18. Bleu trop clair.

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Elle en voulait au monde entier. Elle en voulait à cet incapable de directeur d'avoir clamer que c'était un regrettable suicide. Elle en voulait à toute personne autour d'elle de reprendre sa vie alors que celle de son frère s'était arrêté. Particulièrement, Priscillia en voulait à ses parents d'être aussi inutiles qu'une feuille contre l'eau.
Les parents Fawley étaient arrivés au château quelques heures après la découverte du corps. Ils avaient partagés leur douleur avec leurs filles. Ils n'avaient cessé de pleurer qu'une bonne heure après leur arrivée. Pourtant leurs deux filles se trouvaient toujours dans les couloirs  de Poudlard, une semaine après le drame.
Ils avaient donc décrétés que la mort de leur frère ne devait pas affecté leur scolarité, qu'elles resteraient seules avec leurs démons jusqu'aux prochaines vacances.
Priscillia ne savait que dire face à tout cela. Elle se terrait entre les murs de sa chambre, s'enfermait dans ses épaisses couvertures. Elle pleurait silencieusement.

Lorsque ce quotidien n'était pas possible, elle faisait tout pour être près de Tom. Dans ses bras.
Elle l'écoutait parler en silence. Râler de Dumbledore, de ce stupide château. De cette fin d'année approchant si vite. De lui, de tout.
Elle le regardait et se répétait qu'au delà de tout, il était la dernière chose qu'il lui restait. La dernière personne pour qui elle se battait.

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Machinalement, elle atterrit devant la porte de la grande salle. C'était un matin, un samedi. Les jours se réchauffaient et le ciel magique était particulièrement éclairée. Les gens riaient tous ensemble, certains semblaient même rattraper quelques heures de sommeil.
Priscillia observait tout cela avec indifférence. Particulièrement, sa table. Les plus jeunes serdaigles reprenaient vie, ils souriaient et entraînaient les autres. Leur table semblait d'un bleu trop clair pour la préfète.
La vie, pour eux, semblait d'un rose trop beau. Cela la répugnait.
Elle tourna alors le dos à ces bancs emplies de chacun de ces amis pour se réfugier là où elle pourrait blâmer le ciel.

Elle avança plus vite, ignora toutes interpellations, tout murmures inutiles. Elle avançait, pour être plus proche de lui. Monta une à une,avec précipitation, les marches. Le cœur lourd, elle voulait déverser toute sa mélancolie. Lorsqu'elle arriva enfin en haut de la tour d'astronomie.
Elle aperçu Julia, la tête vers le ciel, les larmes vers la terre. Elle ne semblait même pas avoir remarquée la présence de sa jeune sœur. Le cœur trop lourd pour cela.

- Ma sœur ?

Julia tourna brusquement son visage vers Priscillia. Toutes deux se regardèrent quelques instants avant que la plus jeune ne brise ce contact. Ne supportant plus la souffrance dans les yeux de sa sœur. Cette fissure au plus profond de l'œil, traversant l'organisme pour briser son cœur.
Elle fixait donc le sol sans but.

- J'aimerais trouver les mots pour nous soigner toutes deux, murmura Julia, admirant de nouveau le bleu du ciel.
- Tu soigneras tes maux, tu es forte. Tu te relèveras. Je crois en toi.

Priscillia prit une inspiration comme avant le déclenchement du bombe.

- Quant à moi, tu rêves de clamer les mêmes mots à mon égard. De m'annoncer que je suis bien plus forte que toi. Que je me tiens plus droite et fière malgré les pierres et rochers brisant mon dos. Mais tu ne peux imaginer comme tu as tort. Je pleure chaque fois que l'eau rencontre ma jambe droite. Mon cœur se contracte quand mon pied se pose sur un du vieux bois, énuméra-t-elle à la manière d'un discours politique. Je suis une frêle créature, je souffre. Je ne me tiens droite que pour la peur de la chute. Je suis faible.

Julia ne répondit rien durant plusieurs minutes. Elle repassait en boucle les paroles de sa petite sœur. Celle qui paraissait se relever de chaque épreuve avec brillaud. Tout était faux. Priscillia souffrait et elle n'avait jamais été là pour elle.
Elle se tourna donc vers sa sœur, là fixant douloureusement. Peu à peu, elle s'apercevait que toute sa douleur se lisait sur son visage. De sa main lissant éternellement sa jupe par peur qu'on s'en aperçoive. De ces larmes en coin de ses yeux. De son teint qui s'apparentait plus à une peinture dramatique qu'à une vraie personne.

- Je ne suis pas Harry. Je suis désolée. Je sais que mes embrassades ne répareront pas ton cœur. Et que mes mots n'apaiseront que très peu ta douleur. Je tiens juste à te dire que je serais là, jusqu'à revoir ton sourire, jusqu'à oublier la vulgaire trace sur ta jambe. Jusqu'à que tu sois pleinement heureuse. Nous sommes plus que toutes les deux à présent. Je te promet de ne plus jamais te laisser seule.

Deux bras fins et maladroits enlacèrent le cœur de Julia. Sa petite sœur la prenait dans ses bras et lui murmura un seul unique mot. Un mot qui permit à ce si triste endroit de retrouver une vie, un espoir.

- Merci, grande sœur.

Mais alors que Priscillia serrait sa sœur dans ses bras, elle regardait le ciel. Et le cœur brisé, elle se sentait de plus en plus proche de son frère si loin.

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- Tom ?

Le concerné crut rêver lorsqu'il entendit la douce voix de son amie l'appelait. Il laissa tombé les devoirs qu'il travaillait pour écouter les paroles, peu importe inutile ou non, de Priscillia.

- Tu ne me feras jamais de mal, n'est ce pas ? Tu resteras toujours.

Tom sentit presque son cœur se serrait à l'intérieur de sa cage thoracique. Il se revoyait encore prononcé ces deux mots avant de voir s'écrouler le corps mou du jeune serdaigle. Il ne regrettait pas que la nuque de cet idiot se soit briser. Mais il regrettait amèrement de l'avoir briser elle.
Cette si frêle créature qui te méritait que mieux que lui. Mais qui n'aurait que lui.

- Nan, Priscillia, jamais.

Il posa doucement sa main sur celle de la jeune fille. Tentant maladroitement de la rassurer, de lui garantir un sentiment les liant.
La vérité étant que cette petite fille amusante n'existait plus. Qu'elle ne sautillait plus et que Tom n'embrassait que les ténèbres du bout des lèvres.

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Je reviens avec beaucoup trop de retard. Je ne sais comment m'excuser. Je reviens en plus avec un chapitre plutôt triste, je m'excuse doublement.

J'espère tout de même que ce chapitre vous a plu.
Qu'en avez-vous pensé ?
La discussion entre les deux sœurs ?
Celle entre Priscillia et Tom ?
La fin approche.

Merci d'avoir lu, au revoir.

PLUS PUR QUE L'OR | 𝘛𝘖𝘔 𝘑𝘌𝘋𝘜𝘚𝘖𝘙 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant