Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")

Chapitre 9

Après avoir passé Brest et admiré le pont Albert-Louppe, lors de notre traversée de l’Élorn, sur le pont de l'Iroise, nous dépassons enfin le panneau « Plougastel-Daoulas », nous signalisant ainsi que nous approchons du but, sous le son des cornemuses sortant de l’autoradio.
Nous suivons ensuite la route jusqu'au hameau Illien-ar-gwenn où, une fois sur place, nous nous garons et sortons du véhicule.
Je ferme un instant les yeux en offrant mon visage aux rayons du soleil qui filtrent à travers quelques nuages cotonneux, avant de poser mon regard sur ce qui nous entoure.
Ce lieu se situe non loin des falaises surplombant le banc de Plougastel et la vue est imprenable. Un groupe de goëlands bruyants nous survole et une brise venant tout droit de la baie caresse notre peau.
Nous savons déjà que l'endroit n'est pas facile d'accès, grâce aux témoignages de quelques touristes, sur un des nombreux sites Internet que l'on a écumés.
Croisant un couple âgé, Tante Bleuenn et moi allons à leur rencontre.

— Excusez-nous, pourriez-vous nous indiquer le chemin à suivre pour trouver la pierre de Rosette, s'il vous plaît ? demandé-je.
— Bien sûr, nous répond aimablement le vieil homme. Maintenant que vous êtes ici sur la presqu'île de Plougastel-Daoulas, dans la rade de Brest, il vous faut emprunter ce chemin en voiture. Puis, après avoir dépassé la pointe du Corbeau, il vous restera sept cents mètres environ, à parcourir à pied sur la plage, en direction de l'anse du Caro.
— Merci beaucoup.
— Toutefois, nous interpelle-t-il, bien des gens viennent découvrir, tout comme vous, ce rocher qui reste un mystère, et d'autant plus depuis que le journal télévisé en a parlé très récemment. Donc, attendez-vous à croiser du monde, nous avertit-il gentiment.
— C'est bien vrai, ajoute sa femme. Nous sommes en période de grande marée actuellement, et vous aurez au moins la chance que la marée ne soit pas encore remontée, car lorsque c'est le cas, la mer d'Iroise vient lécher les pieds de la roche.
— Entendu. Nous vous remercions pour tous ces renseignements, leur dit Tante Bleuenn, en les saluant alors qu’elle m’indique de retourner à la voiture d’un signe de tête.

Une fois éloignée du couple, elle soupire l’air mécontente d’elle.

— Qui y a-t-il ?
— Évidemment, la marée est basse, mais ce soir et encore plus à minuit, pour être plus précise, nous aurons les pieds dans l'eau, râle-t-elle.

Apparemment, l’idée de se mouiller les pieds ne l’enchante pas. Cela m’amuse.

— Qu'importe ! Du moment qu'on nous montrera la voie, positivé-je.
— Oui, tu as raison, je maugréé pour un rien alors que Kenan a besoin de nous pour qu’il puisse retrouver ta présence à ses côtés.
— Moi qui te pensais avoir l'âme d'une aventurière ! m'esclaffé-je.
— Hé, te fiche pas de moi ! Je te signale qu'à force de devoir agir comme une vieille dame et bien j'ai l'impression d'en être une parfois, riposte-t-elle.

Puis, en secouant la tête, déclare :

─ Peut-être que je présente un trouble de la personnalité, va savoir, se résigne-t-elle.
— Mais non, me marré-je d'autant plus, alors qu'elle me fusille du regard.

Sacrée Tante Bleuenn ! Elle a juste un caractère de cochon de temps en temps, mais pas de quoi fouetter un chat, et peut se montrer légèrement susceptible. Mais encore là, rien de grave.
Son petit état d’âme passé, nous nous engageons dans la direction indiquée par le couple. Sans surprise, lorsque nous nous garons sur un espace assez clairsemé, nous pouvons apercevoir quelques groupes de marcheurs revenir de ladite roche ou au contraire, s'y diriger.
Sans même nous concerter, Tante Bleuenn et moi lorgnons tout à coup nos chaussures à talons, puis grimaçons.

— A-t-on seulement pensé à prendre une paire de baskets ? l’interrogé-je.
— Disons que nous étions bien trop préoccupées pour penser chaussures, tente-t-elle de relativiser.
— Oh, Tante Bleuenn ! Vraiment ?! Que cela puisse m'avoir échappé, je peux comprendre, vu mon manque d'expérience, mais venant de toi, c'est quand même surprenant.
— Hé ! Je viens de te dire que je souffrais d'un de ces maux humains.