Obsolescence programmée [KookV]

Chapitre 33

Juré, mon Yoonmin Du bout des doigts a totalisé 1 200 vues ces vingt-quatre dernières heures, le truc de malade... *.*

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V marchait d'un air soucieux. Il venait à peine de quitter Jungkook qu'il le regrettait déjà : protéger son petit-ami était sa priorité, mais... il était si heureux à ses côtés. L'avoir auprès de lui aurait sans aucun doute été un soutien de taille, d'autant plus qu'il aurait pu tenter de le rassurer.

Un androïde qui avait besoin d'être rassuré ; ça devenait ridicule. Comment pouvait-il se considérer encore comme un simple amas de mécanismes complexes ? Il était sans aucun doute bien plus que ça. Mais quoi précisément, ça il l'ignorait encore complètement. Un humain ? Jungkook semblait convaincu de cette option, lui l'était moins. Les citoyens craignaient les oubliés, si bien qu'ils les surveillaient de près. C'était donc illogique qu'il ait pu en être un dans une « vie antérieure ». En revanche, il y avait sans doute d'autres possibilités. Il avait néanmoins eu beau chercher, il n'en avait trouvé aucune autre. Il était soit un robot, soit un homme.

Ça semblait simple pourtant. Pourquoi était-ce donc si complexe à ses yeux ?

Se poser des questions, ressentir, il n'était pas sûr d'aimer ça. C'était agréable de pouvoir se sentir heureux quand Jungkook le prenait dans ses bras, mais il avait la sensation d'être perdu désormais, et il détestait ça.

La ville, en ce paisible matin, dormait toujours. V avait à plusieurs reprises demandé une de ses voitures à Jungkook, mais chacune d'entre elles était équipée d'une puce de repérage. C'était le cas pour tous les véhicules de la JMC. Ainsi, emprunter une voiture serait risqué : les puces étaient directement reliées au moteur, la retirer le faisait inévitablement s'autodétruire. En sachant que Jungkook allait prétendre avoir perdu toute trace de lui et vouloir tout faire pour le retrouver, si V avait pris une voiture, il n'aurait pas pu être couvert par son amant dans le cas où les Kim penseraient à activer le logiciel de géo-localisation.

Habillé d'un sweat dont il avait placé la capuche sur sa tête pour cacher au mieux son visage, V avançait d'un pas assuré malgré ses craintes. Il avait activé ses capteurs thermiques qui lui indiquaient qu'il n'y avait personne dans la rue aux alentours. Il avait choisi un trajet qui lui permettait de sillonner des ruelles peu fréquentées. L'important, c'était d'éviter les grands axes équipés de caméras de vidéosurveillance.

Les mains dans les poches de son sweat, il concentrait ses processeurs sur plusieurs tâches à la fois sans le moindre problème. Soudain il repéra un creux dans un mur et s'y cacha, profitant qu'il faisait encore sombre. Un individu était entré dans le champ de perception de sa caméra thermique, suivi rapidement pas plusieurs autres.

Une patrouille de la police.

Il resta silencieux, attentif au moindre déplacement des hommes qui passèrent près de lui sans le voir. Ils étaient discrets, convaincus que de fait personne ne pourrait les sentir approcher.

Une fois qu'ils furent sortis du champ de perception du robot, ce dernier reprit sa route, vigilant à tout ce qui pourrait venir gêner son chemin. Tout était sombre autour de lui, les obstacles potentiels que cette obscurité pourrait dissimuler étaient nombreux. Son système de détection était infaillible cependant. Il avait repéré tous les appareils connectés dans un rayon de trente mètres. Il n'avançait qu'en zone complètement protégée. Il tentait d'agir comme le robot qu'il était, ignorant ses peurs et ses appréhensions vis-à-vis de la situation qu'il vivait.

Chaque fois qu'il consultait internet, qu'il surveillait ses radars, c'était toujours sous forme d'intuitions que se manifestaient les réponses à ses questions, et tout à coup il eut la sensation qu'il allait bientôt quitter son périmètre sécurisé. Des caméras, partout, et c'était le seul chemin pour poursuivre sa route. Couper le système, même brièvement, attirerait nécessairement l'attention de la police et il avait préféré éviter ça le plus possible, mais ce n'était désormais plus envisageable. Peu importait le chemin, il devait traverser cette place.