Chapitre 17

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Les paupières du brun papillonnèrent tandis que V poursuivait son agréable massage, et lorsqu'enfin il trouva la force de parler, ce fut seulement pour lui demander de rester dormir avec lui d'une voix faible.

« Oui, bien sûr, souffla doucement V, je resterai.

- Merci... »

Apaisé, Jungkook s'autorisa alors à fermer complètement les yeux, laissant l'ombre l'envelopper tandis que V poursuivait son agréable massage. Sentir ses mains chaudes lui frictionner si parfaitement le dos l'amena inévitablement jusque dans les bras de Morphée qui se chargea de le guider jusqu'au plus profond des sommeils. Sa respiration ralentit, ton son être se détendit, et la dernière chose qu'il perçut autour de lui, ce fut le mouvement de V qui adoucit ses gestes jusqu'à en faire des caresses, avant de se coucher contre lui.

Il s'endormit dans les secondes qui suivirent, incapable de rester connecté avec la réalité.

« V... »

Cela ne fut qu'un mot, un souffle, à peine un murmure. Jungkook ouvrit les yeux lentement sans se souvenir de quoi il avait rêvé. Une seule chose était sûre : il avait besoin de réconfort, il voulait son robot à ses côtés. Et par chance, quand il ouvrit les yeux, ce fut pour voir V près de lui ouvrir les siens doucement. Tous deux étaient sur le flanc, et inconsciemment Jungkook l'avait pris dans ses bras.

V posa la main sur son front et la glissa dans ses cheveux, les caressant comme pour le rassurer.

« Jungkook, ton activité cérébrale et le rythme de ton cœur indiquent que tu as fait un cauchemar.

- Comment tu peux savoir mon activité cérébrale ?

- À l'aide des micro-capteurs sur mes mains.

- Bordel c'est flippant...

- Les chefs d'entreprises sont souvent amenés à travailler bien trop longtemps pour un être humain normalement constitué. Je dois pouvoir savoir quand tu es surmené, et cela passe par l'activité cérébrale qui, dans ce cas, est modifiée par le manque de sommeil. »

Jungkook voulut se défaire de l'étreinte du robot et prendre un peu de distance, néanmoins V l'en empêcha, le gardant contre lui.

« Tu n'es pas encore calme, Jungkook, indiqua-t-il. Tu ferais mieux de ne pas bouger. »

Le jeune homme sentait bien que son cœur faisait des siennes, mais il ignorait quel cauchemar il avait bien pu faire. Ces derniers temps, il s'inquiétait beaucoup pour V, c'était probablement pour ça qu'il était venu se nicher dans ses bras et l'avait appelé avant même d'ouvrir les yeux. Il avait besoin de lui, il ne voulait pas le perdre.

Sans s'en rendre compte, il serra un peu plus fort contre lui le robot qui lui rendit son étreinte, une main dans ses cheveux bruns, l'autre dans son dos toujours nu. Jungkook blottit son visage dans son cou. Il se sentait comme découvert, faible alors qu'il tentait toujours de se montrer fort. Devoir dissimuler qui il était au monde entier n'était jamais facile. Il devait aimer son travail, il devait aimer les femmes, il devait être confiant et fort, il devait ne se passionner que pour les « choses de riches » comme il aimait à appeler ça.

Mais ça... ce n'était pas lui. Tout n'était que mensonges, de belles paroles pour sembler parfait. Parce que Jungkook avait peur, atrocement peur. Parce que quiconque était différent était menacé d'être envoyé aux bidonvilles, rayés des registres de citoyenneté. Plus le temps passait et plus les règles se durcissaient : d'abord, seuls les incapables avaient été envoyés hors des villes. Puis on avait considéré que les handicapés les plus sévères ne méritaient plus d'être aidés sans rendre service à la société en retour, alors peu à peu, eux aussi avaient dû partir - ça datait d'une loi mise en vigueur une quinzaine d'années plus tôt. La loi s'était élargie à de nombreuses maladies, les hôpitaux s'étaient peu à peu vidés.

Obsolescence programmée [KookV]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant