Chapitre 35

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Je ne sais pas si c'était grâce au petit mot à la fin de mon chapitre de Piégé, mais hier vous avez été treize à vous abonner à moi. D'habitude ça va jamais au-delà de deux ou trois abonnements par jour, et là treize. Alors merci d'être désormais plus de 900 à me suivre, c'est vraiment énorme !

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Ça allait finalement dans les deux sens : lorsque la société oubliait un de ses citoyens, ledit citoyen avait enfin le droit d'oublier les normes qu'on lui imposait. Les bidonvilles étaient des endroits d'absolue liberté. Des endroits que la police ne surveillait que pour éviter qu'ils n'entrent en contact avec la ville.

V suivit Lisa jusqu'à ce qu'elle se stoppe devant un large amas de détritus en tous genres. C'était sale, ça sentait encore plus fort que le reste du bidonville et le jeune androïde était prêt à parier que des animaux vivaient et déféquaient dans le coin. Certains devaient même y être morts d'ailleurs...

« C'est plus ou moins la décharge ici, dit LIsa, et aussi étrange que ça puisse paraître, les autorités ont décidé de ne pas surveiller cette zone alors qu'ils savent qu'il y a du passage ici. On a juste à la traverser, à passer deux ou trois rues de plus, et ensuite on sera chez moi. Ça te va ?

- Je te suis.

- Par contre fais attention, certains trucs sont vraiment dégueu, d'autres glissent et d'autres encore sont pointus et tu risques d'attraper une maladie grave si tu te blesses avec.

- Euh...

- Pff, suis-je bête : j'imagine que vous avez des vaccins à la ville, vous, dit-elle d'un ton plus sombre avant de commencer à escalader.

- Tu... tu as perdu quelqu'un à qui tu tenais... enfin, si ce n'est pas trop indiscret. »

Lisa s'arrêta avant de pousser un long soupir. Elle ne reprit qu'après de longues secondes son chemin, V sur ses talons. Son expression avait changé, elle semblait nostalgique et l'espace d'un instant, alors qu'il l'avait rattrapée pour continuer à avancer à côté d'elle, V crut remarquer que les yeux de la jeune fille étaient brillants, comme si elle allait pleurer.

« J'ai perdu ma mère jeune, raconta enfin Lisa en brisant ainsi le silence de cette heure matinale, j'avais trois ou quatre ans. Mon père s'est retrouvé quelqu'un, une femme absolument adorable qui m'a aidée à surmonter la douleur de cette perte. Elle m'a consolée sans jamais chercher à la remplacer. Cette femme avait deux enfants que j'ai fini par considérer véritablement comme mon frère et ma sœur. Eux aussi ils étaient très gentils avec moi. Il y avait Jennie, celle que j'appelle aujourd'hui « sœur », et puis... et puis il y avait mon frère... Il s'appelait Myungsoo, et c'était sans aucun doute le garçon le plus gentil que j'aie jamais connu. On jouait beaucoup ensemble, on s'amusait vraiment bien et je lui avais même dit qu'un jour, je me marierais avec lui. »

Elle étouffa un éclat de rire nostalgique avant de reprendre :

« C'était il y a environ dix ans, j'avais sept ou huit ans à l'époque : on jouait et Myungsoo s'est blessé avec une plaque de taule. C'était rien de grave, une simple égratignure... du moins c'était ce qu'on croyait. On a continué de jouer dehors dans la terre. On était con, mais que veux-tu, on n'a pas de médecin ici, on doit faire avec les moyens du bord et avec ce que les oubliés savent de la médecine. Le tétanos l'a foudroyé, on n'a su ce que c'était que quand ça avait été trop tard pour le sauver. Il était un peu plus vieux que moi : il est mort à douze ans. C'est dingue le nombre de personnes qui meurent chaque jour ici. »

Obsolescence programmée [KookV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant