Chapitre 4 - 1

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Je grimpe les marches quatre à quatre et m'heurte à une porte close. J'en profite pour prendre trois secondes afin de me ressaisir et frappe vigoureusement sur le panneau de bois. Carter m'ouvre, le voir me donne envie de lui démonter la mâchoire. Je ne devrais pas réagir comme ça, c'est mon meilleur ami et je suis censé prendre son parti. Il me tourne le dos et se dirige vers la cuisine pour sortir deux bières du frigo.

Carter s'affale sur le canapé, pose ses pieds sur la table basse et boit directement au goulot. Je soupire et m'assieds à côté de lui l'air de rien. Il pousse un grand râle et jette sa bouteille quasiment vide contre le mur en face de lui.

« Les femmes sont vraiment des putes !

J'acquiesce sans y croire. À moi d'endosser le rôle du pote de beuverie pour toute la soirée. À côté de la tâche d'alcool qui dégouline sur le mur se trouve un trou. Mon cœur se serre, est-ce qu'il aurait osé violenter Evelyn ?

- Tu l'as dit mec.

- Et la pire des garces est Evelyn, baragouine-t-il. Et dire que j'ai passé quatre ans de ma vie avec cette sale conne. Maintenant je vais m'éclater et baiser tous les petits culs de Chicago !

J'avale difficilement ma salive et sers les poings. Je sens que les prochaines semaines vont être très compliquées. Je vais devoir lutter entre mes envies de le tuer et le fait de devoir faire bonne figure. En temps normal je n'aurais eu aucun mal à descendre Evelyn en flèche mais après ce qu'il s'est passé la nuit dernière, tout à changer.

Je me suis réveillé avec une gaule monumentale et des souvenirs impérissables. Et la voir au bord du gouffre face aux injures de Carter la rend encore plus attendrissante. J'ai vraiment dû batailler contre moi-même pour ne pas remonter et briser chaque os de cet enfoiré.

D'un autre côté, je ne me suis jamais comporté de cette manière avec n'importe laquelle de mes copines. Non pas que je sois un goujat mais je ne m'implique pas autant. Evelyn me rend vraiment trop bizarre, il faut que je me détache. Je pousse un grognement appréciateur sans trop m'engager.

- Aller ce soir on sort, c'est vendredi et je veux me bourrer la gueule. On va au bar habituel ?

- Si tu veux. »

Carter me jette un regard circonspect et file dans sa chambre pour se changer. Il va vraiment falloir que je picole pour me détendre un peu et penser à autre chose. J'enfile ma bière cul sec et en attaque une seconde.

~

Il y a beaucoup de monde ce soir, l'ambiance est électrique. Cela fait deux heures que je regarde Carter parler avec toutes les filles baisables de la pièce. Bizarrement, je suis celui qui reste sagement au comptoir et qui boit une énième bière. J'en suis au moins à ma dixième et j'ai le regard vitreux. Je suis dans un état pitoyable et très malléable. Une jeune fille tout juste majeure trébuche devant moi et s'accoude de manière faussement sensuelle au tabouret vide. Elle porte une robe près du corps et des talons vertigineux. Elle est aussi complètement saoule.

« Salut beau gosse, moi c'est Polly.

- Emmett.

Mon ton froid la fait hésiter pendant un quart de secondes, Polly devait sûrement s'attendre à une réaction plus amicale. Elle prend une grosse inspiration et plaque de nouveau sur son visage un sourire de façade en agitant ses cheveux bruns. Polly pose sa main sur mon avant-bras.

- Je fête ma majorité avec mes copines là-bas, elle pointe un groupe de jeunes filles. Et j'avais pour pari de venir t'aborder alors ... me voilà.

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