Chapitre 6 :

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Les yeux de la fermière s'ouvrirent d'une lenteur patiente, la forte impression d'avoir sommeillé de longs mois dans son esprit. Son corps se releva à la hâte, cependant son sang ne fit plus qu'un et sa tête se mit à tournoyer sur elle-même.

Elle était encore tellement faible.   

« Où suis-je... » se demanda-t-elle à elle seule.

Ses mains se levèrent et elle frotta son jeune visage de moins en moins marqué par la vengeance avant de s'éloigner doucement du lit, prenant son temps pour cette fois. Ses doigts passèrent à présent sur le matelas confortable, ses yeux se fermèrent à nouveau et cette sensation de chaleur lui fit étonnamment bien. C'était sûrement la seule fois depuis tant de jours maintenant qu'elle se sentait apaisée, en sécurité. Elle était dans sa chambre, dans cette vieille ferme. Sa robe de nuit collait à sa peau et ses cheveux étaient encore ébouriffés, signe qu'elle avait longtemps dormi. 

« Misaki ! Le petit-déjeuner est prêt ! »

Un frisson parcourût sa peau, et elle se figea, ne réalisant pas qu'il s'agissait de la voix de son oncle. Elle partit aussitôt de sa chambre et descendit les marches de l'escalier pour le voir.

« Oncle ? » s'étonna-t-elle.

Elle aperçu juste après sa frimousse toujours jeune et insouciante, puis ses cheveux en vrac. Impossible qu'il se trouvait là, ce n'est pas...

« Tu as fait un cauchemar ? »

Un cauchemar ? N'avait-elle fait qu'un cauchemar ? Pourtant tout ce qu'elle avait vécu, sa mort tragique, ces deux créatures, ce monstre vert à peine plus grand qu'elle et l'immense frayeur qui était constamment en elle... tout ça n'était décidément qu'un mauvais rêve ? Impossible d'avoir une si grande imagination.

« Non ! Tu t'es fait tuer par... tu... »

Elle s'arrêta net, les spasmes de ses pleurs lui foudroyant le corps, son corps lâcha prise et elle s'écroula contre le sol. C'était impossible. Ce n'était pas un rêve... c'était si réel... ou alors, c'était vraiment terminé ? Elle s'était réellement réveillée de tout ça ? Elle se mis ensuite à sourire discrètement mais en sentant la délicieuse odeur du petit-déjeuner, les oiseaux chanter en dehors de la ferme et le vent tapant joliment contre le bâtiment, elle tomba une seconde fois en larmes. Bon sang... ce n'était qu'un rêve...

« Mon oncle... je... » débuta Misaki.

Seulement celui-ci ne lui laissa pas le temps de terminer et l'enlaça de toutes ses forces. Elle sentit son odeur de savon et elle se mis à sourire enfin. Non, tout ceci n'était pas réel.

« Misaki... tu as sûrement dû avoir une effroyable nuit... » s'inquiéta son oncle.

« J'ai eu si peur... tu étais mort... »

Les yeux de son oncle s'écarquillèrent mais il resta stoïque, bien qu'une perle d'eau perlait le long de sa joue. Il ne savait pas ce dont elle avait rêvé mais il ne ressentait pas l'envie de le savoir. Ils restèrent enlacés pendant un instant encore, puis la jeune femme s'éloigna, le sourire jusqu'aux oreilles et les larmes de joie se versant sur son beau visage clair. En mangeant, toutes ses craintes étaient déjà parties, le repas était tout aussi délicieux que les précédents et cette sensation de se goinfrer lui avait tant manqué.

Seulement lorsqu'elle releva la tête de son assiette, le paysage changea brusquement et elle se retrouva devant l'étendoir à l'extérieur, ses mains tenant une poignée d'épingles et le panier juste au-dessous d'elle. C'est étrange, pensa-t-elle en ce même instant, incapable de dire autre chose que ces deux mots. Machinalement elle prit un des vêtements humide et propre qu'elle étira ensuite avec une pince, pourquoi avait-t-elle la soudaine impression d'être forcée dans ce qu'elle faisait ?

Serait-ce l'amour ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant