Nous avons ramené Tim dans la pièce principale. Il semblait totalement vide. Il est allé s’adosser au mur où Tom passait la plus grande majorité de son temps. Il a regardé dehors pendant de longues heures.
Brian le regardait de loin, avant de se remettre à écrire dans son cahier. Je devrais peut-être lui prendre un de ces jours pour savoir ce qu’il écrit avec tant d’acharnement.
Tout le monde était présent ce jour ci, même Jason -c’était sa journée de sortie du mois-.
Tim s’est alors dirigé jusqu’au centre de la pièce. Il a regardé les patients. Et tous les patients le regardaient. Tous. Absolument tous. Ils se sont levés et se sont mis en cercle autour de lui en silence, abandonnant leurs précédentes activités.
C’est à ce moment que Tim a prit la parole, regardant les patients tour à tour :
« Brian, Toby, Kate, Jack, Jason, Ann, Smiley, Ben, Nina, Jeff.
Il est temps d’arrêter. Et de nous rendre à l’évidence. Cette farce a duré bien trop longtemps. Nous ne sommes rien. Rien de plus que des êtres humains. On a voulu faire semblant. Et on l’a fait. Tom est mort. Nous sommes allés trop loin.
Je ne veux plus qu’aucun de vous ne meure. Même toi Nina. Alors arrêtons. Avouons tout. »
Il les regardait tous longuement, les larmes aux yeux, ses deux masques dans les mains.
« Je m’appelle Timothy Wright. Et je suis un simple humain. Je n’ai aucun trouble de la personnalité. »
Il laissa tomber ses masques.
Tous les patients le fixaient. Puis il prirent la parole tour à tour. Et voici ce qu’ils déclarèrent :
Brian : « Je m’appelle Brian Thomas. Et je suis un simple humain. » Il serrait son cahier contre lui. « Je ne fais qu’écrire ce que je vois. Rien de plus. Ma cagoule ne me sert qu’à me cacher quand je pleure. »
Toby : « Je m’appelle Tobias Erin Rogers. Je suis moi aussi un humain. Je suis juste atteint du syndrome de la Tourette. »
Kate : Elle enleva son masque et regardait les autres, alors que la lumière éclairait tout son visage. Mais elle ne parlait pas.
Jack : « …. Tom était un bon ami. Je m’appelle Jack. J’étais un simple clown. Et j’ai mal tourné. Je suis un humain qui a loupé sa vie comme il y en a beaucoup. »
Jason : Il soupira longuement. « J’aurais voulu être un fabricant de jouet mondialement connu. Et j’aurais voulu avoir une meilleure amie qui tienne réellement à moi et ne me trahisse jamais. Je m’appelle Jason Meyer. Et je suis humain. »
Ann : Elle regardait en silence en acquiesçant.
Smiley : « Je m’appelle James Smiley. Je suis un médecin qui a mal tourné. Je n’ai pas supporté d’être viré. C’est tout. »
Ben : « … Je suis juste un ado accro aux jeux Zelda et au hacking. »
Nina : « J’aime juste draguer les beaux mecs. »
Jeff : « Je suis un simple tueur en série. »
Tim les regarda un long moment, en souriant légèrement. Il reprit finalement la parole :
« Nous avons tous commis des crimes plus ou moins graves. Certains d’entre nous devraient être en prison. Mais nous n’avons rien à faire en asyle. Nous avons trouvé cette excuse de manoir pour éviter la prison. Mais il se trouve que cet endroit est bien pire qu’une prison. »
Brian prit la parole et me montra du doigt. Je les regardais depuis le début.
« Ce médecin. Sam Bonthari. Est coupable. Pour tout. C’est lui qui s’occupait des voltages, lui qui nous donne nos médicaments pour qu’on reste de gentils chiens bien dressés. Je ne prends plus ses médicaments depuis bien longtemps. Et ça fait une semaine que plus personne ici ne les prend. Les patients me les donnent. » Il sortit un sachet rempli de comprimés. « Bizarrement, depuis que nous ne les prenons plus. Nous avons retrouvé les souvenirs qu’il nous manquait. Tout ce que nous subissons est de sa faute. Tout événement surnaturel est lié à lui. »
Tous les patients se sont mis à me regarder.
Jack prit la parole : « C’est lui qui m’a donné ce ballon. »Et Tim aussi : « C’est lui qui avait pris mon masque. Je l’ai vu sortir de ma chambre juste avant qu’on ne retrouve le masque de « Maze » sous mon lit. »
Puis Toby : « C’est lui qui m’a fourni les ingrédients nécessaires pour la création de la bombe. »
Jason : « C’est lui qui m’avait donné la cire pour l'infirmière, ainsi que du fil et une aiguille. Je n’ai fait que les donner à Tom. »
Je les fixais tous. Ils me pointaient tous du doigt. Eux qui étaient tous fous. Ils m’accusaient moi. J’allais m’opposer à tout cela lorsqu’un rire retentit.
Tom venait d’entrer. Sa camisole de force renforcée, il n’y avait plus aucun moyen de le détacher simplement. Il était totalement entouré de chaines. Lui aussi prit la parole :
« C’est moi qui les ai tous dénoncés. Je suis celui qui a rendu possible tout ça. Chaque appel. C’était moi. » Il marqua une pause. « Mais nous sommes en effet loin d’êtres fous. Nous n’avons aucun pouvoir. Sam a tout manigancé pour pouvoir nous garder. Pour pouvoir faire des études sur nous. C’est lui qui avait caché la sucette de Jack dans ma camisole. Et devinez qui était le seul a avoir la clé pour défaire ma camisole. Le médecin en chef bien évidemment. C’est lui qui s’occupait de me détacher. Son seul but était de faire croire à l’existence de ce qu’il appelle les « Creepypastas ». Mais rien n’est réel. Ce ne sont que des histoires qui font peur sur internet. Nous n’avons rien à voir avec ça. Nous sommes juste un groupe d’amis. Et on a voulu éviter la prison. On a profité du système. C’est le seul moyen que nous avons trouvé. »
Tom s’approchait de moi.
« Tu as essayé de me tuer. Dommage qu’on soit dans un hôpital n’est ce pas ? Un arrêt cardiaque peut facilement être rattrapable lorsqu’on est entourés de médecins. »
Tous les patients fixaient Tom. Tim se jeta sur lui pour le prendre dans ses bras en pleurant. Tom souriait. Leur façon de se dire à la fois bonjour. Et adieu.
Ils furent tous séparés. Les tueurs en prison. Les innocents en liberté.
Quant à Sam. Il fut interné dans son propre hôpital. Le seul fou de l’histoire. Était lui.
FIN
C’est ce que vous auriez voulu lire n’est ce pas ?
Et si ? Depuis le début, tout n’était que dans votre imagination ?
Je vous ai manipulés.
Qui donc écrit tout ceci depuis le début ? Sam Bonthari ? Vraiment ? Mais qui donc passe ses journées à écrire dans son cahier ?
Sam Bonthari n’existe pas.
Ce n’est qu’un anagramme.