5. Point lumineux dans la mer.

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— Les belles étoiles brillent inconditionnellement dans le noir de l'infini ciel.

— C'est bien beau de faire la poète, Priscillia, mais ce n'est que du noir accompagné de points lumineux, soupira Tom en s'accoudant à son tour à la rambarde de la tour.

La jeune fille sourit quelques minces secondes de la prononciation de son prénom. Elle songea ensuite au fait que ce garçon devait avoir eu une si triste vie pour penser comme cela. Pour ne pas voir le ciel comme le plus beau des échappatoires.

— Tu devrais essayer, parfois, quand ta vie semble trop dure, trop noire d'observer le ciel sombre. De te dire qu'il y aura toujours plus sombre. Tu relativiseras alors. Ou imagine que les beaux points lumineux de cette mer noire sont toutes les personnes que tu as un jour perdues, qui te surveillent.

Tom fixa la fille à ses côtés sans répondre. Il réalisa que cette fille, malgré les larmes coulant à torrent sur ses joues, semblait toujours trouver une beauté dans ce monde perverti. Elle avait une belle vision de la vie. Elle ne prenait pas le temps de se focaliser sur elle, sur son cœur humide de tristesse.

— Tu devrais arrêter de penser aux autres, ta propre vie vaut tellement plus que toutes ces autres insignifiantes, avoua le jeune homme, agacé. Ne crois pas que je vais t'obéir, maintenant dis moi ce qu'il se passe. Pourquoi pleures-Tu ?

— Je ne veux pas te le dire.

Quelques secondes passèrent, Priscillia cru sentir une lame froide passer sur sa joue. Ce ne fut que la douce et glaciale main de Tom qui effaçait ces larmes avec acharnement, le visage toujours fermé. Il murmura des choses incompréhensibles ce qui fit ricaner la douce fille. Il posa alors son regard sur elle, la main toujours posé sur sa joue.

La noiraude mentirait si elle disait ne pas avoir cru défaillir à ce moment. C'était comme dans un roman d'amour. Comme au moment des déclarations. C'était comme tout cela comme que ce ne l'était pas. Ça semblait même tellement plus fort. Leurs regards étaient plongés intensément dans l'autre. Dans un cliché, elle pouvait avouer qu'il ne semblait ne plus rien avoir autour d'eux.

— Dans ce monde, il y a des personnes mauvaises et bonnes. Je semble encore maudite en te disant que je ne tombe que sur des mauvaises. J'ai le cœur meurtri de mauvais souvenirs et le corps blessé d'inhumanité, annonça-t-elle en gardant le regard plongé dans celui de Tom.

— Je te mentirais en te disant que ce n'est pas beau ce que tu dis mais bon sang, les belles phrases pour cacher ton malheur, je n'en veux pas. Dis moi ce qui te fait souffrir ! insista le jeune homme, un peu exaspéré.

Priscillia ricana. Pourtant, dans l'éclat de son rire cristallin, habituellement empli de joie et  enfantin, il ne perçu qu'une si grande tristesse. S'il devait bien avoir un jour voulu que quelqu'un soit heureux, ce fut bien elle. Non pas que son bonheur lui importait réellement, il dirait plus que son malheur le dérangeait. Qu'une gamine aussi douce n'avait pas à devoir sécher inlassablement ses larmes.

— La magie est la plus belle chose que ce monde a pu nous apportait. Nous sommes des êtres plus purs que le soleil, plus pur que l'or.

Elle prit une pause pour fermer les yeux. Était-elle réellement sur le point de révéler la plus grande de ces peines à Tom Jedusor ? Elle n'osait imaginer son frère s'il savait cela.
Elle profita un peu plus du contact de la main douce de Tom sur sa peau froide.

— Avant de déménager, avant d'être protégées par un sort, ma famille et moi habitions une rue moldue. C'était il y a 10 ans maintenant. Nous étions sortis pour assister à une pièce de théâtre, j'avais toujours aimé le théâtre. C'était Roméo et Juliette. Il était tard. Nous étions tous là. Mon père faisait la cour à ma mère en riant de la pièce. Je boudais tel un bébé, se remémora la jeune fille, les yeux toujours fermés.

Malgré la grande impatience de Tom, il ne l'interrompu pas, il comprit l'importance qu'elle donnait à chacun de ces détails. Si cette enfant devant lui voulait lui décrire chaque bâtiment qu'elle avait vu ce soir là, il l'écouterait en silence.

— Je marchais plus en avant que ma famille, ne voulant pas les entendre se moquer de ma pièce préférée. Et nos voisins sont apparus devant nous. Dans les yeux de la mère, celle qui nous donnait des gâteaux, nous saluait, nous grondait comme une grande amie , je vue de la haine. Je ne sais pas comment ils l'ont su, mais ils nous haïssaient. Sûrement une plus grande haine encore que celle que tu portes dans ton cœur. Ils ne connaissaient pas la magie, pas comme nous. Nous étions diaboliques, à éliminer.

L'emprise de Tom sur la joue de Priscillia semblait plus forte, enragée.

— Je fus la seule touchée, Tom. La seule que ces choses purent attaquées. La seule qui dû cicatriser, pourtant, nous furent tous blessés, tous.

Un long silence suivit les derniers paroles de la noiraude. Pourtant, innocemment, elle aurait tellement voulu qu'il soit celui qui lui dise ce qu'elle voulait entendre, qu'il l'a comprenne, la rassure. C'était idiot mais elle ne souhaitait que cela.
Tom ressentir alors une larme rencontrait sa main lentement. C'est tout aussi lentement que Priscillia rouvrit les yeux. Qu'elle les planta dans ceux de Tom.

Tom ne savait pas. Il ne savait pas quoi faire à présent que la jeune fille pleurait contre sa paume. Il pouvait fuir, à vrai dire, il voulait fuir. Effacer les traces de larmes de ces mains et effacer tout cela de sa vie. Il préfèrerait être enfermer dans sa chambre, l'esprit plein de sang et d'idée noire. Il préfèrerait ne pas avoir à reconstruire une petite fille mise en pièce par la vie. Ce n'était pas lui, ça ne le serait jamais. Pourtant, devant l'infini ciel et les si belles étoiles de la nuit, il prit cette gamine dans ses bras. Il pouvait sentir l'âme brisée de cette enfant contre son torse.
Il se jura alors de faire couler le sang pour chaque larme qui coula des yeux de cette fille.

—-

Tom était assis dans un cours ennuyeux entrain de regarder un film ennuyeux à côté d'une fille amusante. En effet, la noiraude à ses côtés poussée des cris à chaque parole mielleuse prononcé par Roméo.
Elle l'avait forcé à venir le regarder comme elle avait forcé son professeur à le montrer.

Il ne préférait pas écouter les murmures et se concentrer sur les images qui défilaient à ses yeux. Il crut comprendre que les personnes de cette école les pensaient en couple. Quelle drôle d'idée. Il était vrai qu'ils passaient la plupart de leur temps ensemble, qu'ils se chamaillaient souvent pour un rien. Mais nan, ce n'était pas de l'amour, en aucun cas. C'était un lien puissant, ils haïssaient ce que l'autre haïssait. Ils aimaient ce que l'autre aimait. Peut être qu'elle l'aimait, peut être pas. A vrai dire, cela lui importait peu, c'était juste une gamine assez amusante dans ce monde ennuyant.
Il continua de regarder la représentation filmée jusqu'à la fin. Une fin tragique. Les deux jeunes amis sortirent de la salle. Le cœur léger, Priscillia sautillait sous le regard amusé de Tom.

— Gamine.

Elle n'accorda qu'un énième sourire à la remarque du sorcier. Elle observait le ciel qui s'éclairait peu à peu. Les jours étaient passés depuis ce fameux soir. Aucun des deux n'en avaient parlés, il n'y en avait aucunement besoin. Tout était bien comme cela. Pourtant, une question restait en suspens dans l'esprit de la jeune fille. Elle n'eut pas le temps d'y penser plus que la voix de Tom retentit à nouveau :

— Tu ne m'avais pas dit que ta pièce parlait de magie ? demanda-t-il, les sourcils froncés.

— Tu es un idiot, Tom Jedusor. Il y a bien de la magie dans Roméo et Juliette, la magie de l'amour.

Puis Priscillia reprit ses sautillements, le sourire aux lèvres, la question à nouveau dans son esprit.

————

Voilà, cela faisait longtemps, trop longtemps. Excusez-moi énormément pour cette longue absence. J'espère que vous apprécierez ce chapitre et que vous me pardonnerez.

Donc, avez-vous appréciez ce chapitre ?
La révélation de Priscillia ? Et sa relation avec Tom, qu'en pensez-vous ?

Merci d'avoir lu, à bientôt, promis.

PLUS PUR QUE L'OR | 𝘛𝘖𝘔 𝘑𝘌𝘋𝘜𝘚𝘖𝘙 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant