Serait-ce l'amour ?

Chapitre 20 :

Depuis cette soirée embarrassante, peu de jours se sont écoulés et n'ayant obtenu aucune réponse du vert, Misaki avait alors préféré lui demander d'oublier simplement ce qu'il s'était passé, bien que, dans sa tête, les images défilaient en boucle comme une tornade ne finissant jamais. Alors, depuis ce jour, elle n'allait plus à sa rencontre et plus les jours passaient, moins les deux personnages ne se voyaient.

« Que fais-tu encore seule ? »

La tête de la brune se releva aussitôt pour trouver le regard interrogateur de la femme-charte, elle semblait de bonne humeur de voir Misaki, ce qui était étonnant de par leurs précédentes confrontations. Celle ci s'installa sur l'herbe à côté de l'ex fermière puis s'étira sans discrétion.

« J'étais seulement perdue dans mes pensées... j'avais besoin d'être seule. »

La chatte acquiesça avant de s'écrouler aussitôt sur le sol en lâchant un vieux bâillement.

« Et... et toi ? » tenta Misaki, hésitante.

« Sa Majesté me laisse du répit, mais j'ai besoin d'me divertir. Depuis qu'il a annulé nos plans... nous ne faisons plus rien d'amusant, c'est ennuyant... » bouda-t-elle.

Il était vrai que Meruem avait le plan de diviser l'espèce humaine en deux, ce plan, Misaki s'en souvenait parfaitement, même à la perfection. Seulement, et juste à temps, elle fit le serment de s'enfuir coûte que coûte si elle apprenait que celui-ci serait mis à exécution. Hors de question de les laisser faire, elle n'oubliait pas son espèce malgré tout, et elle ne l'oubliera pas.

La blanche et elle se mirent ensuite à parler, aussi étrangement que cela semblait paraître. Un tonnerre assourdissant alarma les deux femmes et contre toute attente le ciel se mît à devenir sombre comme la nuit, n'étant alors plus que brouillard et orages. Pito se releva vite inquiète. Misaki, elle, avait un odieux pressentiment.

« Je sens un puissant concentré de nen... il faut prévenir le Roi, et vite ! » paniqua Pito.

Elle ? Paniquée ? Était-ce possible ? La femme se concentra alors sur le ciel grisâtre pour tenter de trouver quelque chose mais pour elle, elle n'apercevait qu'un champ de nuage seulement très sombre. Rien d'anormal à priori, non ?

« Qu'est-ce qu'il... » débuta Misaki.

Seulement au moment, la blanche se pencha lentement, gonflant hâtivement ses cuisses, sous le cri d'étonnement de la brune, puis s'élança haut dans le ciel, jusqu'à s'éloigner du champ de vision de Misaki, qui elle était abasourdie. Elle comprît bien trop tardivement qu'elle devait avertir tous le monde d'une venue inconnue et entreprit également une course ahurissante, manquant de respirer à plusieurs moments.

Lorsqu'elle tomba sur un groupe de fourmis-chimères elle descella ses lèvres pour les alerter mais une énorme secousse percuta le sol et ils s'écroulèrent tous contre celui-ci, sous le choc.

« À terre ! »

Une avalanche d'éclairs dévalèrent vers eux et enfin Misaki pouvait apercevoir quelque chose, quelque chose de bien différent qu'un simple brouillard. À très haute altitude volait un dragon si éclatant que le ciel en était éclairé par sa couleur or. Cela dépassait tout entendement, rien n'avait de sens pour la jeune femme.

« Allez prévenir le Roi ! » ordonna-t-elle.

Tous acquiescèrent et partirent dans toutes les directions afin de ne pas manquer le vert de près. Elle regarda une énième fois le ciel et se démena pour trouver Pito, en vain.

« Bon sang... »

Ne l'apercevant pas, et la panique faisait surface de plus en plus à chaque effondrement des murs, elle entra à l'intérieur, risquant alors sa vie pour le trouver. Dans chaque pièce, elle espérait le voir, elle espérait qu'il ne lui soit rien arrivé de terrible, en vain, après avoir visité les seules encore intactes, elle perdait espoir.

« Que fais-tu là, humaine ? »

Elle se retourna précipitamment pour enfin le trouver, sans la moindre égratignure. Elle cru mourir des centaines de fois avant de le voir.

« Il faut que... » débuta Misaki, alarmée.

« Nous sommes au courant alors cours te mettre à l'abri. » ordonna-t-il sèchement.

« Et vous ? Qu'allez-vous faire ? »

Il balaya ses mots d'un revers de la main.

« Vas te cacher, humaine, nous promettons de revenir dès que cette pagaille sera terminée. » souffla le vert avec sincérité.

La jeune fille, non satisfaite, s'approcha de lui pour l'encercler de ses faibles bras, ses yeux se serrait avec force tant la peur la paralysait. Une secousse assourdissante laissa un bruit insupportable derrière eux et il s'éloigna d'elle.

« Ne bouge pas. »

Il ne lui laissa pas le temps de répondre qu'il grimpa sur le bord de la fenêtre avant de sauter sans le moindre regard en arrière. Misaki se rongea un ongle toujours sous l'anxiété. Et si le Roi périssait, qu'allait-elle faire ? Où irait-elle ?

« Ravale ta peur, idiote... »

Elle se donna une petite claque pour garder les pieds sur Terre. Plusieurs explosions vinrent jusqu'à elle, elle pouvait à peine imaginer le nombre de morts, ce devait être horrible à l'extérieur, et c'était par là qu'il était allé...

Dans un élan de courage, elle se redressa, s'éloigna de la position où Meruem lui avait ordonné de rester, puis s'échappa par le couloir. Elle entendit des hurlements de douleurs, de craintes, de peurs. Les bruits défilaient comme une bande-son dans ses oreilles, c'était insupportable. La situation semblait critique et elle n'était pas assez forte pour se battre à ses côtés. Elle mourrait aussitôt si elle essayait de sortir ne serait-ce que pour quelques secondes.

« Éliminez-les tous les humains ! »

Cette voix lui semblait familière mais elle partit dans le sens opposé jusqu'à ce que plus aucun sons ne purent s'entendre, était-ce terminée ? Elle resta tout de même sur ses gardes, puis entendit des pas se déplacer à grande vitesse. Instinctivement elle se cacha derrière un renfoncement jusqu'à la vue d'une silhouette qu'elle reconnaissait. Elle fut choquée et s'avança avant de rester droite comme un piquet, attendant que le garçon aux cheveux albâtres ne la trouve dans son champ de vision.

« Bon sang, tu... tu es vivante, Misaki ? »

Il semblait considérablement surpris.

« Qu'est... qu'est-ce que tu fais ici, Kirua ? »