Obsolescence programmée [KookV]

Chapitre 24

Le vingt décembre, Jungkook avait été étonné de recevoir un mail de l'iBC – les Kim ne communiquaient plus beaucoup depuis l'incident. Il l'avait rapidement ouvert pour constater qu'il s'agissait simplement d'un rappel envoyé automatiquement à tous les clients de l'entreprise : les androïdes entreraient en phase d'obsolescence dix jours plus tard, le trente.

Le processus était expliqué au complet en détail et plusieurs choses avaient été rappelées, notamment le fait que la mémoire des androïdes ne serait pas touchée. Un contrôle serait effectué puis des mises à jour seraient faites pour permettre aux androïdes de fonctionner au mieux pendant toute l'année à venir.

« V ? »

Le robot en question, qui était en veille, ouvrit les yeux – c'était le matin, il se trouvait donc actuellement à côté de Jungkook dans le lit de ce dernier.

« Bonjour Jungkook, tu as besoin de quelque chose ?

- Tu as vu le mail des Kim ?

- Je viens de le lire, oui.

- Parfait. Il est écrit que tu iras instinctivement à l'entreprise, donc je n'aurai pas à t'y conduire ?

- Non, ça ne sera pas nécessaire.

- Parfait. »

V acquiesça et la journée se déroula comme à l'accoutumée. Il en fut ainsi pour les jours suivants, jusqu'au réveillon de Noël. Ce jour-là en effet, Jungkook semblait mélancolique, et V n'avait pas besoin de conscience ou de sentiments pour comprendre ce qui expliquait ce visage peiné.

Jungkook se sentait seul. Souvent, il n'y pensait pas, à cette solitude, mais dans les jours où sa famille était supposée être à ses côtés pour partager un agréable moment, il avait tendance à ressasser toujours les mêmes idées noires. Il avait cette sensation d'être né à la mauvaise époque, à une époque qui ne correspondait pas à ses sentiments mais seulement à ses capacités intellectuelles.

C'était probablement parce que le gouvernement essayait de limiter au mieux les sentiments et autres fantaisies égoïstes : penser à la société avant tout, c'était inévitablement mettre ses émotions de côté. Or privilégier l'intelligence en calmant les sentiments... est-ce que ça ne faisait pas des citoyens des robots comme les iB ? Ils étaient dans cette société tous une bande d'hypocrites programmés pour vivre pour les autres – mais dans ce cas, la vie valait-elle la peine d'être vécue ?

« Jungkook, je suis désolé que tes parents n'aient pas pu rentrer. Tu as besoin de quelque chose ? »

Juste d'un peu d'amour...

« Non merci, V, va préparer le repas, je vais aller travailler un peu.

- Tu sais, c'est la veille de Noël aujourd'hui, tu ne devrais pas travailler.

- Un jour tu diras ça à un chef d'entreprise, V, et ce jour-là je n'aurai pas le choix, souffla Jungkook en lui tournant le dos pour s'en aller. Alors mieux vaut que je m'y habitue dès maintenant. »

À l'analyse des trémolos dans sa voix, V comprit que son propriétaire était sur le point de fondre en larmes. Immédiatement il réagit et avança d'un pas léger pour rattraper Jungkook. Il enroula alors les bras autour de sa taille et colla son torse à son dos pour lui offrir une étreinte qu'il savait réconfortante. C'était ce qui marchait le mieux pour calmer le jeune garçon, il en avait plusieurs fois fait l'expérience.

« V...

- Tu n'es pas seul, Jungkook.

- Merci, mais j'aimerais l'être un peu pour les heures à venir. S'il te plaît, fais le dîner.