J’emploie l’expression « séances spéciales » depuis un moment maintenant. Mais savez-vous à quoi je fais allusion ? Non ? Les patients n’en parlent jamais entre eux. Ils en ont honte.
Donc, vous ne savez pas de quoi il s’agit. À moins que… Vous ne vous en doutiez mais refusez de l’admettre ? Exactement comme Tim en entendant ce hurlement au final.
Tom a en effet subit une deuxième « séance spéciale ». Subir est d’ailleurs le juste mot.
Des électrochocs.
Le seul moyen trouvé par la médecine pour calmer les fous. Pour essayer de les dresser. Combien de fois les patients ont-ils dû passer ce genre de séance avant que tous ne s’alignent si calmement pour prendre leurs médicaments ?
Un hôpital psychiatrique n’est pas fait pour soigner les patients. Il est fait pour leur enlever tout libre arbitre en utilisant la peur.
« Tu ne veux pas prendre tes médicaments ? Très bien. Tu vas avoir droit à une séance spéciale. »
La première fois, le patient hausse les épaules, ignorant ce qui l’attend.
Puis, les fois suivantes, rien que prononcer ces quelques mots suffit à mettre le patient dans un état de stress et de peur intenses. Il regarde alors le médecin en tremblant, acceptant finalement l’ordre qui lui avait été donné plus tôt.
Voilà ce que nous faisons. Nous dressons des hommes de la même manière que nous expérimentons les sciences sur les animaux.
Il n’y a au final qu’une seule différence entre les médecins en service psychiatrique et leurs patients : ce sont eux qui sont sur la table, électrodes reliés aux tempes, paralysés par la peur, et nous, qui leurs administrons leur « traitement », sans aucun scrupule.
Car après tout, nous sommes tout aussi fous qu’eux pour faire subir un tel traitement à nos semblables.