Je traverse le perron de notre immeuble et m'arrête devant la porte. Ce n'est plus chez moi, je n'ai pas à rentrer en utilisant mon propre jeu de clefs. Mon poing s'abat sur la porte, les coups résonnent dans le couloir. Je retiens ma respiration lorsque j'entends la serrure tourner. Carter me fait face, l'air totalement déphasé. Je n'arrive pas à savoir si c'est à cause de la nuit blanche, sa journée de travail ou les deux cumulés.
Il hésite un instant quant au comportement à adopter avant de s'effacer pour me laisser entrer. Je me dirige automatiquement vers le salon et me fige devant les canapés en cuir. J'avais répété au moins quinze fois ce que j'allais expliquer à Carter. Mais je n'avais certainement pas prévu dans mon scénario qu'Emmett serait présent. On se dévisage longuement avant qu'il ne prenne l'initiative de me faire la bise. Le contact de ses lèvres sur ma joue m'électrise, je n'ai aucune idée de comment me comporter.
« Je vous laisse discuter en privé, nous annonce Emmett. Tu m'appelles si tu as besoin, ajoute-t-il à l'intention de Carter ».
Il se donne une poignée de main viril et mon coup d'un soir quitte l'appartement. Je me gratte nerveusement la joue, ne sachant pas quoi faire. Voir Emmett m'a totalement déstabilisé, me balançant des flashs de sexes absolument torrides. Carter se poste devant moi, les bras croisés, attendant que je prenne la parole.
Mon esprit est totalement vide, j'ouvre la bouche mais aucuns sons ne sortent, j'ai l'air complètement stupide. Ses sourcils sont froncés, ses cheveux blonds coupés courts encadrent son front. Je me laisse tomber sur le canapé et enfouis mon visage dans mes mains. Je n'étais peut-être pas assez préparée à cette confrontation. Mais apparemment, mon silence est un élément déclencheur.
« Lenny tu pensais à quoi bon sang !
Je sursaute à l'entente de son cri et grimace pour le surnom. À l'expression qu'il affiche, ça ne lui plait pas non plus.
- Tu vas vraiment tirer un trait sur quatre ans de relation ? Pour du sexe ? Tu sais à quel point je suis fatigué ? Comment je suis obligé de me casser le cul au boulot pour nous ?
- Il n'y a pas que ça Carter, on n'a plus rien en commun. Tu te vois vivre comme ça pendant encore quarante ans ? Si tu as envie de rabaisser tout ça à un problème vas-y, mais ne te voile pas la face. On n'était pas fait pour être ensemble.
- Mais Evelyn on avait décidé de se marier ! Ce n'était rien pour toi ? Tu offres ta main et ton amour à n'importe quel connard ?
Je ne peux réprimer le soupire dévastateur qui fait frémir mes mèches de cheveux. Je vois Carter se briser devant moi, je lui fais tellement de peine. Comment moi, Evelyn au grand cœur, puis-je faire souffrir une personne à ce point ? Mon cœur m'ordonne de le prendre dans mes bras pour le réconforter tandis que ma raison me surine que c'est une très mauvaise idée.
- Carter je suis désolée ... Pardonne-moi s'il-te-plait.
Ce dernier réagit par un coup de poing dans le mur le plus proche, laissant sur le plâtre un renfoncement à l'endroit de l'impact. Je ne peux m'empêcher de penser à la caution qu'il ne récupéra pas. Carter me fait face, le visage tendu par la rage.
- Récupère tes merdes et dégage, me dit-il froidement.
Je me retiens de pleurer et pars presque en courant dans notre ancienne chambre. J'attrape ma valise et la bourre sans ménagement de toutes les affaires que je vois. Il faut que je parte de cet appartement le plus vite possible. Carter a beau être blessé par mon comportement, je ne peux m'empêcher de le haïr. Je ne pensais pas qu'il me traiterait de la sorte.
Des larmes perlent au coin de mes yeux, je les essuie d'un geste rageur. J'ai réussi à caser tout ce qui m'était indispensable, je repasserai chercher le reste plus tard. Je tire sèchement la fermeture éclair et déplie la poignée. Carter m'attend sur le pas de la porte, un sourire mauvais sur ses lèvres. Je crois que j'ai envie de le tuer. Où est passé l'homme doux et lisse qui a partagé ma vie ces quatre dernières années ?
- Profite bien de ta nouvelle vie de femme libre, crache-t-il.
- Va te faire foutre !
- Salope. »
Carter claque la porte derrière moi et la verrouille. Je sors précipitamment de l'immeuble et éclate en sanglots. Je suis une personne forte mais entendre mon ex m'insulter me retourne l'estomac. Mes talons résonnent sur le béton, je resserre ma veste contre moi et baisse la tête jusque ma voiture.
C'est au moment de la déverrouiller que je me rends compte qu'Emmett m'attend devant. Il ne m'a pas encore vu mais il a l'air extrêmement nerveux. Cela fait une demi-heure qu'il doit patienter assis sur mon capot. Emmett m'aperçois enfin, la mine grave. Mais dès qu'il voit mon visage ravagé par les larmes, il m'ouvre ses bras.
Instinctivement, je me laisse aller contre son torse tandis qu'il m'enlace avec force. Il frotte vigoureusement mon manteau et m'embrasse sur le front. C'est complètement fou, deux jours plus tôt on n'aurait jamais été aussi intime et maintenant Emmett me réconforte comme un ami. Mes pleurs se calment, je me reprends doucement.
Emmett m'offre un sourire triste et me frictionne une nouvelle fois le dos. J'essaie de lui rendre la pareille mais je sens mes lèvres s'étirer dans une grimace étrange. Il ricana de ma maladresse et m'ouvre la portière pour que je puisse poser mon bagage.
« C'était si terrible que ça ? me demande-t-il.
- Il m'a traité de salope.
Sa main qui était restée sur mes reins se crispe. Je l'entends grogner près de mon oreille. Son visage s'est fermé, il semble très en colère à présent.
- Il a fait quoi ? Emmett est en train de fulminer. Je vais lui casser la gueule.
- Sûrement pas ! Carter a de la peine et il a mal réagi. Puis ce serait vraiment bizarre que tu interviennes, on est censés se détester !
- Tu es trop gentille.
Je rigole et me défais de son étreinte. C'est vraiment étrange de découvrir cette nouvelle facette de sa personnalité. Je comprends mieux comment il faisait pour emballer autant de filles à la suite. Emmett sait aussi montrer son petit cœur sensible.
- Je l'ai plaqué et j'ai couché dans la foulée avec son meilleur pote ! j'appuie sur son sternum à chacun de mes mots. Je ne suis pas gentille.
Emmett saisit mon poignet et me regarde droit dans les yeux. Je suis à quelques centimètres de lui et je repense à la nuit que l'on a passée ensemble. Je suis épuisée, la journée a été vraiment longue. La sonnerie de son téléphone met un terme à nos échanges de regard langoureux. Il décroche sans arrêter de me scruter.
- Ouais mon pote, il marque une pause. Si mal que ça ? Bouges pas je te rejoins dans cinq minutes, il raccroche et soupir. Le devoir m'appelle Evelyn. »
Il m'embrasse doucement sur la tempe et s'en va. Finalement on n'a pas du tout mis les choses en clair e ton est toujours dans le flou. Une chose est sûre, personne ne doit être au courant de ce qu'il s'est passé. Je monte dans ma voiture et rentre chez moi le cœur lourd.
Fin du troisième chapitres, début de quelque chose entre Emmett et Evelyn ?
Des bisous <3
I N I B I T A
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Primo
RomanceEvelyn a tout ce dont une jeune femme peut rêver : un travail, un bel appartement et un fiancé. Mais derrière les apparences, Evelyn étouffe. La monotonie et la perspective d'un destin déjà tracé ne lui convient pas. Lorsque tout explose, Evelyn a...