– Jenifer ?
– Dégage, Kai.
Le maître du feu secoua la tête, bien qu'elle ne pût pas le voir étant dos à lui. Il s'approcha de la jeune fille qui était assise au bord du port, les jambes se balançant dans le vide qui séparait ses semelles de l'eau verte et salée. Il remarqua qu'elle avait gardé son sweat-shirt gris. N'avait-elle pas chaud ainsi ? Il s'assit à côté d'elle en douceur.
– Je t'ai dit de partir, lança-t-elle d'une voix rauque.
Elle avait pleuré. Ses yeux rougis la trahissaient. Cela donna encore moins envie à Kai de la laisser seule.
– Je voulais m'excuser, dit-il.
– Génial, j'en suis ravie.
Malgré la froideur de son ton, Kai réprima un léger sourire. Il venait de découvrir une nouvelle facette de Jenifer, celle sarcastique.
Elle passa la manche de son sweat sur ses yeux avec une certaine fureur tandis que Kai reprit :
– Je n'avais pas à te mettre la pression comme ça. Si j'avais su que c'était ça, je n'aurais même pas lancer le sujet et...
– Comment tu aurais pu savoir ?
Kai eut un moment de pause, surpris. Il se mit à chercher ses mots, mais ils ne venaient pas. Heureusement pour lui, Jenifer reprit la parole.
– Tu n'as pas à t'excuser, c'est ma faute. J'aurais dû vous en parler, être franche avec vous.
– Ne dis pas ça. Ce ne doit pas être facile et je comprends que tu aies voulu garder ça pour toi, Jay... nifer.
Jenifer ne sembla pas remarquer le lapsus qui venait de faire rougir Kai jusqu'aux oreilles.
– Si, comme ça vous aurez su tout de suite que... que je n'étais pas... qu'il ne fallait pas rester avec moi, je... je suis une meurtrière.
Elle essuya rageusement de nouvelles larmes, comme si elle s'interdisait de pleurer. Presque instinctivement, Kai posa une main sur l'épaule de la jeune fille. Elle tressaillit mais ne le repoussa pas. Kai vit cela d'un bon œil ; il avait bien compris qu'elle avait du mal avec les contacts physiques.
– Ecoute Jenifer. Je ne te connais peut-être pas beaucoup, mais je suis sûre d'une chose : tu es quelqu'un de formidable. Tu es forte, courageuse, déterminée... une vraie battante. Et la vie t'a mise à l'épreuve. Et tu as surmonté les obstacles. Tu t'es battu. Tu n'es pas une meurtrière. Non mais sérieusement, tu penses vraiment qu'on va te croire ! T'as vu ta tête ? On dirait une militante qui se mettrait à hurler à la moindre mouche écrasée !
Cela eut le mérite de la faire rire. Une petite fossette jusque-là invisible se creusa dans sa joue gauche, juste en dessous de ses quelques tâches de rousseurs. Quand son rire retomba, elle garda les yeux rivés sur l'horizon.
– Léo était mon frère jumeau. On partageait plein de trucs. C'était la bienveillance incarnée et, à côté de moi, le mec le plus droit que j'ai jamais vu. Il a découvert ses pouvoirs élémentaires trois mois après moi. Je ne te dis pas comme il était frustré au début quand il pensait que j'étais la seule à en avoir : ça le rendait dingue, même s'il ne l'aurait jamais avoué à voix haute. A l'époque, on avait douze ans. Oulalah je parle comme une vieille ça craint !
Kai eut un petit rire et lui lança un regard pour la pousser à continuer son récit.
– On ne savait pas d'où ils venaient, nos pouvoirs. Alors, on n'en a pas parlé à notre père. Il était si occupé... il était censé diriger une prestigieuse école de danse et de chant.
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𝟛 • Lᴀ Dɪᴍᴇɴsɪᴏɴ ᴅᴇs Tᴇ́ɴᴇ̀ʙʀᴇs
أدب الهواة• Suite de "Le Pacte Élémentaire"• Pour elle, ce n'était d'abord qu'une impression. Puis vint un chuchotement, un souffle, un ressentit. Pour lui, ce n'était au début qu'un mauvais présentiment. Puis arrivèrent les doutes, les crise...