Chapitre 5 - 2

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Shelby s'installe confortablement dans son canapé, une tasse de café en équilibre sur l'accoudoir avec son ordinateur sur les genoux. Je crains à chaque instant qu'un accident n'arrive mais ne dis rien pour ne pas la vexer.

Ce soir je n'y couperais pas, je vais avoir le droit à mon inscription sur tous les sites de rencontres possibles et imaginables. Ma meilleure amie a décidé qu'il fallait me remettre sur le marché au plus vite, avant que mes fesses ne deviennent toutes flasques et que mes seins n'atteignent mon nombril. Bien évidemment, ce sont ses mots. Encore plus évident, elle n'est absolument pas au courant de ce qu'il s'est passé entre Emmett et moi.

J'ai beau avoir retournée la situation dans tous les sens, je n'arrive pas à la présenter sous une lumière positive. Shelby m'arracherait sûrement les yeux à l'entente de ses aveux. À la vue de ce qu'elle est en train d'écrire sur mon profil, j'en ai encore bien besoin.

« Tu ne peux pas mettre que je cherche juste un plan cul sur internet ! m'écrié-je. Je vais me retrouver avec tous les chiens de la planète.

- Tu vois le mal de partout Lenny, maugréé-t-elle.

Je lève les yeux au ciel et prends une gorgée de mon chocolat chaud. Contrarier Shelby est clairement une mission suicide. Quand elle part dans un délire, il ne faut surtout pas aller à son encontre au risque d'essuyer une crise phénoménale.

Malgré sa mauvaise fois, elle concède à noter une description plus standard et moins aguicheuse. Malheureusement, la brune se replonge dans mes photos privées. Notamment celles relatives à des vacances en Floride, au bord de la mer, en maillot de bain.

- Qu'est-ce qui ne va pas chez toi Shelby ?

- Ecoute ma belle, si je te mets là-dessus c'est pour ton bien. Tu n'as pas besoin de trouver un copain, tu y arriveras très bien toute seule. En revanche, il va te falloir quelqu'un pour te faire couiner de toute urgence parce que six mois sans voir le loup c'est beaucoup trop ! »

Je feins d'observer les coutures du coussin sur ma droite pour que ma meilleure amie ne puisse pas apercevoir mon trouble. J'ai déjà mis un terme à ma période d'abstinence forcée. Deux fois. Et c'était complètement dément. Ses sites ne m'apporteront rien de plus que des problèmes, c'est couru d'avance.

Shelby prend mon silence pour consentement et valide mes informations. Et voilà, je suis propulsée sur la toile, auprès des quelques milliers de personnes en quête du bonheur. Ou plus vraisemblablement, d'un coup à tirer dans la région. Je baille en m'étirant longuement, mon interlude sexuelle m'a complètement épuisée. Passer la fin de journée à cogiter à ce propos ne m'a pas aidé non plus.

Contente de son action, ma meilleure amie coupe la page internet pour en ouvrir une autre en quête d'un appartement pas cher et près de chez elle. Elle refuse tout bonnement que je m'éloigne, craignant sûrement de me retrouver pendue à mon rideau de douche. Pourtant, je me sens bien.

C'est la première fois que je peux dire ça depuis longtemps mais je suis heureuse. Même si je n'ai plus de toit où vivre, même si je n'ai plus de petit-ami. Carter aura été un fiancé aimant mais insipide. Il m'aura juste fallu quatre ans pour m'en rendre compte.

Je n'ai toujours pas prévenu ma famille, je ne sais pas si lui l'a fait. J'appréciais pourtant beaucoup Kirsten, ma belle-mère. Elle a toujours été prévenante et bienveillante avec moi. Je regrette de lui faire de la peine. Ses gaufres lors de nos brunchs dominicales vont me manquer, j'en suis certaine.

Le bruit de la sonnette me sort de mes pensées. Shelby se lèvre vite, soudainement toute guillerette, et laisse entrer son coup de cœur du moment, Jaxon. Ce dernier est sympa, un peu trop collant par moment, mais il regarde toujours Shelby comme un petit trésor à surveiller. Mon amie l'embrasse rapidement et indique à Jaxon qu'elle doit récupérer son sac à main.

J'adresse un signe de main à son rancard et récupère son ordinateur pour continuer les recherches de biens immobiliers en location. Shelby surgit de nouveau dans le salon et écrase un baiser sonore sur ma joue.

« À plus tard Lenny ! elle se penche vers moi et chuchote à mon oreille. Et n'oublies pas notre conversation, tu peux t'amuser sans t'engager. »

J'acquiesce et leur souhaite une bonne soirée. La porte claque, le silence m'enveloppe, me laissant seule avec les dernières paroles de la brune. Bien sûr que je peux m'amuser si j'en ai envie, je suis totalement capable de coucher avec quelqu'un sans m'attacher émotionnellement. La vraie question est de savoir si Emmett est la bonne personne pour commencer une telle relation.

Je connais déjà sa réponse à lui, il m'a clairement fait comprendre qu'il ne souhaitait pas me voir tomber dans les bras de n'importe quels abrutis sans pour autant sortir avec moi. Mais ai-je envie de faire de lui un sexfriend ? Je ne l'apprécie pas, il n'est absolument pas mon ami. Mais il y a une telle alchimie entre nous, je ne me vois pas y renoncer. J'ai essayé une fois et on voit ce que ça a donné !

Je referme d'un mouvement sec l'écran de l'ordinateur et me lève à la recherche de mon téléphone portable. Je cherche le numéro d'Emmett dans mes contacts et appuie sur le bouton d'appel. Les quelques sonneries d'attentes augmentent mes pulsations cardiaques. Enfin, il décroche.

« Je savais que tu ne pourrais pas te passer de moi, se vante-t-il.

- Tu es vraiment un être abject Dawson.

Je l'entends rire bruyamment dans le combiné avant de boire une gorgée d'une quelconque boisson. J'imagine sans peine sa gorge onduler au passage du liquide.

- Pourquoi tu m'as appelé ?

- J'ai réfléchi à notre conversation de cette après-midi. Je voulais te signifier mon accord pour ce que tu m'as proposé.

- Tu es si coincée pour parler du fait que tu m'autorises à te faire gémir comme une petite chienne quand ça me chante Eve.

Mon cellulaire m'échappe des mains à l'entente de ses mots. Je me baisse prestement pour le ramasser, le rouge aux joues. Comment peut-il se montrer si détendu ? Je devine à l'utilisation de mon surnom que Carter n'est pas dans les parages. Je n'avais même pas pensée à ça au moment de le contacter.

- Ma décision, mes règles Emmett.

- Tant que ma queue peut entrer dans ta petite bouche tu fais ce que tu veux.

- Tu es si vulgaire, je frémis malgré tout. Je décide où, quand et comment. Et l'exclusivité est non-négociable.

- Et qu'est-ce que m'apporte cet arrangement ?

- Le privilège de me prendre sans concession.

J'entends sa respiration se bloquer. Aurais-je toucher un point sensible du grand Emmett Dawson, coureur de jupons et bourreau des cœurs ? Il inspire profondément avant de reprendre la parole.

- D'autres exigences ? chuchote-t-il dans le combiné.

- Ne tombe pas amoureux Emmett, c'est ma dernière demande.

Son rire rauque m'hérisse les poils et je me surprends à sourire face à son hilarité. Je l'imagine amplement nu devant moi et cette seule image suffit à me rendre toute chose.

- Crois-moi, c'est le dernier de tes soucis. Je te souhaite une bonne et longue nuit reposante, tu vas en avoir besoin pour la suite Eve. »

Emmett raccroche avant que je n'aie le temps de rétorquer quoi que ce soit et me laisse à bout de souffle de mon côté. J'ai l'impression de m'être jetée droit dans la gueule du loup. 

I N I B I T A

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