Chapitre 22

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Après être revenue à la maison, où durant notre retour Kenan n’a eu de cesse d’appréhender chaque minute mon départ, je sens combien la séparation va être difficile, voire presque impossible vu comment son comportement change au fil des secondes écoulées.
Il sait parfaitement qu'il est inévitable pour moi de quitter ce monde à nouveau pour regagner l'autre, mais entre le savoir et laisser faire, il y a une très grande différence dans les pensées de mon homme-loup.
Il semble qu'il ait de plus en plus de mal à prendre sur lui, afin de me laisser partir de son plein gré, ses origines et son instinct agissant contre sa volonté. J'informe donc Aodren et ma tante qu'il me faut une fois de plus leur aide et soutien afin de pouvoir regagner l'autre côté.

Je sors de la maison et me laisse porter par mes pas jusque sur le ponton, où je m'assieds en profitant de la vue de la merveilleuse petite  étendue d’eau. Kenan qui ne souhaite plus s'éloigner de moi, me rejoint et s'installe dans mon dos, de manière à ce que je puisse m'adosser contre son torse puissant.
Il m'enlace aussitôt en posant sa tête sur la mienne. À cet instant, ce que je désire le plus, c'est de rester ainsi toute l'éternité.

— C'est si paisible ici, déclaré-je, en saisissant ses mains et entrelaçant nos doigts ensemble.
— Ça ne le sera plus très bientôt, dit-il d'une voix abattue.
— Je sais que notre lien est si puissant qu'il peut devenir une faille lors de notre éloignement, mais je suis certaine que tu peux te contrôler Kenan. Il te suffit juste d'être sûr de toi en ce qui concerne mon retour. C'est évident que je vais revenir.
— Mais quand ? Tu ne sais pas combien de temps va s'écouler jusqu'à ce que tu trouves une solution pour ramener Merlin. Cela peut durer quelques jours et vite se transformer en années.
— Peu importe, du moment que nous sommes certains de mon retour. Nous sommes éternels Kenan.
— Ça paraît si simple pour toi.
— Parce que je préfère relativiser. Si j'écoute mon cœur, je vais m’apitoyer sur mon sort. Je ne veux pas partir défaitiste. J'ai confiance en nous et je suis certaine que nous serons heureux. Le chemin est juste long pour y parvenir, mais lorsque nous aurons traversé ces épreuves, nous serons enfin réunis à jamais.
— Je vais faire de mon mieux afin de ne pas me laisser submerger par la douleur.
— Kenan, il faut que tu continues chaque jour à avancer. Dis-toi que je penserai à toi, à chaque instant. Dans ceci, nous puiserons notre force. Ne doute jamais de moi et de mon non-retour, car ça n'arrivera pas. Aujourd'hui n'a rien à voir avec la première fois où je suis partie. Cette fois-ci, nous sommes tous les deux certains de mon retour. Et tu peux être sûr que je t'aime éperdument. Je le sens un peu plus à chaque seconde.
— Je t'aime tellement Jildaza. Plus que tout.
— Je sais, lui susurré-je, en tournant mon visage vers le sien.

Je lui effleure à peine les lèvres, ne voulant pas allumer un brasier entre nous, qui nous serait impossible de stopper et engendrerait beaucoup trop de complications quant à mon départ. Ne réveillons pas le loup qui sommeille en lui et qui prendra le dessus en m'empêchant de quitter Aziar, au risque d'attaquer ses propres amis s'ils essayaient de m'aider à m'extirper de lui afin de partir.

— Chaque nuit, j'aime me perdre à contempler les étoiles. Dis-toi que durant chacune d’entre elles, je les observerai en pensant à toi.
— Tu as toujours eu cette habitude ici. Mais, d'accord, je m'allongerai ici même en pensant à toi toutes les nuits.
— Promets-moi d'être présent dans mes pensées et de ne jamais me bloquer.
— Ce n'est même pas la peine de me le demander. C'est plus qu'évident que je resterai lié à toi par la pensée, mais je te le promets quand même pour ta tranquillité d'esprit, sourit-il.
— Même si je dois croiser Malo et qu'il a un penchant pour moi, passe au-dessus de ça. Si tu savais combien je m'en contrefiche. Je ne veux pas que tu laisses ta jalousie prendre le dessus.
— J'essaierai.
— Kenan, tu n'as strictement rien à craindre de ce côté-là. Maintenant que je suis devant toi, je te demande de fouiller mon esprit afin que tu sois sûr de comment je vois les choses. Je ne te bloquerai pas.
— Jil’, soupire-t-il.
— Je sais que si tu avais fait ça un autre jour, je l'aurais mal pris, mais aujourd'hui, ce n'est pas pareil. Ne crois pas que je remets en cause ton manque de confiance en moi. Je suis consciente à quel point il est difficile pour toi de rester tranquille en sachant que je repars, et en n’ayant toujours pas retrouvé les souvenirs de celle que je suis vraiment. Je souhaite que tu le fasses pour que ça t'aide à supporter les jours prochains qui risquent d'être longs.

Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant