1] Chapitre 13 : Prendre la fuite.

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Finalement, Nick n'avait pas eu besoin de partir à la recherche de son beau-fils pour le ramener à la maison, il avait finit par rentrer de lui-même.

Le jour suivant celui où Derek avait tenté de lui parler par message, il avait simplement passé la porte, son sac à la main, comme s'il n'était jamais partie. Comme s'il ne s'était jamais rien passé, et qu'il rentrait d'une longue journée de lycée.

Pourtant ce qu'il s'était passé, s'était passé et aucun d'entre eux ne pouvaient l'oublier.

Alors Alex était là, trois paires d'yeux le dévisageant comme s'il n'était rien d'autre qu'un étranger. Ce qu'il, au fond, était peut-être.

Nick avait un léger sourire aux coins des lèvres.
Les yeux d'Annabelle brillaient d'appréhension.
Et sa mère semblait chercher ses mots.

Des mots qui si -elle le craignait- étaient mal choisis, risquaient de le faire exploser. Comme s'il n'était rien d'autre qu'une bombe à retardement. Avait-elle peur de lui? Son propre fils? À la manière dont elle triturait ses doigts et évitait son regard, il semblerait que ce soit le cas.

-Alex, viens s'il te plaît. Il faut qu'on ait une discussion. Déclara t'elle d'une voix qui se voulait assurée.

Il observa sa mère quelques secondes avant de lâcher son sac et de s'avancer de quelques pas. Il s'appuya contre la chambranle, les bras croisés contre son torse, de manière à rester éloigné de cette famille qui semblait n'avoir jamais été la sienne.

Le regard désarçonnant de son fils poussa Catherine à commencer par ce qu'elle aurait dû aborder en dernier.

-Je pense que tu devrais parler à quelqu'un.

Alex fronça les sourcils alors que son regard se noircit.

-Parler à quelqu'un?

-Oui. À un psychologue, j'entends. reprit Catherine.

Alex décroisa les bras alors qu'il se tendit comme un arc.

-Je ne suis pas fou. Cracha t-il.

-Aller voir un psychologue ne fait pas... Tenta Annabelle avant d'être brusquement interrompu.

-Non! Toi, tu fermes ta bouche! Hurla Alex, si fort qu'Annabelle en sursauta.

Le regard dont l'accusa Alex la figea sur place. Jamais il ne l'avait regardé ainsi. Jamais elle n'avait vu autant de rage dans ses yeux... rage qui lui était entièrement destinée. Pas même lorsqu'elle avait avoué à ses parents l'un de ses plus gros secrets.

-Pourquoi je devrais aller voir un psy, maman? Reprit-il plus bas, bien qu'il soit toujours aussi en colère.

Nick prenait sur lui pour ne pas intervenir.
Alex avait besoin d'évacuer et il sentait que certaines choses avaient besoin d'être dites.
Catherine se racla la gorge, tentant de reprendre contenance.

-Parce que parler te ferait du bien, et étant donné que tu ne sembles pas pouvoir le faire avec moi ou avec...

-Pourquoi je ne peux pas te parler, d'après toi? L'interrompit-il.

Catherine fronça les sourcils. Elle n'aimait pas la tournure que prenait la conversation. Aucun d'eux ne l'aimait. Probablement parce que tout le monde savait que cela ferait beaucoup de mal.

-Pourquoi, maman? Dis-le moi! Pourquoi je n'arrive pas à me confier à toi? S'écria t-il, la faisant sursauter.

-Parce que tu es compliqué! Tu l'as toujours été! S'écria t-elle aussitôt alors qu'elle se relevait brusquement.

Annabelle ferma les yeux pour que ses larmes restent invisibles.

-Pourquoi? P... Cette fois, ce fut Alex qui fut brusquement interrompu.

-Parce que tout ce que je vois quand je te regarde, c'est lui!

Si Alex et Catherine le savaient depuis toujours, Nick et Annabelle eux, ne s'y attendaient pas.

-Nous y voilà, maman! Tu me détestes parce que c'est plus facile de m'en vouloir à moi plutôt qu'à toi! Pourtant tu sais que je n'y suis pour rien, c'est toi qui l'a choisi, pas moi! Et par ta faute, j'ai eu ce genre de père et par ta faute, je suis son exact copie! Pourtant maintenant c'est moi qu'on regarde comme si j'étais un monstre!

Catherine n'avait rien à redire. Elle avait la gorge nouée tant ses mots étaient difficiles à entendre.

La respiration sifflante de son beau-fils alerta Nick. Il se leva et s'approcha de lui. Une main sur sa nuque, il l'entraîna dehors non sans mal.

-Laches-moi. S'écria Alex pour la énième fois.

-Alex, regardes-moi! Regardes-moi. Ordonna Nick alors qu'il collait son front contre le sien.

Alex riva ses yeux dans ceux de son beau-père et une fois qu'il obtint son attention, celui-ci reprit plus calmement;

-Respires.

Alex se rendit alors compte que cette respiration haletante et bruyante était la sienne. Il clot les yeux et prit une profonde inspiration.

-Voilà, c'est bien fiston.

Ce surnom, aussi étonnant soit-il, l'aida à se concentrer sur les battements de son cœur qui devenaient de plus en plus réguliers.

Si Nick était heureux qu'il réussisse enfin à canaliser son enfant, Alex l'était encore plus. Heureux de savoir que quelqu'un semblait encore pouvoir l'atteindre, le comprendre et le calmer. Comme son père aurait été sensé le faire.

Peut être restait-il encore de l'espoir.

L'espoir qu'un jour, ils forment une famille heureuse et soudée.

Et si on essayait ensemble? TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant