Saisons

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Printemps.

C'était un jeu de regard, une baston d'œillades indiscrètes, des coups d'oeil désireux et dévastateurs.
C'était des gestes déplacés mais cachés, des pensées trop explicites, des rêves trop intimes.
C'était une attirance sexuelle, physique, psychologique, mentale. Une attraction tellement forte qu'elle menaçait d'exploser.

C'était deux gars, dans le même lycée, pas dans la même classe. C'était deux gars qui traînaient ensemble par moment, qui parlaient quand ils le pouvaient, qui se désiraient depuis toujours.
C'était deux gars à ressemblance contraire et qui allaient si bien ensemble pourtant.

Newt était blond, des yeux noirs comme l'ébène et possédait un sourire en coin plus érotiques qu'un film porno.
Thomas était brun, des yeux caramels et mielleux, et possédait des tâches de rousseurs plus attractives que n'importe quels desserts disponibles sur Terre.

Newt et Thomas de croisaient tous les jours, se désiraient toutes les nuits, se rêvaient mutuellement dans leurs lits le soir comme en classe la journée. Ils n'avaient qu'une envie, finir ensemble, se sauter dessus, satisfaire cette envie qui les prenaient, ce désir qu'il y avait entre eux, cette tension sexuelle qui menaçait d'exploser.
Ils n'avaient qu'une envie, sortir au cinéma, à la patinoire, au bowling ensemble, boire un café yeux dans les yeux, regarder un film blottis l'un contre l'autre, dormir cœurs contre corps dans un grand lit deux places.

Ils n'avaient qu'une envie : se mettre en couple et faire éclater la tension.

Été.

C'était des balades amoureuses main dans la main, des baisers doux et fougueux, dégoulinant d'amour ou de désir. C'était des sorties en cachette tard dans la nuit pour rejoindre l'autre et se réveiller le matin dans ses bras. C'était des regards trop prononcés et des gestes explicites dans les couloirs du lycée, des caresses discrètes à la cantine.
C'était des parties de jambes en l'air incroyables, des soirées ciné interminables blottis l'un contre l'autre, des recettes de cuisines sans arrêt loupées à cause d'un trop plein de baisers.

C'était de l'amour pur et dur, une tension explosée à jamais, des pulsions sexuelles incontrôlables.
Des baisers fiévreux, enivrés, langoureux, comme doux, poétiques, simples et caressants.

C'était un amour fière et heureux, épanouie et calme.

Newt aimait tout chez Thomas, que ce soit son sourire bancal quand il le complimente, carnassier quand il lui mord le cou, doux et aguicheur quand il lui dit je t'aime. Que ce soit ses cheveux en bataille le matin, bien coiffé quand il va faire sa demande de stage, dans le vent quand ils sillonnent la ville en moto. Que ce soit ses yeux remplis de larmes de joie devant un épisode de Friends, illuminés comme la nuit étoilé quand il lui souffle à quel point il est amoureux de lui, dilaté par le désir quand il descend ses mains trop bas.

Thomas aime tout chez Newt. Ses yeux, son corps, son amour, sa gentillesse, sa domination, sa timidité, sa douceur, son entêtement, ses cheveux, ses envies, ses ambitions, ses pensées, ses rêves, ses grandes mains, son sourire, son rire, son tout.
Il aimait déjà tout ça avant d'être en couple avec lui, il aime tout et aimera tout dans les années qui suivront. Il lui appartient et vice-versa.

Pour l'éternité.

Automne.

C'était une lassitude, un doute ambiant, quelques disputes et pas mal de mensonges. C'était des baisers moins fiévreux, des mains qui s'attrapent mécaniquement, des conversations monotones, une routine installée.

C'était des regards qui dérivaient sur d'autres personnes, un désir légèrement effacé, une envie satisfaite. C'était des soupirs d'énervements, de lassitude, de monotonie.

Thomas aimait Newt et vice-versa. Newt était passionné de Thomas et vice-versa. Mais Thomas ne sentait plus cette même attraction qu'ils avaient avant, cette sensation de plénitude et de chance à chaque baisers, ces frissons sous chaque touchés.
Mais Newt n'avait plus forcement envie de sauter sur Thomas quand il sortait de la douche, il en avait parfois marre de lui faire son café le matin, il sortait de plus en plus le soir pour éviter cette routine qui les blessait tous les deux.

Ils s'aimaient. C'était sûr et certain. Et voir cette sensation de répétition s'installer au sein de leur couple, ils ne le supportaient plus. Il n'y avait plus de surprise quand ils s'embrassaient, plus de libido active quand des mains descendaient trop bas, plus de sourire en voyant l'un ou l'autre à ses côtés le matin.

Thomas s'énervait dès que Newt rentrait trop tard le soir. Newt grognait quand Thomas oubliait de fermer la porte de leur appartement avant de partir à son job. Thomas criait parfois quand Newt lui reprochait de ne pas savoir faire à manger. Newt soupirait fortement quand Thomas mettait son épisode de Friends pour la 12453ème fois depuis qu'ils se connaissent.

Thomas aimait Newt mais ne pouvait plus continuer. Newt aimait Thomas mais cette situation était insupportable et insurmontable.

Hiver.

C'était des cartons qui remplissaient l'entrée, des larmes inondant les joues déjà bien mouillées, des reproches de plus en plus dures à entendre.
C'était des regards froids, des mains qui ne pouvaient plus de toucher, des lèvres qui ne voulaient plus s'attraper.

C'était des fautes, des erreurs, des doutes, qui mis bout à bout formait une bulle de colère. C'était une fille, c'était une nuit. C'était la goute d'eau faisant déborder la vase. À quoi bon vivre d'amour et d'eau fraîche si à un moment la cruche est pleine ?

Newt n'arrivait pas à calmer son énervement. Thomas n'arrivait pas à calmer sa tristesse. Une porte les séparait désormais.
C'était un carton dans les bras de l'un, les clés de leur appartement dans les mains de l'autre. C'était deux garçons face à face, regardant à travers leurs yeux brillants les vestiges de leur amour. C'était des gorges nouées, une dernière poignée de main d'adieu, une poignée de main qui dura plus longtemps que prévu à cause des tremblements. C'était une décision commune. C'était de longues séances de discussions, d'explications, d'excuses, de larmes et de cris.

Quand ils faisaient l'amour, quand ils s'embrassaient, se chamaillaient, se tenaient la main dans la rue, buvaient un café le matin, se réveillaient l'un à côté de l'autre, se souriaient mutuellement, leurs cœurs se faisant reflets à travers le miroir de l'amour. Tout ça n'était que ruines de leur passé à présent.

C'était une belle histoire. C'était leur histoire. Et même si ça déchirait, même si ça faisait mal, et nous brûlait de l'intérieur, rien n'est infinis.

C'était leurs derniers contacts. La dernière fois qu'ils se verraient. Avant de retrouver le printemps chacun de leur côté. Et peut-être que ce printemps-là durerait toute leur vie.

OS Newtmas Où les histoires vivent. Découvrez maintenant