Obsolescence programmée [KookV]

Prologue

« Le tout premier robot de l'iBC – comprenez iron Bodies Company – a été mis à disposition de son acheteur ce matin. L'acquéreur de ce bijou technologique n'a pas été révélé, à la demande du client. D'après les estimations faites par nos journalistes, chacun de ces humanoïdes serait estimé à plusieurs dizaines de milliards de wons et seuls quelques rares privilégiés pourront s'en offrir un. Nous avons cherché à joindre les frères Kim, qui succèderont bientôt à leur mère à la tête de l'entreprise, malheureusement aucun d'entre eux n'a accepté de répondre à nos questions.

« Rappelons que A, le prototype de ces machines, avait été présenté au public il y a deux ans, à l'occasion de l'exposition universelle de Séoul, attirant un nombre incalculable d'investisseurs qui ont fait grimper en flèche les actions de l'iBC. Cela a permis à l'entreprise d'électronique et de robotique de se hisser sur la scène mondiale et de faire une entrée fracassante en bourse.

« Nous avions réalisé à cette occasion un reportage sur A, robot supposé copier chaque comportement humain, doué d'une intelligence et d'une conscience artificielles et capable de penser par lui-même sans pour autant s'éloigner de sa tâche principale : servir son propriétaire. La jeune femme – car il s'agissait bel et bien d'une fille – pouvait notamment développer de nouvelles capacités en agissant par mimétisme ou bien en approvisionnant sa base de données d'éléments trouvés sur internet. Elle pouvait communiquer sans difficulté et montrait un tempérament jovial et optimiste.

« Dans le but de faire régulièrement des mises à jour sur ses appareils, l'iBC a également prévenu que chaque robot a une durée de vie d'un an, après quoi son obsolescence programmée le rend complètement inutilisable. Cela obligera le propriétaire à le ramener aux laboratoires de l'entreprise qui, de manière gratuite, fera les mises à jour nécessaires avant de le rendre à son possesseur sans toucher à la mémoire interne de l'humanoïde qui est confidentielle et uniquement accessible par son propriétaire. »

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« La vidéo réalisée par le propriétaire de B en a fait frissonner plus d'un et ce sont près de trois cent millions de curieux qui ont partagé ces images glaçantes sur les réseaux sociaux en l'espace d'une vingtaine d'heures. En effet, son propriétaire raconte qu'après son obsolescence programmée, B a commencé à développer un esprit plus critique, chose qui n'était en soi pas dérangeante puisqu'il demeurait un parfait domestique. Mais depuis hier c'est un problème d'éthique qui se pose : on peut en effet voir sur la vidéo B demander à son propriétaire de l'appeler par son prénom, parce qu'il ne souhaitait pas se sentir inférieur. Le jeune garçon s'est lui-même attribué le prénom « Baekhyun » et réclame qu'à l'avenir ce soit ainsi qu'on le nomme. L'iBC a présenté ses excuses et a rappelé le robot dans son usine afin de modifier les mises à jour précédemment effectuées.

« Les associations de défense des droits de l'homme s'interrogent désormais quant aux limites de l'intelligence artificielles et surtout à propos de l'humanité de Baekhyun, soulignant qu'un robot qui choisit d'avoir une identité est un robot susceptible de développer des sentiments, autrement dit de devenir égal à l'espèce humaine.

« Par chance les frères Kim ont su faire taire ces rumeurs en plaidant que ces garçons et ces filles robotiques ne sont que des produits créés par l'homme, un amas de fils et de connexions donnant une impression de réel qui, poussée à l'extrême, peut effectivement créer le sentiment déroutant que ces robots sont humains. « Le fait qu'ils puissent agir par mimétisme implique qu'ils sont capables de reproduire à l'identique des émotions, avait alors expliqué Kim Namjoon, mais cela ne signifie pas qu'ils les ressentent pour autant. » Les deux frères ont ajouté que ces machines ne sont pas là qu'en tant qu'assistants pour les chefs d'entreprises auxquels ils appartiennent, ils sont également des proches, des amis, ce qui justifie selon eux le fait qu'ils aient un comportement si réaliste.

« Les deux entrepreneurs s'excusent cependant de la peur qu'a pu générer B et assurent qu'à l'avenir, la scission entre robots et humains sera plus marquée.

« On peut souligner pour clore ce sujet que l'iBC a déjà produit sa première série d'androïdes, tous nommés par la lettre de l'alphabet qui correspond à leur ordre de création. Ils seront très prochainement livrés à leur propriétaire légitime, mais, très discrète, l'entreprise a refusé d'en révéler plus. »