I dare you

Une passion évanouie

Austin

- Attends quoi ?! Tu as parlé de moi avec la psy ?
- Non, c'est elle qui a commencé à parler de toi, elle désespèrait de te revoir un jour dans son bureau.
Je fis la moue, c'est vrai que j'avais du louper deux ou trois rendez-vous, mais rien de bien grave.
- Austin, je rigole pas c'est important. Elle dit que si tu arrêtes de la voir, elle ne pourra te couvrir auprès du directeur.
- Et alors ?dis-je en levant un sourcil.
- Et alors c'est tout ce que ça te fait ? Tu pourrais te faire virer. Mais bon, elle a une solution qui pourrait t'aider, tu arrêterais d'aller la voir mais ...
- Qu'est ce qu'elle veut que je fasse ? fis-je dépité.
Elle sourit et hocha la tête.
- Elle veut que tu t'implique dans une activité.
- Une activité, elle croit que j'ai quatre ans ? Elle veut que je fasse quoi ? de la pâte à modelé ?
Ally rit mais redevint soudain sérieuse.
- Arrêtes de faire l'idiot deux minutes, elle pensait plutôt au journal de l'école, ou à l'équipe de football ...
- Pour devoir supporter ton connard d'ex comme capitaine ? Hors de question.
Elle sourit.
- Je me doutais que tu ne serais pas fan de ces options. C'est pour ça que j'ai pensé à autre chose.
- Une autre option ? demandais-je en haissant un sourcil.
- Oui, il y'a un club d'art je me dirais que ça t'intéresserait.
Je haussais un sourcil.
- Pourquoi ça m'intéresserait ?
- J'ai vu tes dessins, tu es doué, je pensais que tu serais plus enjoué que ça, elle semblait vexée que je n'apprécie pas son idée.
- C'est pas ça ... c'est juste. Je ne dessine plus autant qu'avant. J'ai ... j'ai perdu l'envie c'est tout.
Dans ma tête repassait en boucle, le corps inanimée de Mme Jensen au milieu d'une flaque écarlate sur le sol de ma cuisine.
Je fermais les yeux pour chasser ses mauvais souvenirs.
- Ça va ? s'inquiéta Ally, en posant une main sur mon épaule.
- Oui, oui ne t'inquiète pas, la rassurais-je.
- Si tu le dis, fit-elle peu convaincue.
Peut être devrais-je lui dire après tout. Mais la dernière chose que je voulais c'est qu'elle éprouve de la pitié pour moi.
- Mon père n'a jamais aimé que je dessine, il ne trouvait pas ça assez virile, à la place il m'a inscrit à la boxe, avouais-je.
- C'est ... les combats c'est pour lui ?
Non ! Enfin ... ce n'est pas comme si je voulais mais ... j'ai toute cette colère en moi de toute manière et je fais aussi ça pour l'argent.
- Il voulait que je m'endurcisse, je me suis endurci, en fait j'ai accepté dans l'unique but de pouvoir riposter et défendre ma mère la prochaine qu'il aurait encore un peu abusé sur la bouteille.
- Et tu as riposté ?
- Oui, un jour, j'ai même failli le tuer.
- Mais tu ne l'as pas fait ... pourquoi ?
Pourquoi ? A vrai dire, je voulais le faire, j'étais prêt à tuer l'homme qui est à l'origine de tous mes cauchemars mais j'ai été arrêté dans mon élan.
L'aurais fait sinon ? Aurais-je été capable de lui ôter la vie ?
- Les flics sont intervenus et l'ont embarqué, s'ils n'étaient pas arrivés à temps, je ... je ne sais pas ce qui ce serait passé.
- Oh ...
- Ouais ... Tu as ... genre peur de moi maintenant ? fis-je, un peu effrayé de ce qu'elle pouvait penser de moi.
- Non ! Non bien sur que non.
Entendre ses mots prononcés avec tant de conviction me rassurèrent.
- Tu veux bien me raconter ce qu'il s'est passé ce jour là ?
Ally est très curieuse, je l'en avais souvent détesté pour ça au début mais je me devais d'être honnête avec elle parce qu'elle méritait la vérité.
- Mon ancienne prof d'art plastique n'était pad dupe, elle avait vu mes bleus, tout le monde d'ailleurs les avaient vu mais disons qu'elle avait été la seule à s'en soucier. Elle avait d'abord voulu m'en parler seul à seul, comme un gros con, je l'ai envoyé boulé ... Mais elle n'a pas abandonné, elle a pris rendez vous avec mes parents. Ça a complètement foutu mon père en rogne, ce soir là je me suis pris une bonne raclée d'ailleurs.
Je voyais un sourire douloureux se formait sur son visage.
- Mais ils ne se sont pas pointées au rendez vous. Et puis ... ce jour là, elle a décidé de venir directement chez nous. Si seulement elle s'était juste mêlé de ses affaires ... Je ... je ne sais pas exactement ce qui c'est passé, mais j'ai entendu des cris et un coup de feu. Je l'ai trouvé, allongé dans le salon, une flaque de sang commençait déjà à s'écoulait en dessous d'elle. Mon putain de père l'avait tuée, de sang froid. Après, je me suis jeté sur lui, et ... enfin tu sais que je voulais le tuer mais les voisins avaient du entendre des cris et le coup de feu, alors ils ont appelé la police. C'est quand même fous de se dire, que ces gens là, savaient depuis très longtemps ce qui se passait chez nous, mais qu'il est attendu qu'il y ait un coup de feu pour appeler les flics ...
Après qu'ils m'ai écarté de mon père, je ne l'ai plus jamais revu qu'à son procès. Il a pris perpétuité pour meurtre sans préméditation et violence conjugale.
- C'est ... je savais que tu avais vécu beaucoup de choses mais j'étais loin de m'imaginer ...
Sa lèvre supérieure commençait à trembler, signe qu'elle allait pleurer.
Je détester voir une fille pleurer et encore plus Allyana, par ma faute.
Je la pris doucement dans mes bras et espérant la voir sourire je lui murmurais.
- Je vais la prendre, ta foutue option art plastique pour que cette mégère aux cheveux rouges arrête de me prendre la tête et se mêle de son cul. Tu sais quoi,  je lui dessinerais même un portrait de moi lui faisant un doigt pour qu'elle puisse l'accrocher dans sa salle d'attente.
Elle rit.
C'était le plus beau son au monde.