Chapitre 7 - 2

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Je tourne en rond dans l'appartement de Shelby, cela fait au moins une demi-heure que je bataille pour savoir si je dois envoyer ou non un message à Emmett. Il est très égoïste de ma part de penser que d'une part, qu'Emmett soit libre un vendredi soir et que, d'autre part, il aurait forcément envie de le passer avec moi.

Une semaine s'est écoulée depuis notre dernier échange et si je m'étais écoutée je l'aurais rappelé le lendemain. Mais je devais, pour sauver les apparences, maintenir une distance entre lui et moi. Je n'ai ni le temps, ni l'envie de me jeter à cœur perdu dans une histoire d'amour. Et en matière de sexe, ma libido pouvait largement attendre sept jours entre chaque rendez-vous.

Cependant, dix minutes de plus à ruminer eurent raison de mon hésitation. Je saisis mon téléphone et tape un message à l'intention de l'objet de mes pensées.

« Ce soir ? »

Sa réponse me parvient quelques secondes plus tard.

« Pas disponible. »

Je ravale ma déception et me laisse tomber sur le canapé. Cette soirée s'annonce on ne peut plus ennuyante. Toutefois la réponse d'Emmett me laisse perplexe. Pas de remarques grivoises, pas de traits d'humour. Il n'a même pas essayé de s'arranger pour que l'on puisse se rejoindre plus tard. À quoi peut-il être tant occupé ?

Une heure plus tard, j'enfile mon manteau et me dirige vers l'appartement d'Emmett. Je ne sais pas où il vit exactement mais je connais au moins son immeuble. Ce n'est que devant la porte d'entrée que je me rends compte que je n'ai pas le code. Je fais les cent pas en attendant qu'un des habitants ne rentrent ou ne sortent.

Heureusement une vieille dame fait son apparition et je me glisse derrière elle discrètement. Les boîtes aux lettres m'indiquent l'étage où vit Emmett. Ce n'est qu'une fois devant sa porte que je me demande si cela est vraiment une bonne idée. À tous les coups il n'est même pas là et j'ai fait tout le déplacement pour rien. Prenant mon courage à deux mains, je toque à la porte.

Il y a du mouvement derrière le panneau de métal et un bruit de verrous. Enfin la porte s'ouvre et je dois faire face à Emmett totalement désemparé. Il est uniquement vêtu d'un bas de survêtement, pas rasé et les yeux cerclés de noirs. On peut voir à son visage qu'il n'est pas particulièrement heureux de me retrouver devant chez lui malgré son message de refus.

« Bonsoir, tenté-je.

- Tu ne devrais pas être ici, pas ce soir.

Sa voix est râpeuse comme du papier de verre, me laissant penser qu'il n'a pas parlé depuis plusieurs heures. Son haleine est chargée en whisky, il n'a pas l'air bien du tout. Je décide de passer outre sa remarque et me faufile rapidement dans son appartement. Sur la table de son salon trône une bouteille vide et une autre déjà entamée. Je déglutis péniblement et lui fais face.

Emmett n'a pas refermé sa porte, il ne s'est même pas retourné. Ses poings sont serrés et je ne sais pas si c'est moi ou la raison de son mal être qui le rend aussi en colère. Quoi qu'il en soit, je refuse de le laisser seul dans cet état. Je retire ma veste et la jette sur le canapé avant de m'asseoir dessus. Le propriétaire pousse un soupir tendu et claque la porte.

- Je n'ai pas envie de coucher avec toi ce soir, son ton est implacable.

- Qui a dit que j'étais venue pour ça ?

- Pour qu'elle autre raisons aurais-tu pu faire le déplacement ?

Je ferme les yeux, repoussant tant bien que mal la vague d'émotions qui me submerge. Sa voix est cassante, il ne fait pas dans la dentelle. Et savoir qu'il est aussi mal me mine le moral. Où peut bien se trouver Carter ? N'est-il pas censé le soutenir dans ce genre de moment ?

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