Chapitre 17

1.7K 186 3
                                    

Je reste éblouie devant ce loup impressionnant qui me fait face et qui se trouve être mon âme-sœur, l'homme de ma vie ; Kenan. Se tenant immobile devant moi, il me laisse le temps nécessaire de le découvrir tout à mon aise.
Je peux sentir l'inquiétude qui circule dans tout son être. Ses yeux immenses et aussi noirs que l'obscurité, me scrutent sans ciller, et me laissent entrevoir combien il est anxieux.
Je m'approche de lui, complètement émerveillée, et lève ma main afin de toucher la texture de ce pelage, brillant sous la lumière du soleil couchant. Il baisse légèrement la tête afin de m'aider à l'atteindre, au-dessus de son crâne entre ses deux oreilles droites et dressées aux aguets.
Lorsque je pose ma main sur lui, un léger ronronnement se fait entendre et je me rends compte que, pour la deuxième fois en l’espace de quelques minutes, j'ose le toucher, et c'est sous sa forme lupine. Tante Bleuenn m'avait expliqué combien ses sensations pouvaient être décuplées sous cette forme.
En effet, on dit des animaux qu'ils sont dotés d'un sixième sens, cela est vrai et d'autant plus à Aziar où la magie règne en maître. Je continue de le caresser, fascinée par cette réalité qui s'offre à moi.

Tu es tellement belle, parvient la voix de Kenan dans ma tête.

Je sursaute lorsque je comprends que je perçois ses pensées.

— Comment est-ce possible ? murmuré-je, tandis que le loup me lance un regard interrogatif. Je peux entendre ta voix, l'informé-je.
Vraiment ? s'enquiert-il en faisant résonner sa voix en moi.  
— Oui, soufflé-je, surprise de ce pouvoir.

Ça n’a tellement rien à voir avec la façon dont nous échangions lorsque j’étais dans l’autre monde. C’est si net que c’est comme l’entendre me parler lorsqu’il se tient devant moi.

Nous communiquions toujours comme ceci lorsque je m'absentais de la maison et que nous étions éloignés. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit encore possible au vu de la situation actuelle, m'apprend-il.
— Ça me conforte à garder espoir pour la suite.

Oui, soudainement, j’ai un regain d’espérance qui me rassure quant à la suite. Kenan se couche sur le sol confortable, grâce à la présence d'une verdure importante et je me laisse tomber à ses côtés. Il se déplace de façon à ce qu'on soit l'un contre l'autre et j'en profite pour m'appuyer contre son flan, en jouant toujours de mes doigts passant curieusement et agréablement dans sa fourrure épaisse.
Je savoure ce moment jusqu'à ce que des dizaines d'images jaillissent dans mes pensées, comme si elles étaient les miennes.

─ Qu’est-ce qu…
Mes souvenirs, me coupe-t-il.

Kenan me fait découvrir à travers ses pensées, nos souvenirs. C’est hallucinant… et cela ouvre à nouveau un tas de possibilités sur certaines choses qui m’interrogent.
Je me revois enfant, en train de jouer avec d'autres enfants, dont Aodren qui était déjà un beau garçon très populaire auprès des filles qui gloussaient en l'observant avec des regards amourachés, dès notre plus jeune âge. Je souris face à cette image qui n’a pas tellement changée, j’imagine.

Je me demande encore pourquoi elles se pavanent toutes devant ce pitre, intervient Kenan dans ce à quoi je songe.
─ Va savoir, me marré-je.

Il me montre ensuite combien il avait envie de nous rejoindre, mais qu'il préférait rester éloigné de notre groupe de gamins. Je ressens son envie mêlée à de la souffrance, de ne pas pouvoir venir avec nous. J'arrive à percevoir son amour naissant et si fort à cet âge, pour moi. Une petite fille aux longs cheveux couleur de miel et au teint caramel, mais au regard devenu subitement si sombre, dès que ses yeux ont croisé ceux de Kenan.
Ce détail m'intrigue, mais je garde ma question pour plus tard, car je sens la panique envahir le Kenan enfant, lorsqu'il s'aperçoit de quelque chose en rapport avec mes yeux.

Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant