1] Chapitre 11 : Prouves-le moi.

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Nate passa une bonne partie de la journée avec Isabelle.

En rentrant ce soir là, le cœur lourd, il fut surpris de trouver son père assis sur le canapé du salon, la tête entre les mains.

Si surpris qu'il ne remarqua pas tout de suite le désordre qui régnait dans cette maison habituellement bien rangée. Si bien rangée que l'on doutait parfois que quelqu'un y vive.

Lorsque la porte fût refermée, le père de famille releva brusquement la tête, révélant des yeux rougis, prouvant que lui non plus n'avait probablement pas dormi de la nuit.

-Bon sang mais où est-ce que tu étais passé? Je t'ai appelé une centaine de fois! S'écria t-il alors qu'il se redressait.

Nate ne répondit pas. Il se contentait de le fixer sans un mot. Il était incapable de dire quoi que ce soit en fait, tant sa gorge était nouée. Soutenir le regard de son père après ce qu'il avait dit la veille était d'ailleurs difficile. Ils n'en avaient jamais vraiment parlé. À tord.

-Qu'est ce qu'il s'est passé ici? Demanda Nate d'une voix peu assurée alors qu'il baissait les yeux sur les objets et morceaux de verre qui jonchaient le sol.

-Peu importe. Déclara Ben, avant de soupirer lorsqu'il comprit que son fils ne parvenait pas à affronter son regard. Il faut que nous parlions... de ce qu'il s'est passé hier. De ce que tu as dit.

Nate secoua lentement la tête de droite à gauche alors qu'il mordait l'intérieur de ses joues pour contenir ses larmes, continuant de fixer obstinément le sol. Le cœur de son père se serra à cette simple vision, enfin témoin de la souffrance qu'éprouvait son fils en silence depuis des années.

Il s'approcha de quelques pas.

-Si tu ne veux pas parler, alors écoutes-moi. Commença t-il. Tu as raison, je t'évite. Mais pas pour les raisons auxquelles tu penses. Je ne vois plus en toi le petit garçon que tu étais autrefois, ce que je vois... c'est un bout d'homme, gentil, à l'écoute et souriant. Je vois l'homme que tu es en train de devenir... un homme bon. Mais par-dessus tout, un homme fort. Et ce n'est pas grâce à moi. Tu t'es forgé tout seul et je suis fier de toi.

Quelques larmes traitresses glissèrent sur les joues du blond alors qu'il s'empressait de les faire disparaître d'un revers de manche.

Ben fit un pas de plus.

-Je t'évites parce que j'ai honte de moi.

Enfin, il parvint à capter le regard de son fils lorsque celui-ci tourna instinctivement la tête vers lui, les sourcils froncés.

Ben écarta les bras avant de les laisser retomber le long de son corps dans un haussement d'épaule.

-Honte de ne pas avoir su protéger mon fils.

Cette fois, ses larmes s'étaient mise à dévaler ses joues sans retenue. Il secoua la tête, comme pour lui dire que ce n'était pas de sa faute, ce que sa voix refusait de dire tout haut.

-Je suis désolé. Articula Ben alors qu'il s'approchait de son fils. Pour toutes les choses que j'ai pu faire, et qui t'ont causé du mal. Je t'aime, fiston.

Un pas de plus et il prit lentement son fils dans ses bras. Nate se contenta de lui rendre son étreinte timidement avant qu'il ne se mette à sangloter contre son épaule.

-Je suis là, fiston. Et je promet d'être présent pour toi désormais.

Ben caressa les cheveux de son fils pour l'apaiser, comme sa femme le faisait lorsqu'il n'était encore qu'un enfant et qu'il cauchemardait au beau milieu de la nuit. Et, progressivement, cela semblait fonctionner.

Chez les O'Connor, l'ambiance n'était pas au pardon mais plutôt aux reproches.

-Tu m'avais dit que tu le ferais. Cracha Red.

Jonathan retint un soupire alors qu'il préparait le dîner.

-Oui... Et je compte bien le faire. Seulement, je me suis absenté une semaine et j'ai beaucoup de travail.

-C'est bien ce que je disais.

-Redwann. Le prévint-il.

Le brun se renforgna encore plus, les sourcils froncés à l'extrême, mécontent.

-Arretes de m'appeler comme ça. Râla t-il.

-C'est ton prénom... Souligna son père.

-Oui bah je l'aime pas.

Jonathan finit par se tourner vers son fils, passiblement agacé.

-Écoute Red, je t'ai dit que je le ferais donc je le ferais. Tu peux me faire confiance.

-Alors prouves-le.

Et sans plus de cérémonie, il tourna les talons pour rejoindre la salle de bain à l'étage.

Jonathan resta interdit un moment avant de lever les yeux au ciel.

Son fils était au moins aussi impatient et capricieux que lui. Peut-être même encore plus.

Il s'en étonnait toujours.

Et si on essayait ensemble? TOME IOù les histoires vivent. Découvrez maintenant