Kenan m'enjoint à le suivre d'un signe de tête. Au fur et à mesure que j'approche de la maison, ma nervosité monte en flèche malgré que je sois consciente qu’il sent tout ce qui se passe dans mon corps. Je n'arrive pas à me canaliser. Sa présence dans mon dos où je sens son regard rageur posé sur moi me déstabilise beaucoup trop. Ainsi que les ondes impétueuses qui émanent de lui en se propageant autour de nous.
Arrivés à la maison, j'ouvre la porte et m'engouffre à l'intérieur. Inutile de courir à l’étage me confiner. Je préfère nettement faire face, bien que l’idée de me faufiler se ranime en moi quand mon regard tombe sur le sien lorsque je me tourne.
J'ai à peine le temps de voir le loup entrer à son tour que Kenan reprend forme humaine. Il claque la porte d'un coup sec du talon et s'approche dangereusement de moi, toujours en totale nudité.— Comment as-tu pu me faire ça ?! vocifère-t-il, les muscles bandés et saillants à chaque geste furieux de ses bras.
Je pourrais ne pas être totalement attentive du fait qu'il se tient encore une fois nu, mais non, sa colère est beaucoup plus préoccupante que le reste.
— Tu ne devrais pas en être étonné, déclaré-je avec calme, afin de tenter de l'apaiser.
— Et pourquoi ça ?! s’exclame-t-il tandis que ses yeux menacent de sortir de leur orbite.
— Parce que j'ai besoin de réponses, chose que tu ne daignes pas m'accorder.Il se pince l’arête du nez en crispant les paupières, sûrement afin de canaliser tout ce qui fait fureur en lui.
— Je peux savoir au moins où tu te rendais ?
Je choisis de ne pas lui répondre, car je crains qu'il aille aussitôt avertir Idra de garder le silence. Voyant ses paupières s’ouvrir sur ses yeux interrogateurs, puis soudainement évasifs, je comprends qu'il fouille dans mes pensées. Fichu lien !
Je me concentre aussitôt à fermer mon esprit et pense à un vol d'oiseaux. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est la première chose qui me passe par la tête. Je me focalise sur leur vol et plus particulièrement sur leurs ailes.— Tu veux me cacher ce que tu avais prévu ?! fulmine-t-il, en réalisant ce que je suis en train de faire.
— Tout comme toi qui tiens à me cacher ce qu'il se passe, lui rétorqué-je, en haussant les sourcils.
— Ne joue pas à ça Jildaza, grogne-t-il, en se rapprochant dangereusement de moi.Il se tient subitement si proche de moi que je dois lever la tête, afin de ne pas rompre notre échange visuel des plus tenaces. Son visage n'est qu'à cinq petits centimètres du mien et il me tient prisonnière de son regard, devenu glacial.
— Ou sinon quoi ? le provoqué-je, en ne bougeant pas d'un pouce.
— Ne me tiens pas à l'écart de ton esprit, m'avertit-il entre ses dents serrées.
— Ne me tiens pas à l'écart de ta vie.
— Je ne le fais pas, Jil’ ! Bon sang ! Ne vois-tu pas que tu es toute ma vie ?! hurle-t-il.
— Vie que tu tiens à garder secrètement cachée chez toi ! m’époumoné-je.
— Chez nous ! rectifie-t-il.Nous ne disons plus rien, nous tenant toujours aussi proches et fulminant de colère. Soudain, cette proximité se charge en tout autre chose. Nos respirations s'accélèrent davantage et nos tremblements deviennent des frissons d'envie. Nos yeux où régnait une tempête prête à tout dévaster, reflètent à présent nos désirs beaucoup trop contenus.
La tension arrive à son paroxysme et Kenan, à bout de devoir se mener un perpétuel combat à lui-même, craque et fond sur mes lèvres en s'en emparant brusquement. D'abord surprise, je ne tarde pas à me ramollir dans ses bras et à lâcher prise. Je m'agrippe à sa nuque et me colle davantage à lui, tandis que son bras passe dans mon dos et serre durement mon corps contre le sien.
Emportée par ce baiser fougueux, l'envie de le toucher grandit jusqu'à devenir intolérable. Je me laisse ensevelir par nos sentiments mêlés, tandis qu'il parcourt tout mon corps de ses mains tremblotantes sous son empressement. Ces dernières qui ont tant désiré retracer ce chemin qu'elles connaissent par cœur et qui en ont été privées durant deux longues années.
Kenan s'empare davantage de mes lèvres, fiévreusement, pendant que mon cœur bat la chamade. En quelques secondes, nous sommes passés d'une colère pleine de reproches et de non-dits à une tout autre tension extrême.
Kenan me laisse reprendre ma respiration un court instant alors que j'observe son visage si proche du mien. Je me noie dans son regard sombre et inquiétant avant de baisser les yeux sur cette bouche dure et avide. Je passe machinalement le bout de ma langue sur mes lèvres, et son regard est aussitôt attiré sur elles. Il les fixe intensément avant de les effleurer en grognant, me faisant chavirer une fois encore.
Renonçant à toute résistance, je le laisse s'épancher de cette soif irrépressible qu'il a de mon corps et de mon âme. Je m'abandonne à nouveau, alors qu'il me plaque contre son corps massif, parfaitement soumise à cet homme.
VOUS LISEZ
Aziar #Lui et l'autre monde (Terminé "Nouvelle version")
RomansaJulia est une jeune mère de famille, sous l'emprise d'un homme cruel, et père de son enfant. Elle décide enfin de se sortir de cette vie misérable et chaotique, et quitte le domicile conjugal. Après avoir déménagé chez sa tante, un brin loufoque, en...