Chapitre 7 :

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Ses larmes s'arrêtèrent, les battements de son coeur s'accélèrent et à ce moment précis, pendant quelques secondes, plus rien n'avait d'importance, l'injustice, le besoin de vengeance et la colère flottèrent loin au-dessus d'elle. C'était le premier sentiment agréable qu'elle venait de ressentir avec le vert, qui lui, avait toujours son front collé au sien, les yeux fermés. Misaki était troublée, ce monstre... ou créature... ne dégageait jamais une telle tendresse, pourquoi maintenant ?

Elle ne savait comment faire pour se délivrer de ce trouble, c'était une torture... elle ne devait pas trahir sa promesse de venger son oncle, elle ne le devait pas... il avait été là pour elle, il avait fait son possible pour subvenir à ses besoins, il passait la jeune femme avant tout le reste. Non, elle ne devait pas abandonner ces remords, elle ne devait pas oublier tout ce que ce monstre lui avait fait.

« Je... » commença-t-elle.

« Encore quelques secondes. » implora-t-il.

Les yeux de Misaki s'arrondirent, encore des paroles douces... pourquoi, il avait changé de comportement. N'était-il qu'un être lunatique ? Au moment même où elle s'apprêta à s'éloigner, la porte s'ouvrît, laissant apparaître une tête blonde hâtivement choquée du peu de distance entre le vert et elle-même. Elle reconnue vite l'homme. 

« Majesté... que faites-vous ? » débuta l'homme papillon avant de s'arrêter lorsque le vert lui jeta son plus grand regard menaçant.

« Tu as quelque chose à dire ? » ajouta le Roi d'une voix amère avant que son subordonné, le visage crispé, ne s'agenouille aussitôt.

« Non, votre Majesté. Je voulais vous avertir que nos projets risquent d'être perturbés. »

Des projets ? Quel genre de projet ? pensait la jeune fermière avant de sentir une légère brise glacée entre elle et le vert. Le roi se leva en un centième de secondes, décidément désagréablement surpris de cette nouvelle.

« Allons parler de ça ailleurs. »

« Mais... » s'opposa doucement Misaki.

« Ne bouge pas, humaine, et repose toi. »

Étonnamment, elle ne s'opposa pas à sa demande toujours ordonnée d'un ton bénin et se redressa enfin pour s'engouffrer dans les couvertures, acquiesçant en même temps d'un simple hochement de tête. C'était sûrement la première fois qu'elle entretenait une discussion aussi banale et humaine avec lui, et le mot surprenant était beaucoup trop faible selon elle. Le vert l'observa, puis s'en alla en compagnie de cet homme blond qui ne semblait clairement pas apprécier Misaki, constatation qui ne fit ni chaud ni froid pour la jeune femme, le sentiment était complètement partagé. Un long soupir s'extirpa de sa bouche. Elle ne comprenait décidément plus rien... peut-être justement parce qu'elle réfléchissait bien trop ? Ce n'était une idée absurde de penser ça. En se perdant davantage dans ses pensées, ressassant le moment qu'elle venait juste de passer, elle imagina le vert transformé en un beau humain aux cheveux étrangement verdâtres, un visage enfantin bien que splendide et un corps tout aussi magnifiquement sculpté que... stop. Ses poings se serrèrent, bon sang, qu'est-ce qui lui prenait tout d'un coup ! Ce n'était pas normal de réagir comme ça... d'avoir envie d'apprendre davantage sur un monstre qui ne fait que tuer, des êtres innocents qui plus est. Une question qu'elle se posait depuis quelques jours se trotta de nouveau dans sa boîte crânienne, pourquoi s'attardait-il sur Misaki alors qu'elle n'était qu'une simple humaine ? Elle n'était pas une de ces personnes avec une faculté impressionnante, ni même un Hunter, statut que tant de monde aimerait obtenir d'ailleurs.

« Arghh ! Bon sang ! » manqua-t-elle de patience, envoyant valser, au passage, l'un des oreillers loin du lit, près du mur au fond.

Il fallait qu'elle s'éloigne d'urgence si elle ne voulait pas devenir soudainement folle. Le choix était déjà décidé pour la jeune femme, elle allait partir, tenter une énième fois encore de s'échapper, mais cette fois avec l'ultime conviction qu'elle y parviendra. À cet instant, elle entendit une voix familière s'approcher de l'endroit où elle se trouvait. Elle tourna sa tête vers le côté opposé où se situait la grande porte, puis fit semblant de dormir.

« Protéger l'humaine, guérir l'humaine, nourrir l'humaine ! Je commence à en avoir marre de cette idiote insignifiante, s'énervait la femme-chatte de l'autre côté, je vais l'éliminer ! Même si ça ne plaît pas à sa Majesté ! » termina-t-elle.

Paniquée, la jeune fermière balaya la chambre luxueuse du regard, puis remarquant les deux grandes fenêtres de chaque côté de la pièce, elle se releva à la hâte puis observa le dehors, constatant au passage combien l'altitude était impressionnante. Elle voyait à peine le sol. Le courage maintenant de son côté, ses jambes enjambèrent cette dernière et elle ne se trouvait déjà plus à l'intérieur, ses petits pieds se reposant sur une étroite moulure de façade.  

« Quoi !? »

La femme-chatte grogna et son front se plissèrent, irritée au plus haut point.

« Tu penses que je ne sens pas ton nen ? Il est près... tu ne m'échapperas pas. »

Misaki manqua de tomber de plus d'une vingtaine de mètres, et une immense peur emprisonna son corps. Elle entendit le rire de cette créature et tenta de s'éloigner de la fenêtre, marchant lentement le long du mur extérieur de la bâtisse, mais c'était délicat... elle savait que si Pito la trouverait, elle ne ferait pas long feu, surtout dans la position dans laquelle elle venait de se mettre. Mourir et s'échapper de cette réalité était son but premier il y a quelques temps, mais périr de cette façon, jamais Misaki n'aurait ressenti une telle envie. 

« Il faut, pensa-t-elle dans sa tête, que je trouve le moyen de me sortir d'ici... et vite... »

Et comme si ça ne suffisait pas, elle discerna au loin une horde de ces monstres se rapprocher de vitesse modérée vers cet endroit même. Mince, mince, mince... elle était complètement prise au piège... comment allait-elle faire pour s'en sortir ? Alors c'est comme ça qu'elle allait mourir ? Non, il fallait qu'elle se reprenne. Elle ne désirait plus périr, du moins pas maintenant... mais alors, comment allait-elle se sortir de cette situation ?

Serait-ce l'amour ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant