III

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PDV Eijiro :

- POTATOOOOOOO !!!

Le cri de Denki accompagna la fin de cette matinée de cours. Tout le monde se précipita à la cantine, le blond en tête, et pour cause : les frites promises pour le dernier jour avant les vacances allaient vite disparaître sous une masse d'élèves affamés. Je suivis Kyouka et Katsuki en abandonnant Shoto qui rangeait ses affaires à deux à l'heure, et pourtant dieu savait qu'il essayait de se dépêcher.

- Faut qu'on se grouille, la queue va être énorme sinon.

- On fait ce qu'on peut écoute, de toute façon Denki nous gardera des places.

- Ça changera rien à l'attente dans le froid.

Le temps était en effet très frisquet pour une matinée de juin. Kyouka et moi nous étions fait avoir par la météo et regrettions d'avoir ignoré nos vestes. Katsuki, à l'inverse, portait un grand cardigan noir qu'il laissait ouvert négligemment.

Bien qu'il traîne assez souvent avec nous, j'avais le sentiment qu'il était aussi distant que Shoto, voire plus. Je me rendais bien compte qu'à part des insultes, il ne disait pas grand chose de lui. Et même si en un mois, je connaissais toutes les petites manies de Kyouka et les blagues recyclées de Denki, je ne savais que très peu de chose sur le blond cendré.

Nous arrivâmes devant la queue déjà immensément grande de la cantine. Personne n'y mangeait jamais à cause des horaires mal foutues, et pourtant aujourd'hui, comme par hasard, elle était bondée. Il fallait croire que la phrase préférée de l'électrique était vraie : « Les élèves réfléchissent avec leur ventre. »

Nous fûmes bousculés par la masse humaine qui recula d'un coup. La petite jeune fille au carré violet faillit se faire écraser à plusieurs reprises. Les surveillantes de la cantine devaient sûrement essayer de contrôler le flux d'ados à jeun qui leur tombait dessus.

- Tch... Ils peuvent pas aller se faire foutre les pions ?

Le cendré venait de prononcer cette phrase en repoussant un énième élève refoulé vers l'arrière. Il affichait une mine irritée, ses yeux couleur sang semblaient fusiller la petite tête ronde du surveillant le plus proche. Cela ne m'empêchait pas de le trouver beau.

Car oui, je l'admettais, en temps qu'ami, je trouvais Katsuki beau. Pas d'une beauté extraordinaire. Mais tout de même. Il avait quelque chose dans le tracé de son nez fin, dans le froncé de ses sourcils, dans sa nuque courbée, que j'admirais mais que je ne pouvais pas décrire.

- MAIS PUTAIN AVANCEZ MERDE, J'AI PAS VOTRE TEMPS !!

Par contre il avait vraiment un caractère pourri.

- MAIS BORDEL TU VOIS BIEN QUE C'EST TON TOUR !

Quelques minutes après cette belle injure, nous entrâmes dans le réfectoire. Notre amie haute comme trois pommes bavait littéralement sur les montagnes de patates prévues pour les étudiants morts de faim. Nous fûmes généreusement servis en frites et reçûmes à côté un poisson bizarre à l'odeur peu aguicheuse. J'étais sur qu'ils tentaient de nous refiler leur horreur avariée en profitant de la ruée sur les pomme de terres. Je ne leur fis pas la joie de le manger. Dès que je fus assis, je poussai le pavé immonde au bord de mon assiette. Denki parut choqué.

- Tu manges pas ton cabillaud ?

- Bah non... c'est degueulasse tu vois bien.

Je remarquai alors que le blond aux allures de pokemon foudre avait quasiment fini son assiette et que des restes de la sauce accompagnant l'immondice demeuraient sur le bord.

Eux, Nous, Ce Monde de Merde [KiriBaku]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant