Les fenêtres sont ouvertes pour permettre un courant d'air dans l'ensemble de la pièce. Le sol est recouvert d'une bâche transparente et les montants sont scotchés. Je suis au milieu de divers pots de peintures et étudie la lumière afin de trouver la couleur idéale. La chambre est illuminée et destinée au couple qui m'embauche.
Au bout d'une demi-heure mon choix est fait, j'installe les récipients en plastiques sur les tréteaux et commence les mélanges pour les murs. Je suis concentré sur ma tâche et calcule méticuleusement mes dosages. Je sors un petit pinceau et entreprends de dégager les angles, les plaintes et les prises.
Le métier de l'artisanat n'était pas la profession que je rêvais d'exercer quand j'étais petit. J'avais les mêmes lubies que n'importe quel enfant : pilote de course, médecin, vétérinaire et j'en passe. Mais ma scolarité est soudainement devenue chaotique à cause de mon environnement familiale et j'ai rapidement perdu le fil. Je n'avais pas de réel talent en tant que conducteur et pas assez de bonnes notes en science pour m'en sortir à l'université.
Les travaux manuels m'ont très vite servi d'échappatoire à mon quotidien. La satisfaction d'un travail bien fait et la fatigue après l'effort valait à mes yeux tous les traitements anxiolytiques. Et voir les iris de ma sœur pétiller à chaque fois que je terminais de repeindre sa chambre me faisait chaud au cœur.
Une heure après, je sens une présence derrière moi. Evelyn se tient debout dans l'embrasure de la porte, les bras croisées sur sa poitrine et une expression déterminée. J'imagine déjà les problèmes que je vais avoir juste à sa posture. Elle est habillée simplement et malheureusement pour moi, je la trouve extrêmement sexy. Son jean moule à merveille ses formes et son petit t-shirt n'est pas en reste.
Je repose mon instrument de travail et essuie mes mains dans un chiffon usagé. Je m'approche d'elle pour la saluer mais ses baskets font trois pas en arrières. Je me stoppe et passe ma main sur ma nuque mal à l'aise.
« Tu voulais me parler Evelyn ?
La jeune femme soupire bruyamment et se gratte le menton. Elle choisit finalement d'entrer dans la pièce et la parcoure tout en gardant une distance raisonnable avec moi.
- J'ai répété au moins cent fois ce que j'allais te dire et maintenant je perds mes mots.
Un petit sourire perce ses lèvres mais ses traits restent tendus. J'interromps son cercle pour saisir ses mains au creux des miennes, l'obligeant à me faire face.
- Qu'est-ce qui te tracasse ?
- Ce qu'il s'est passé entre nous ne doit jamais s'ébruiter, ni se reproduire. Sa phrase me fait l'effet d'une claque. J'avais un plan dans ma tête : je devais me séparer de Carter et prendre du temps pour moi, savoir ce que je voulais vraiment. Puis tu as débarqué à peine douze heures après ma rupture pour me culbuter dans les toilettes d'une boîte de nuit sordide.
- Respire Evelyn !
Elle ferme les yeux et inspire un grand coup. Je peux sentir son pouls s'affoler au niveau de son poignet, elle se met vraiment dans des états pas possibles. Sa poitrine enfle au rythme de ses respirations et je dois me faire violence pour ne pas loucher dessus.
- Tu as cru que j'allais te demander en mariage ou quoi ? Et bien évidemment que personne ne doit être au courant, Carter me tuerait !
- Et ça n'arrivera plus, insista-t-elle.
Je me mords la lèvre sous son regard inquisiteur. J'aimerai lui dire que ce n'était qu'une erreur et que l'on ne coucherait plus jamais ensemble. Tout serait tellement plus simple ! À dire vrai, j'ai découvert en l'espace de vingt-quatre heures une Evelyn que je ne pensais jamais côtoyer : fragile, empathique, humaine. Et en étant totalement honnête avec moi-même, chaude comme la braise.
C'est cruellement égoïste de ma part mais je ne suis pas prêt à laisser partir ce fantasme comme ça. Ni à la lâcher au milieu de cet amas d'hommes en ruts qui n'en auront rien à faire de ses sentiments. Je plante mon regard dans le sien.
- Je ne te laisserai pas avec un minable trouvé dans un bar.
- Pourtant j'ai bien couché avec toi Dawson !
Je ne peux m'empêcher de rire à sa réplique tandis qu'elle me fusille sur place. Evelyn a toujours détesté que l'on se moque d'elle, d'autant plus quand c'est moi. Je me rapproche encore plus et pose mes mains sur ses épaules, ma bouche à quelques centimètres de la sienne.
- Tu sais pertinemment qu'il n'y a que moi qui peux te faire jouir comme ça Miller.
Evelyn ferme les yeux pour ne pas me faire face, et expire doucement. D'ici je peux détailler son visage, ses petites tâches de rousseurs sur son nez et ses pommettes, ses lèvres pulpeuses et l'ourlet de ses cils. Ses cheveux blonds attachés dans un chignon désordonné bordent son visage.
- Pourquoi tu me fais ça, chuchote Evelyn. Je n'ai pas été clair ?
- C'était extrêmement clair Eve ...
- Alors explique moi ce qui fait que je dois me retenir de t'embrasser ? »
Je ne peux réprimer un sourire et franchis la distance pour saisir ses lèvres. Ses mains se referment sur ma nuque et son corps se serre contre moi. Elle entrouvre la bouche et sa langue caresse sensuellement ma peau. Je soupire bruyamment et glisse mes mains sous son t-shirt pour effleurer son épiderme. Evelyn frémit et descend ses doigts sur la ceinture de mon pantalon de travail. La suite risquait d'être très intéressante.
I N I B I T A
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Primo
RomanceEvelyn a tout ce dont une jeune femme peut rêver : un travail, un bel appartement et un fiancé. Mais derrière les apparences, Evelyn étouffe. La monotonie et la perspective d'un destin déjà tracé ne lui convient pas. Lorsque tout explose, Evelyn a...