Chapitre 9 - 2

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Un petit cri à ma droite me fait sursauter et je me rends compte que j'étais tellement absorbée par mes chimères que j'en ai renversé mon cocktail sur moi. Fort heureusement la serviette posée sur mes genoux en a épongé une bonne partie, malgré cela la peau de mes cuisses n'est pas en reste. Je m'essuie maladroitement, mais le mal est fait, je colle. Je me relève tout en m'excusant et m'enfuie presque pour trouver la salle de bain la plus proche.

Personne ne semble avoir remarqué la tempête qui fait rage en moi. Je croise la jeune serveuse qui m'indique où se trouve la pièce et m'y engouffre sans attendre. Mes joues sont écarlates et mes mèches de cheveux volent dans tous les sens. J'ai l'air d'une petite folle en train de commettre une grosse bêtise.

Je saisis un linge propre et l'humidifie pour me nettoyer. L'eau fraiche me fait du bien et atténue un peu la chaleur qui embrasait ma peau. Je tamponne mon cou ainsi que mes joues pour faire redescendre la température et soupire. Je n'ai plus vraiment envie de retourner à cette table, en compagnie de Carter et de son père qui épient mes moindres faits et gestes. Après m'être rendue un peu plus présentable et avoir posée la serviette dans le panier prévu à cet effet, je sors enfin de la salle d'eau.

Ma tête cogne contre un buste et je découvre avec effroi que mon ex-fiancé m'attendait. Je porte la main à mon front pour endiguer la douleur et me décale de deux pas. Ma pire crainte se concrétise, me retrouver seule avec celui qui j'ai blessé. Pourtant son regard n'exprime pas trop de rancœurs.

« Je venais voir comment tu t'en sortais.

Sa voix ne montre aucun signe d'hésitation. Ces quelques années à exercer le métier d'avocat lui ont conférer une confiance et une aisance à l'orale qui m'a séduite dès notre premier rendez-vous. Carter sait dire les choses.

- Très bien, merci.

J'essaie de couper court à la conversation et de m'enfuir le plus vite possible. Mais sa main se referme sur mon poignet, m'obligeant à lui faire face à nouveau. Mon cœur bat la chamade et je me retiens de ne pas pleurer. Je n'ai pas envie d'avoir une conversation avec lui, pas maintenant.

Pas chez les parents d'Emmett !

- Tu as l'air de bien te porter, murmure-t-il et j'acquiesce mal à l'aise. Tu me manques beaucoup tu sais, j'aimerais tant que tu reviennes chez nous ...

J'écarquille les yeux et n'ai pas le temps de répondre qu'Emmett surgit dans le couloir. Je retire vivement mon bras de son emprise et croise les bras sur ma poitrine. Incapable de savoir quoi dire ou faire. Ma tête commence à tourner, j'ai vraiment trop bu pour un début de journée. Carter jette un regard lourd de sens à son ami mais ce dernier reste avec nous.

- Ma mère m'a demandé de te faire visiter. Si ça te tente, Evelyn. »

J'hoche la tête sans trop savoir et le suis dans le dédalle de couloir, laissant le blond en plan. Mes pensées virevoltent dans ma tête, et je suis incapable de me fixer sur une. La migraine ne va pas tarder à prendre sa place et je regrette déjà d'avoir pris la voiture. Emmett ne dit rien, ses sourcils sont froncés et sa mâchoire serrée. Il semble en colère sans que je ne comprenne vraiment pourquoi.

La visite n'en est pas vraiment une puisqu'il ne s'arrête devant aucunes pièces, aucuns tableaux et ne commente rien. Il me faut encore quelques minutes pour comprendre que Celia ne lui a sûrement rien demandé et qu'il souhaitait juste me soustraire de l'emprise de mon ex. Mon amant est toujours aussi serviable.

Nous arrivons enfin au dernier étage et mes pieds commencent à me faire souffrir à cause de mes talons. Nous passons rapidement devant une porte où le nom de Maya est peint en jaune avec une multitude d'abeilles autour. Je ne pose pas de questions, peut-être s'agit-il d'une cousine ou quelque chose du genre. Au bout du couloir se trouve une autre porte, et c'est le nom d'Emmett qui y est inscrit. Il pousse le panneau de bois sans ralentir et je découvre sa chambre.

PrimoOù les histoires vivent. Découvrez maintenant