MISSION imPOSSIBLE || 𝑡𝑜𝑑𝑜𝑏𝑎𝑘𝑢 [TOME 1]

Chapitre 18

PDV Katsuki

Karma s'avance prudemment vers la porte massacrée, une main sur sa ceinture, près à sortir son flingue.

Ses coéquipiers se regroupent, nous entourant, Izuku et moi.

Celui-ci, marmonnant en fixant l'entrée, ne sent pas le coup de coude que je lui envoie dans les côtes.

Pour avoir son attention, je tire d'un coup sec ses cheveux et il écarquille vivement les yeux quand sa tête bascule vers l'arrière.

-Aïe! Arrête de faire! Ça fait mal, tu sais? murmure-t-il en se frottant le crâne.

-Je fais c'que j'veux, grogné-je, irrité. Mais ça, on s'en fout. Je sais qui est entré dans l'appart'.

Deku se tourne vers moi, le regard interrogateur.

-Je suis pratiquement sûr que c'est mon vieux.

-Ton père? me questionne mon coloc en fronçant un sourcil. ...Ton père!?!? finit-il en se tenant l'arête des cheveux, une mine effrayée sur le visage.

Je hoche la tête.

-Mais... comment peux-tu... en être sûr? bredouille le nerd en tirant nerveusement sur sa chevelure.

-Pas de tes affaires... je réponds simplement, ayant la flemme de lui expliquer.

Pendant ce temps, Karma ressors, une silhouette le suivant. Une silhouette masculine, et familière. À l'embrasure, se tient maintenant mon père.

Ses cheveux hérissés châtains dressés sur sa tête, ses lunettes rectangulaires bien posées sur son nez et sa moustache naissante au dessus de sa bouche, il me regarde.

Son visage exprimait un mélange de soulagement, de bonheur... mais aussi de colère. C'est la deuxième fois que je le voyais ainsi. La dernière fois, c'était quand j'avais 5 ans.

J'étais à la piscine avec Deku, et je m'étais assis sur lui. À ce moment, j'étais trop content d'avoir pied dans le grand bassin public que je n'avais pas remarquer Izuku qui suffoquait.

Finalement, le nerd était allé à l'hôpital, étant tombé inconscient par manque d'air. Ce soir-là, mon vieux avait été furax. Et quand je dis furax, c'est furax. La vieille sorcière m'avait même fait dormir chez Inko pour pouvoir le calmer sans que je sois dans le chemin. Mon père avait beau être énervé cette soirée-là, cependant ma mère sait y faire avec les gens à fort caractère.

Ça n'est jamais arrivé, depuis. Redevenant un papa gentil et calme, se faisant presque invisible, on aurait jamais pu croire qu'il pourrait s'énerver encore plus que moi ou la vieille.

Deku, qui avait été à l'hôpital durant toute la crise de mon paternel, n'était pas au courant, jusqu'à je lui raconte.

Enfin bref, ce n'est pas le moment pour avoir des flashbacks.

Karma s'incline un peu devant mon vieux, avant d'ordonner à son groupe d'hommes de le suivre. Et ils s'en allèrent, sans nous avoir obligé à faire nos bagages, ni emmener au poste de police.

Mon père est un policier haut gradé, mais je ne savais pas qu'il avait assez de pouvoir pour faire ça.

Quand il s'approche d'Izuku et moi, je ne tente rien. Je ne fait que le fixer, immobile. Mon vieux s'arrête devant nous, les bras croisés derrière son dos, la mine sévère.

Il sourit doucement, néanmoins, et donne un câlin au nerd, qui se crispe, et m'ébouriffe affectueusement les cheveux.

-Allez, venez les garçons, nous avons à discuter, souffla sèchement mon paternel, avec toujours cette mine sévère collée à la tronche.

Une fois à l'intérieur, mon coloc et moi sur le canapé, mon père devant nous, debout avec les mains sur les hanches, mes mains commencent à trembler.

Sans que je ne m'en rende compte, une boule, toute petite, se forme dans mon estomac. Je n'y prête pas attention. Izuku relève la tête, le regard suppliant.

-S'il vous plait! ...N-ne nous ramener pas au Japon! J-j... Nous y sommes presque! Ensuite... ensuite nous obtempèrerons et rentrerons à Shizuoka! M-mais.. l-

-Que se passe-t-il? Pourquoi êtes-vous ici? Répondez simplement à ces questions, le coupe mon vieux en se tournant complètement vers moi.

-N-nous ne voulons qu'aider un ami... On cherche... une personne qui serait capable de nous aider... E-et on sait où la trouver! bafouille nerveusement le nerd, m'évitant de répondre.

Mon paternel s'accroupit devant moi, en mettant ses mains sur mes genoux. Je le repousse durement.

-Est-ce vrai, Katsuki? me demande-t-il.

-Oui... je marmonne comme réponse.

-Et cet ami, qui est-ce? reprit mon père, en remettant ses mains sur mes genoux.

Je ne le repousse pas, cette fois-ci.

-Un garçon dans notre classe... T-todoroki... Sh-shoto, murmure tout bas Izuku en me jetant un regard mi-inquiet, mi-mélancolique.

Je l'ignore. Je garde mon regard ancré sur mes mains, crispés sur mes cuisses.

Mon vieux soupire.

-Katsuki... même les plus grands héros ne peuvent pas sauver tout le monde. Ce garçon est mort, donc il est mort. Point final. De toute façon, un de perdu, dix de retrouver, comme on dit! Maintenant, on va rentrer tranquillement et je vais t'aider à remonter la pente, d'accord?

Son ton doux et protecteur m'envoute quelques secondes avant que les mots prennent leur sens dans ma conscience. Oublier Todoroki? Comme si je n'avais pas essayé!

Et ce «un de perdu, dix de retrouver». Qu'elle aille se faire foutre, cette expression de merde!

Je me relève, la colère et la tristesse bouillonnant en moi. Mon vieux suit mon mouvement.

-VA TE FAIRE FOUTRE, 'SPÈCE DE CON! SI J'AI ENVIE DE SAUVER TODOROKI, JE VAIS LE SAUVER! PLUTÔT CREVER QUE DE RENTRER! hurlé-je le bousculant pour aller me réfugier dans ma chambre.

Bordel, j'ai laissé mes émotions reprendre le dessus.
Comme d'habitude...

-NE ME PARLE PAS SUR CE TON, KATSUKI!

Après m'être enfermé dans la chambre, j'entends les pas furibonds de mon père qui s'approche. Puis, plus rien.

-Monsieur Bakugo! S'il vous plait! Vous ne pouvez pas lui faire ça! Et puis c'était mon idée, tout ça! Je n'arrivais plus à supporter de le voir souffrir. Katchan l'aime. Vraiment beaucoup! Ça n'en a peut-être pas l'air, mais c'est sûr qu'il se sacrifierait pour sauver Todoroki! s'écrie soudain Deku, une pointe colère dans sa voix. Et si ça vous arrivait à vous, que madame Bakugo meurt, et que vous ayez l'opportunité de tout régler, juste devant vous? Vous auriez pris la chance qui aurait été donnée, pas vrai? Parce que vous aimez votre femme de tout votre coeur, non? Eh bien c'est pareil pour Katchan! Alors je ferais n'importe quoi, n'importe quoi pour que nous puissons mener cette mission à bien!

Je ne voyais rien, mais pouvait nettement imaginé Izuku, une main sur le coeur, l'autre serrant le bras de mon paternel, le suppliant de coopérer. Et ce dernier, les yeux écarquillés, ne sachant que répondre.

-J-je... bredouille-t-il, déboussolé. Eh bien... je... Tu as... raison. J'aurais fait la même chose... et... je n'ai aucun... aucun argument pour te contredire... Alors j-je...

Mon père soupire, et j'entends faiblement les ressorts du sofa crissés sous son poid.
Je ferme les yeux en soupirant, soulagé.

Décidemment, je ne sais pas ce que je serais devenu sans Deku...
Ni sans Todoroki, d'ailleurs...