurs sombres. Il soupire puis admire le paysage. C'est si beau. Il apprécie de voir tout cela et est tellement reconnaissant envers son humain de lui montrer. Il ne peut s'empêcher d'esquisser un fin sourire. 

Soudain, une voix vient troubler ce calme idyllique. YoonGi tourne la tête et observe la scène. Un homme vient de gifler une belle jeune femme et lui hurle dessus. Au sol, des sacs remplis de vêtements de luxe. Il lui dit que c'est une capable et qu'elle ne peut plus rien tenir, qu'elle ne sert à rien. La demoiselle ne bouge pas, la tête basse. Il distingue des tatouages sur ses mains tremblantes. C'est une de ses sœurs. Il n'en avait pas revu depuis plusieurs mois maintenant. Touché par cette violence, il tire la manche de Nam Joon pour le prévenir qu'un propriétaire maltraite sa poupée. Il fronce les sourcils puis lui demande de le suivre. YoonGi, curieux, obéit. Il se demande ce que son humain va faire. Il l'observe s'approcher puis interpeller poliment l'homme. Il est vraiment charismatique et élégant même quand il est affreusement froid, c'est impressionnant. Le petit reste droit, près de lui.

« Pourquoi frappez-vous votre poupée ? Vous l'avez payé assez cher pourtant.

De quoi tu te mêles sale gosse ?

Vous me devez le respect, monsieur. Regardez par vous-même. »

L'inconnu pose son regard sur le petit. Une poupée masculine ? Il comprend assez rapidement que le jeune homme a bien plus de moyen financier que lui. Il n'a pas d'autre choix que d'être respectueux et, c'est assez rageant. YoonGi, lui, s'est dirigé vers la jeune femme. Le petit passe ses bras autour d'elle et, dès qu'elle a un support, elle se laisse tomber, épuisée. Son corps tremble, sa respiration est lente. Elle est si légère, c'est inhabituel. Il n'est pas dupe. Elle est malade, c'est certain. Elle qui, d'origine devrait être si belle et délicate, a un teint bien pâle et une mine affreuse. Ses cheveux ne sont plus soyeux mais secs. Et malgré ses vêtements luxueux, elle ne paraît pas si jolie. C'est malheureux. Il espère que sa sœur n'a pas subi de maltraitance par son propriétaire. 

Poliment, il dit à l'homme qu'il faut l'emmener dans un centre de soins tout de suite. Son humain approuve ses propos. Il reconnaît quand l'une d'elles est malade. Là, c'est une urgence. Mais, l'homme proteste que jamais il n'écoutera un être inférieur à lui. Les traits du visage de Nam Joon se durcissent. Il répète exactement la même phrase que son petit être. Ainsi, l'inconnu n'a pas d'autre solution. Il doit écouter celui qui est plus riche. Un long soupir puis il se dirige vers sa voiture, ouvrant la portière pour que YoonGi installe l'être fragile. Il fait très attention comme si ses os étaient en porcelaine. Il ne dit rien mais, il n'est pas idiot. Il le sent dans ses bras qu'elle souffre, qu'elle n'a plus beaucoup de temps. Elle a dû le sentir au fond que quelque chose n'allait plus, qu'elle était brisée mais, elle n'a pas le droit de se plaindre et, avec un propriétaire aussi idiot, il n'a rien remarqué.

YoonGi entre dans le grand bâtiment soutenant toujours sa sœur malade. C'est l'un des centres de soins de la capitale coréenne. Ici, les humains peuvent venir quand ils remarquent un dysfonctionnement sur leur poupée. Les deux propriétaires se dirigent vers l'accueil et se présentent avec, chacun dans leurs mains, une carte attestant de la possession de leur être. Nam Joon explique la situation avec simplicité, ne donnant pas de détails sur la méchanceté de l'autre. La prise en charge va être effectuée tout de suite par un médecin. Quelques minutes plus tard, la jeune femme disparaît avec son humain. Le petit sait exactement ce qui va se passer ensuite. Discrètement, il demande à Nam Joon s'ils peuvent attendre la fin de la consultation pour qu'il puisse lui rendre visite. Le jeune homme ne conteste pas. Il sait que le lien de famille est important pour elles. Il s'approche d'un membre du personnel pour demander l'autorisation qu'il obtient avec facilité. Il joue bien trop souvent de son statut pour obtenir ce qu'il souhaite mais, cette fois, c'est pour la bonne cause.