𝑷𝒓𝒆́𝒄𝒊𝒆𝒖𝒔𝒆 𝒑𝒐𝒖𝒑𝒆́𝒆. 𝑵𝒂𝒎𝒈𝒊

Septième sentiment

YoonGi ouvre lentement les yeux et regarde autour de lui. Il voit difficilement et, il n'y a rien dans cette pièce. Juste un lit sur lequel il est allongé. Il n'arrive pas à mesurer l'espace dans lequel il se trouve. Il fronce les sourcils et se lève lentement. C'est étrange. Cela semble ressembler à un endroit qu'il a fréquenté il y a longtemps et, dont il a peu de souvenir. Un lieu où les poupées sont transférées. C'est peut-être pour cela que tout lui paraît si flou. A tâtons, il cherche à se repérer, posant ses mains sur un mur froid. Il avance avec prudence. Il aimerait bien trouver un peu de lumière. D'aussi loin qu'il se souvienne, il ne supporte pas être seul, enfermé dans l'obscurité totale. Il n'a jamais réussi à prendre l'habitude. Il marche, silencieux avant d'arriver dans un long couloir peu éclairé. Il hésite, puis continu. Il aimerait trouver quelque chose qui le rassure mais, il n'a pas son ourson en peluche. Enfin, il distingue des bruits. Des tirs, des voix autoritaires. Il se cache derrière un mur puis découvre une grande pièce blanche. Au fond, des cibles en bois. Des hommes en uniforme se tiennent droit sur les côtés et surveillent des jeunes qui s'entraînent. Ce sont des poupées d'armes. Il les reconnaît à leurs tatouages. 

Son regard parcourt la scène jusqu'à s'arrêter, étonné. Il se voit. Il est là, un peu plus petit que maintenant, le visage plus enfantin. Contrairement à ses camarades, il n'a pas le bras tendu. Il fixe son arme à feu, le regard inexpressif. Il ne comprend pas ce qui se passe. Soudain, un garde s'approche de son autre lui. Il lui ordonne de tirer, d'être plus rapide. Il n'entend pas tout ce qu'il dit mais, au final, l'homme lève une première fois la main sur lui. Il le gifle violemment puis le petit corps fragile tombe sur le sol. Il n'a pas le temps de se relever, recevant plusieurs coups dans l'abdomen. YoonGi ressent soudainement une forte douleur et se retient de gémir tandis que son double ne bouge pas comme s'il était mort. On lui hurle dessus que ce n'est qu'une vulgaire poupée et qu'il doit obéir, ne rien ressentir et que la souffrance des coups ne doit pas le gêner. Il doit s'habituer à endurer ce genre de traitement car dehors, ce sera pire. Il est destiné à réussir ou il ne survivra pas.

La poupée ne peut plus endurer cette scène et sort de sa cachette, protégeant son autre lui. Il passe ses bras autour de son être et reçoit les coups à sa place. Il souffre mais, refuse de céder et ignore les blessures causées par l'homme. Il attrape l'arme puis se retourne rapidement. Il vise et appuie sur la détente sans aucune hésitation. L'humain s'écroule. Il se relève, observant son double. Il caresse ses cheveux et profite de cet instant calme. Soudain, un spasme le prend. Sa peau est transpercée plusieurs fois. Il lâche un hurlement de douleur. Il s'effondre avant de lentement chuter dans un gouffre obscur. C'est long. Terriblement long. La souffrance est toujours aussi vive, ignoble à supporter. Sa chair le brûle tandis que ses vêtements se tâchent de rouge. Il ne peut rien faire hormis subir. Son corps rencontre violemment le sol et ses os craquent. Il est là, conscient, seul au milieu des ténèbres. Il tente de mouvoir ses lèvres. Quelques gémissements s'échappent puis il réussit à articuler un prénom. Le seul qu'il connaît par cœur. Nam Joon. Il a besoin de lui. Il continue de l'appeler jusqu'à crier son nom. Encore et encore. Il est déchiré par un désespoir qu'il n'avait jamais connu auparavant et ses yeux se remplissent de larmes. Tout se mélange dans son esprit. Enfin, il succombe à la souffrance et ferme les yeux.

La nuit est si calme. La lune est haute dans le ciel reflétant la lumière du soleil tandis que les étoiles scintillent au milieu des quelques nuages passant devant elles. Mais, la voilà maintenant troublée par les hurlements incessants de la poupée qui se tord dans son lit. Nam Joon est vite tiré de son sommeil, un peu déstabilisé. Il se dépêche d'aller jusqu'à la chambre. Il ouvre la porte et le découvre en plein cauchemar. Il crie, se débat, transpire. Le jeune homme s'approche et pose sa main sur son épaule, le secouant. Il l'appelle plusieurs fois et lui demande de se réveiller.