Son odeur m’enivre et mon corps réagit aussitôt au contact du sien. Il agrippe mes cheveux de ses mains et tourne mon visage de manière à pouvoir observer chacun de mes traits. Dieu, ce qu'il m'a manqué !
Le voir me détailler, comme si c'était la première fois et que j'étais la première merveille du monde, ne manque pas de me faire tressaillir de plaisir, par l'envie que je voie étinceler dans ses prunelles aussi noires que la nuit et brillantes de mille feux.
Un raclement de gorge nous ramène à la réalité, à notre plus grand désarroi. Cependant, tandis que Kenan grogne son mécontentement de devoir interrompre nos retrouvailles, je reprends aussitôt contenance en me rappelant de la présence de Rory.
Je m'écarte alors à contrecœur de mon âme-sœur afin de faire face à mon petit bout de chou. Ce dernier nous observe étrangement. J'imagine bien les pensées qui l'habitent et peux en entendre ses méandres fonctionner à pleine allure.— Rory, je te présente Kenan. Il est l'équivalent de mon mari, lui expliqué-je à nouveau. Et Kenan, voici mon Rory, ajouté-je avec tendresse, en dégageant d'une caresse une mèche de cheveux sur le front de mon fils.
Je retiens mon souffle tout en jaugeant les êtres les plus importants de ma vie s’évaluer également, se découvrir, où tout un tas de questions germe sous leur crâne.
Finalement, Kenan prend naturellement les choses en main et fait un pas vers mon petit.— J'étais pressé de te rencontrer, mon grand, lui dit-il d'un ton sincère qui semble ravir Rory.
— Moi aussi. C'est vrai que t'es un loup ? l'interroge-t-il d'emblée.
— Et pas qu'un peu ! s'exclame Kenan en souriant.Je respire à nouveau en réalisant que ce premier contact se déroule à merveille. Je ne savais pas combien cela avait pu me stresser jusqu’à présent. C’est un soulagement.
— Ouais, mais un loup qui a la grosse tête ! intervient Aodren en se marrant.
— Hé ! Contente de te retrouver, lui dis-je aussitôt, en le serrant brièvement dans mes bras.
— Je savais bien que tu y arriverais. Je n'en ai jamais douté, m'avoue-t-il en désignant d’un signe de tête le vieil enchanteur.Je tourne la tête vers mon ancêtre qui observe d’un œil ravi le paysage aziarien.
— Alors tu as foi en moi ? Malgré l'absence de mes souvenirs ?
— Je n'ai jamais cessé.
— Tu vas me faire pleurer, le sermonné-je, en souriant.J’essaie de masquer les larmes qui me montent aux yeux, car savoir qu'il croit en moi, m'émeut profondément.
— Je me ferai un plaisir de te rappeler que tu as failli pleurer pour moi quand tu te souviendras de tout.
— Tu as le chic pour tout gâcher, ricané-je, en lui administrant une légère tape sur l'épaule. Rory, je te présente Aodren, gardien d'Aziar et petit rigolo à ses heures perdues. Il est aussi notre meilleur ami à Kenan et moi. Aodren, Rory.
— Enchanté, bonhomme ! Et bienvenue à Aziar !
— Maman dit que tu fais beaucoup la fête dans ta tour de gardiens, c'est vrai ?Ce dernier me jette un coup d’œil de travers tandis que Kenan rit dans sa barbe.
— Ta maman parle beaucoup trop, s'exclame-t-il en souriant, alors que Kenan continue à se bidonner.
— Bien ! Et si nous raccompagnions notre très cher hôte à sa précieuse fée enchanteresse, nous rappelle Tante Bleuenn.
— Et moi, personne ne m'accueille ?! déclare Soazig d’un ton déçu, restée derrière nous.J’ai la surprise de la découvrir aussi jeune que l’est redevenue ma tante et dont Rory regarde complètement abasourdi.
— Mais non, on garde toujours le meilleur pour la fin ! s'exclame Aodren, tandis que Kenan et lui foncent sur elle afin de l'accueillir comme il se doit.
— Tu n'as pas changé d'un pouce, la charrie Kenan.
— Petit plaisantin, c'est bien là l’avantage d'être éternelle, répond-elle, en levant les yeux au ciel.
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Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")
RomanceJulia est une jeune mère de famille, sous l'emprise d'un homme cruel, et père de son enfant. Elle décide enfin de se sortir de cette vie misérable et chaotique, et quitte le domicile conjugal. Après avoir déménagé chez sa tante, un brin loufoque, en...