4. Toute chose que l'on ne voit pas, n'existe pas.

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Le bal était ce soir. L'effervescence de chaque élève était à son summum. Chacun ne parlait que de la fête. Certains des splendides accoutrements choisis, d'autres de leur charmant cavalier.
Priscillia et son frère était, eux, assis dans l'herbe à contempler le ciel d'un air absent. Ils avaient l'air bien bête à ne pas bouger depuis plus d'une heure maintenant. Tom, accompagné de plusieurs autres, devait l'être d'autant plus de les observer, intrigué.

Aux yeux des enfants Fawley, le monde ne tournait plus. Tout deux ne distinguaient plus le chant des oiseaux et le cheminement de l'eau du lac. Ils jouaient inconsciemment. Ils étaient allongés là depuis l'aube. Contrairement à sa sœur, Harry avait remarqué la vie qui habitait à présent le château.
Priscillia paraissait préoccupée, telle une enfant, elle fronçait les sourcils en se pinçant légèrement les lèvres. Son frère adorait lorsqu'elle faisait cela, son frère l'adorait à tout instant. Elle était si rayonnante après toute cette vie vécu, une étoile parmi les plus belles constellations.
Il sourit avant de déposer un baiser sur le front de sa petite sœur.

— Harry, j'entends leurs voix dans ma tête. Elles sont toujours aussi tordues, murmura-t-elle dans un souffle, comme si les brins d'herbes avaient des oreilles.

Celui-ci ne répondit pas à la déclaration de sa sœur. Elle n'attendait pas de réponse réelle, juste une oreille qui sache. Qui comprenne réellement.
Lorsque Priscillia Fawley perdait son sourire, peu de gens comprenait et savait quoi faire. Comme s'ils se trouvaient devant un problème d'arithmanie ou un livre d'une autre langue. En effet, lorsqu'elle était triste, il était rare qu'une épaule soit là.
Il y avait eu Abraxas à une époque. Elle ne faisait pas assez confiance à Helga. Quant à Tom, et bien elle n'était jamais triste à ses côtés. Pourtant ce jour là, elle fut sûre de ne pas pouvoir décrocher un seul sourire, même au préfet de Serpentard. Ses belles et douces lèvres formaient une moue inquiète et toujours légèrement pincées.

Elle finit par se lever, prétextant un besoin de se préparer, pour rester seule. Son frère savait mais ne savait quoi répondre. Elle préféra donc se tenir éloigné de ses regards peinés. Oh qu'elle haïssait cette pitié dans les regards de ces proches. C'était sûrement la seule chose qu'elle eut à reprocher à son frère de toute sa vie. Elle ne lui demandait pas d'effacer ses cicatrices ou de guérir leur famille. Seulement son épaule et quelques gâteaux avec son amour.

Elle s'était éloignée du monde, enfermée dans la salle de bain de son dortoir. Elle ne souhaitait plus entendre toute voix que portait cette école. Elle mit, pour son bien, un concerto de Chopin. Elle se plaça devant le grand miroir avant de se dévêtir. Elle attarda alors son regard sur cette cicatrice. Elle remonta ses yeux, de sa cheville à sa hanche. Doucement, elle détailla avec dégoût chaque fluctuation de cette marque. Ses yeux renvoyés la haine farouche qu'elle ressentait pour cette chose.
Finalement, elle détourna les yeux, le cœur lourd et rentra dans la douche.

Elle passerait une bonne soirée en compagnie de Tom, elle sourirait jusqu'au étoilé et danserait à travers toute la salle. Elle se devait de le faire.
Après tout, ce n'est qu'une cicatrice, qu'un trait qu'on ne voit pas si on ferme les yeux. Qu'on ne voit pas, qui n'existe pas.

—-

Elle était prête à rejoindre Tom à présent. Elle venait d'installer, entre les mèches de ses cheveux ondulés pour l'occasion, son diadème adorée. Elle le portait depuis plusieurs années maintenant, il était splendide. D'un argent éclatant. Il s'accordait alors avec sa robe pourpre. La couleur du pouvoir.

Elle fut satisfaite de son reflet dans la glace. D'un pas décidé, elle franchit les portes de sa salle commune. Les gens lui souriaient pourtant elle ne faisait qu'un mince signe de tête en guise de réponse. Elle ne souhaitait pas côtoyer le monde ce soir. Elle partagerait quelques danses avec Tom et peut être une avec son frère avant de partir. Elle préférait faire comme cela. Se réfugier loin de la fête.

PLUS PUR QUE L'OR | 𝘛𝘖𝘔 𝘑𝘌𝘋𝘜𝘚𝘖𝘙 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant