Chapitre 11

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Après ce qui s’est produit la veille, Tante Bleuenn, comme moi, a conscience que plus rien n’est susceptible d’affoler davantage mon esprit et de ce qui peut m’attendre au tournant. Mais tout de même ! Un dragon ! J’ai vraiment du mal à y croire alors qu’une flamme sortant de sous une roche a bien failli me cramer les pieds.
J’ai beau savoir que tout ce que je prenais pour fantastique n’est que vérité absolue, néanmoins, englober tout ce que cela représente, ou peut représenter, entièrement reste en quelque sorte qu’irréel. Et y être confrontée, c’est comme une porte inconnue s’ouvrant sur une nouvelle autant incroyable que déstabilisante à encaisser.
Au moins une chose positive : je ne tombe pas dans les pommes ou ne m’enfuie pas en hurlant. C’est déjà ça.

— Je n'arrive pas à croire qu'un dragon puisse passer inaperçu.

C’est vrai. Comment une telle créature peut-elle être imperceptible ? Il devrait y avoir un certain tapage ou que sais-je autour de cette vouivre hantant les lieux. Surtout qu’ils sont pas mal fréquentés. Étonnant de ne pas en avoir entendu parler aux infos. Sans vouloir faire de jeu de mots, une bête de cette envergure doit obligatoirement laisser des traces et faire parler d’elle. Mais rien. Pourtant un tas de suie constelle le sol et la roche face à moi est noircie sur toute sa longueur. Cela aurait dû forcément interpeller quelqu’un de passage sur ce sentier.

— Il est de petite taille et se nourrit la nuit au pis des vaches. Il est de couleur verte, identique à l'herbe des prairies, m’apprend Tante Bleuenn.
— D'accord, mais tout de même.

Alors que je bavarde encore avec elle, Scorfel daigne enfin sortir de sous son rocher. Et en effet, sa petite taille me stupéfait. Je ne m'attendais pas à ça. D'ailleurs, je ne sais même pas à quoi je m'attendais au juste. Mais sûrement pas à un mini dragon trop mignon.
Il nous tourne autour, méfiant, puis semble soulagé lorsqu'il s'arrête devant nous en paraissant attendre une chose que j’ignore. Seulement, une drôle d’impression pointe à nouveau son nez en moi. Commençant à m’y faire, je me lance.

— Je pense qu'il faut tout simplement lui demander ce que nous cherchons, indiqué-je à ma tante.

Elle arque les sourcils en m’étudiant et m’éblouissant, par la même occasion, de sa lampe frontale.

— Oups, désolée, dit-elle en déviant cette dernière. Et comment sais-tu cela ?

J’hausse les épaules en secouant la tête.

— Une intuition.
— Parler à un dragon ? Et puis quoi encore ? Je ne parle pas la langue de feu ! riposte-t-elle.

Désorientée, je l’observe se moquer dans sa barbe de cette idée lancée sur le feu. Et ce n’est toujours pas un jeu de mots.

— La langue de feu ? l’interrogé-je.
— Oui, c'est la langue des dragons. Il s'agit de décrypter des énigmes et comme tu le sais déjà, les énigmes ne sont pas mon fort.

Je passe outre des propos de Tante Bleuenn, et m'approche de Scorfel. C’est peut-être mon truc à moi, pensé-je. Me sentant sur la bonne voie, je m’adresse au plus mimi des dragounets.

— Nous cherchons le passage pouvant nous conduire à Aziar. Peux-tu nous aider ?

Je retiens mon souffle tandis qu’il semble m’étudier un court instant en plantant ses yeux pareils à ceux des serpents dans les miens. Je ne sais pas s'il accepte, mais la sorte d'éternuement qu'il produit peut sûrement être considérée comme sa réponse. J'hésite à me répéter lorsqu'il s'envole dans les airs et nous survole en s’arrêtant au-dessus de nos têtes.
Soudain, il fait jaillir plusieurs gerbes de feux qui se mettent à luire dans la nuit. En écarquillant les yeux de surprise, j’assiste au spectacle insolite du feu prenant la forme de plusieurs signes et configurations.

Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant