Chapitre 16

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─ Je suis vraiment navrée Jildaza, je n'ai vraiment pas pensé à ça, s’apitoie Tante Bleuenn, en touillant dans le chaudron, à l'aide d'une énorme cuillère en bois.

Je me suis réveillée en fin de matinée, reposée et apaisée, après une soirée et début de nuit stressants. Je dois reconnaître que Kenan a fait preuve d'énormément de gentillesse et de patience à mon égard.
Grâce à lui, mes doutes et craintes se sont envolés. J'ai pu passer une agréable nuit en sa présence si réconfortante, entourée de son odeur envoûtante qui n'a de cesse d'ensorceler tous mes sens.
Sortir d'un sommeil des plus agréables, en se découvrant collée contre un corps immense et chaud, nous enveloppant tel un lierre, et dont l'aura qui nous entoure nous inonde d'un amour puissant, est une chose tellement incroyable et divine.
J'étais si bien que je me suis laissée bercer par le rythme régulier de sa respiration, m'indiquant qu'il dormait d'un sommeil profond et me suis rendormie dans cette douce chaleur réconfortante.
À mon réveil, j’ai découvert la place à mes côtés vide, mais encore tiède. J’ai pris un bain rapide et me suis habillée. Lorsque je suis descendue au rez-de-chaussée, guidée par de délicieux effluves flottant dans l’air, je n’ai pas été surprise de retrouver Tante Bleuenn affairée à concocter une énième merveille culinaire.
Aodren était là et regardait avec intérêt la préparation de ma tante, tandis que Kenan, également présent, ne pouvait dévier son regard de braise du mien.

Tante Bleuenn se morfond d'excuse en excuse depuis que je suis entrée dans la cuisine, paniquée de m'avoir laissée chez moi sans avoir pensé à ravitailler les stocks, à l'aide de sa magie.

— Ce n'est rien Tante Bleuenn, vraiment. Et puis, vu l'énorme festin que tu prépares, je suis sûre que je vais être rassasiée pour une semaine, la rassuré-je.
— On a tous du mal avec cette situation. Va falloir qu'on se montre beaucoup plus attentifs, déclare Aodren.
— J'ai l'impression d'être une enfant, marmonné-je, en tirant un tabouret sur lequel je m’installe.
— Mais non, essaie de me rassurer Aodren. Juste une princesse pourrie gâtée, se marre-t-il.

Je lui adresse un regard embêté.

— C'est ça, fous-toi bien de moi. Je préfère te dire que je n'oublierai pas ça, l'avertis-je, en souriant malicieusement.
— Mince ! Kenan, quand ce jour arrivera, promets-moi d'être présent pour aider ton pote.
— Je te promets de la laisser te botter le cul, déclare Kenan en me caressant de son regard plein d'amour et de tendresse.
— Tu parles d'un ami, râle Aodren, en essayant de chiper des galettes que pose Tante Bleuenn devant moi.
— Laisse ma nièce se nourrir ! le sermonne-t-elle en lui administrant un coup de spatule.

C’est d’autant plus risible de voir seulement la spatule lui donner ce coup en sachant que Tante Bleuenn la commande mentalement.

— Il y en a assez pour un régiment Tante Bleuenn, tenez, dis-je, en poussant le plat au centre du plan de travail où nous sommes accoudés.
— Oui, mais tu te sers la première. Ces deux hommes sont capables de manger un bœuf en trois minutes, alors autant se servir la première en leur présence.
— J'en prends note. Comment as-tu fait cuire les galettes ?
— Il y un four à bois juste ici, dit-elle, en me montrant ledit emplacement que je n’avais pas remarqué, malgré l'exploration minutieuse que j'ai faite hier soir dans la cuisine. Et voilà du bon ragoût ! s'exclame-t-elle, en retirant le chaudron du feu par sa seule magie.

Je regarde ce chaudron énorme, contenant suffisamment de liquide bouillant pour nous cramer tous les quatre si jamais il se retournait, se déplacer dans les airs. S'arrêtant à côté de nous, la louche en bois nous sert une grande portion dans quatre bols, flottant eux aussi aux côtés du chaudron d'où un fumet s'échappe et envahit nos narines d'une odeur délicieuse.
J’observe, encore émerveillée, le bol se poser devant moi et une cuillère voler jusqu'à parvenir dans le récipient plein de ragoût.
Lorsque je lève la tête, je m'aperçois que je suis le centre de l'attention de tout le monde.

Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")Où les histoires vivent. Découvrez maintenant