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PDV Eijiro :

Le costume était beaucoup trop bizarre. C'était un genre de version remixée de la tenue du petit chaperon rouge, une longue cape couleur sang surmontée d'un capuchon, un pantalon de toile noir et un haut basique sur lequel reposaient une grande sacoche vide.

Elle était destinée au nombre incroyable de bonbons que moi et Katsuki allions nous ramasser. Enfin, du moins je l'espérais. Le blond avait été extrêmement vague concernant cette fameuse soirée Halloween, il avait parlé de sortir, de déguisement, de sucreries à la clé. Mais il y avait un problème, un doute qui persistait dans un coin de ma tête. Je décidai de le mettre de côté et de profiter du moment, aussi je saisis mon portable pour appeler le cendré.

J'avais envie d'entendre sa voix. J'avais besoin de ce son puissant et presque rauque émanant de ses cordes vocales. C'était devenu ma drogue, mon moyen de sourire et d'arrêter de penser.

Car quand je n'étais pas avec Katsuki, je pensais, et je pensais à lui. Je m'imaginais des façons de me rapprocher de lui, d'être plus important à ses yeux. Et en même temps je pensais à toutes les gaffes débiles que j'avais faites et qui auraient dû lui mettre la puce à l'oreille. Les rougissements permanents dès qu'il me fixait trop longtemps, le besoin parfois étrange de rechercher son contact. Je me rendais bien compte que mon comportement changeait progressivement, mais je n'arrivais pas à faire semblant. Faire semblant de ne pas le trouver magnifique, ignorer le désir qui grandissait en moi chaque fois qu'il souriait.

Bon dieu, je voudrais tellement accaparer ses lèvres qui me tournaient la tête au moindre mot, au moindre soupir.

Mais il ne se rendait compte de rien, il ne voyait rien du tout ou alors il se voilait totalement la face. Lorsque nous étions allés dans un parc d'attraction ensemble, il était tellement tremblant que je lui avais prêté mon pull, aurais-je fait cela avec un simple ami ? J'aimais aider et encore plus mes amis, mais je n'allais pas faire cela juste par camaraderie. Je l'avais fait pour le regarder porter mon pull comme dans les films débiles à l'eau de rose, je l'avais fait pour retrouver son odeur au moment où il me le rendrait. Je l'avais fait parce que j'espérais que ça lui ferait quelque chose de voir que je m'inquiétais pour lui. Mais non. Monsieur Katsuki Bakugou préférait me taxer des crêpes toute la semaine et oublier ma façon d'agir dans des fous rires.

Je savais que cela prenait du temps, et j'acceptais avec joie ce délai imposé dans la création d'une relation. Je pouvais ainsi mieux le connaître, le découvrir et le retrouver encore au son de sa voix magnifique. Mais cela me rongeait comme un manque trop grand.

Si j'étais porté par l'hyperbole, je dirais que j'étais salement amoureux. Mais la vérité était plus complexe, je me sentais porté par un désir, voire un besoin, de sentir proche et de l'entendre. J'en finissais par croire, telle une collégienne en manque d'amour, à l'idée des âmes-sœurs.

Je tentai de me tirer de ma rêverie en pianotant le nom du blond sur le clavier. Après quelques sonneries, mon ami décrocha.

- Eijiro ?

- Ouais je suis prêt t'es où ?

- Devant chez toi. Descend on y va direct.

- Mais où ça ??

Seul le bip indiquant la fin de la conversation me répondît. Je dévalai les marches des escaliers de la grande demeure pour mieux arriver à l'entrée où... Katsuki affublé d'oreilles de chien attendait avec une blonde déguisée en sorcière.

- Mais !? Putain Katsuki c'est quoi ça ?

- Bah c'est mon costume, t'as pas fait beaucoup d'efforts sur le tien par contre.

Eux, Nous, Ce Monde de Merde [KiriBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant