Pdv Katsuki :
Les passants me bousculaient d'un pas pressé. Pour les éviter mais aussi pour récupérer un brin de chaleur je me rapprochai des tables en terrasse du café, me frottant les mains pour les empêcher de geler. J'avais de l'avance. En fait j'en avais même beaucoup, et le froid me faisait moins trembler que l'appréhension qui me parcourait depuis ce matin. S'il ne s'agissait que de revoir de bons amis dans un café je n'aurais rien eu à craindre. Mais la situation était toute autre...
Un léger coup sur mon épaule me fit sursauter si fort que je percutai une chaise à côté de moi. Denki leva les mains au dessus des épaules comme s'il s'attendait à ce que je le frappe, ce que j'aurais peut-être fait si je n'étais pas trop occupé à remettre mon pauvre coeur en place.
- Non mais t'es pas bien ?!
- Pardon ! Si j'avais su que tu réagirais comme un parano je me serais abstenu.
Je lui administrai une claque sur la tête pour lui rappeler que le parano pouvait aussi se venger. Il se frotta le crâne en souriant avant de redevenir plus sérieux.
- T'es en panique c'est ça ?
- Non Captain obvious, je pète la forme là...
Il se contenta d'un signe de tête pour toute réponse, m'invitant à continuer. Depuis la naissance de Naraku Denki était devenu un confident que la distance n'avait pas éloigné un seul instant. Son coup d'éclat à l'hôpital avait vraiment changé quelque chose entre nous. Je m'étais forcé à m'ouvrir un peu plus et à poser des mots sur ce que je vivais. Ainsi il avait été le seul témoin de ma peur de ne pas réussir, de mes remords et de cette sensation d'être toujours suivi par l'ombre grandissante de mon enfant. Aujourd'hui encore c'était lui qui me poussait à parler :
- Je croyais que les revoir c'était qu'une question de courage, une manière de mettre un terme à tout ça, de se dire au revoir. Je ne pensais pas qu'Eijiro puisse envisager de me laisser une place dans leur vie, et moi... Je voulais tenir ma promesse et être pardonné, la suite m'importait peu.
J'eus un léger soupir, le temps de former des phrases cohérentes à partir du bordel qui se produisait dans mon esprit depuis le début de la semaine.
- Mais quand je les ai vus, surtout Naraku, j'ai compris que j'avais tout faux. J'avais envie qu'il me voie un peu plus comme son père et moins comme un connard, qu'il soit fier de moi. Je voulais le voir grandir pour rattraper toutes les années où je n'ai fait que l'imaginer. Bref... j'avais envie de vivre avec eux et pas à côté d'eux.
Il me fit un grand sourire d'encouragement qui m'agaçait toujours autant qu'il me rassurait, il n'avait pas besoin de me féliciter à chaque fois que je me confiais à lui.
- Et Eijiro ?
Nous décidâmes à demi-mots d'entrer dans le café parce que nous mourrions de froid et que Shoto venait d'envoyer un message comme quoi il serait en retard et qu'il valait mieux ne pas l'attendre. Je tirai ma chaise et y déposai mon manteau pour me donner le temps de réfléchir à sa dernière question, encore plus épineuse.
- Je sais pas, ça se voit comme le nez au milieu de la figure qu'il m'en veut malgré tout je suis sincèrement content de le revoir, mais...
Je m'interrompis pour congédier le serveur, le prévenant du même coup que trois autres personnes arrivaient. La diversion ne fonctionna pas un seul instant et le blond me lança un regard insistant.
- Mais ?
- Mais disons que je m'attendais à ressentir plus de choses. Je ne l'ai jamais oublié et j'ai évidemment été ramené en arrière en le voyant, et malgré ça il semblait changé, pas physiquement mais pour tout le reste...
VOUS LISEZ
Eux, Nous, Ce Monde de Merde [KiriBaku]
Hayran KurguKatsuki est un génie, un bon élève. Il s'est hissé comme boursier dans la plus grande école de son pays, essentiellement composée d'alphas. Il a de grandes ambitions, un rêve d'enfant le pousse à croire qu'il pourra s'élever au dessus de sa conditio...