Chapitre 9 :

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Déjà plusieurs minutes étaient passées et la jeune fermière ainsi que cette chose verte étaient totalement seuls, n'entendant plus que le bruit extérieur et encore, lui aussi était plutôt calme. Misaki était toujours bouche bée de son comportement envers elle, les montres sont-ils censés faire ce genre de choses ? Elle ne savait plus en donner de la tête, elle était comme... comme prise entre de gros filets, elle ne pouvait plus démêler ses pensées, mais surtout, son opinion envers ce dernier. Pourquoi ? Aucune idée, non, elle n'en avait aucune idée.

« N'hésite pas à me dire si nous appuyons fort ou non. » hésita le vert, le front plissé.

Ses souvenirs étaient encore à vif, elle avait bien aperçu sa colère incontrôlée lorsque son corps était sur le point de s'écraser contre le sol du dehors, après sa chute involontaire. Misaki avait bien constaté combien ce certain roi cachait beaucoup de choses sur lui-même, ou bien... peut-être que lui-même ne savait rien de lui ? Les questions tournaient dans sa tête, et elles ne cessaient de se mélanger, elle était bien trop épuisée pour penser à ça là.

« C'est la première fois que vous vous occupez gentiment de quelqu'un ? » demanda la femme en gloussant, apaisant les tensions.

Le regard du roi se releva assez rapidement et il planta ses yeux magenta aux siens. Un silence s'en suivit avant qu'il ne se redresse inhabituellement et ne la dévisage sèchement.

« Ne te moque pas de nous ! »

« Je ne me moque pas, vous avez l'air d'hésiter sur vos gestes, répondît-elle d'une voix agréable, je peux vous apprendre ? »

Les traits de son visage se radoucirent et il finît par acquiescer d'un simple hochement de tête avant de se réinstaller près d'elle.

« Bien. Vous devez d'abord changer souvent ceci, avait-t-elle dis en pointant du doigt le tissu, en l'imbibant de savon naturel et d'eau. »

La jeune femme fit alors quelques mouvements rotatifs sur ses quelques plaies pour lui montrer et bien qu'elle gardait une expression indifférente, cela faisait bien plus mal que lorsque c'est lui qui se chargeait de ses blessures. Ces ordures d'oiseaux ne l'ont clairement pas loupée. Comme quoi le monde lui-même était cruel. Elle saisît l'avant-bras du vert, dans l'attention de lui en montrer davantage, mais elle s'éloigna de ce dernier, sa seconde main serrant sa voisine.

« Qui a-t-il, humaine ? »

« Votre peau est... très chaude. »

Il haussa un sourcil, perdu.

« Bien. Laisse nous te soigner à présent. »

Le roi continua alors avec... tendresse ? Non.

« J'ai terminé. Tu ne saignes plus. »

Discrètement satisfait, son visage s'orna d'un léger sourire rare à voir, et lorsque la jeune fermière s'en aperçu, il l'effaça avant de se diriger hors de la piece. Cependant, le corps du vert ne s'avança plus, il restait immobile, ses quelques doigts sur la poignée de porte.

« Nous nous apprêtions à te tuer. »

« Pardon ? » s'étonna Misaki.

« Sommes-nous faible ? »

« Ne dites pas ça ! » s'exclama cette dernière.

Il n'avait pas le droit de penser de telles bêtises à propos de lui, dès son arrivée elle était effrayée par l'étrange aura qui émanait autour de lui, la faiblesse n'avait pas sa place chez lui, elle n'en aura jamais. Il était tout, sauf faible.

« Vous n'êtes pas faible. Vous n'avez pas le droit de dire cela ! Vo- » débuta-t-elle spontanément avant de voir sa mine colérique.

Les yeux de cette créature étaient si sombre, si terne qu'elle pouvait à peine l'observer droit dans les yeux, l'atmosphère avait soudainement changé et elle avait l'impression de le retrouver comme au départ, avec ses traits de visage crispé par la colère et l'impatience, ses yeux améthyste jurant elle ne sait quoi et ses muscles se tendant, un sentiment noir l'envahissant.

« Mon Dieu, c'est... » bafouilla-t-elle.

« Tant de fois nous avons tenté de nous débarrasser de toi. » commença le roi avant de s'approcher avec prudence et méfiance.

Misaki recula instinctivement.

« Mais nous n'avons jamais réussi à te tuer ! Et pourtant... nous avons eu tant d'occasion d'arriver à ce but... » se plaignît-t-il de colère.

« Mais... »

« Même maintenant nous mourrons d'envie de te goûter... humaine... » vociféra le vert.

Elle recula de nouveau, la peur collé au visage. Ses jambes reculèrent toutes seules, elle était si effrayée de la tournure qu'allait prendre les choses. Alors voilà, c'est comme ça qu'elle allait périr ? D'une façon aussi moche ? Ses pieds s'entremêlèrent et elle tomba contre le sol.

« Qu'est-ce qui vous prend ? »

« Pourquoi et comment une humaine aussi indésirable pourrait nous chambouler autant... c'est complètement insensé. »

Il semblait perdu. Les lèvres du vert s'entrouvrirent et manquèrent de sortir un filet de bave, il était marqué par l'appétit, la soif de sang. Bon sang, les choses allaient dégénérer.

« Dites-moi, ça fait combien de temps que vous n'avez pas mangé ? » l'interrogea-t-elle.

Son visage se détendit un peu.

« Plusieurs... plusieurs jours, se confia le vert avant de s'écrouler, nous n'arrivons plus à nous nourrir car nous imaginons que c'est toi, et... nous ne voulons pas ça, nous ne voulons pas que tu nous considères comme... nous. »

Misaki craqua intérieurement, discrètement il lui faisait de la peine car il semblait vouloir changer les choses, vouloir changer, n'était-il pas plus humain maintenant ? Seulement, malgré qu'elle désirait tant lui prendre la main et le rassurer, elle n'osait pas, car même s'il n'était pas horrible à voir, même s'il n'était pas le plus grand des méchants, elle avait toujours peur de lui, de ce qu'il était.

« Nous sommes perdus, humaine... »

Sa voix grave n'était qu'un souffle, oui, c'était certain, il était bel et bien perdu. La jeune femme fit obstruction de toutes ses précédentes pensées et s'approcha rapidement de lui avant de s'installer, très doucement, en face du vert.

« Laissez-vous faire. »

Il ne répondît rien et la fermière profita de ces quelques secondes d'inattention pour enrouler ses petits bras autour de sa taille.

« Qu'est-ce que... » s'étonna le concerné.

Cependant, au moment même où elle ferma ses yeux et se murmura à elle seule qu'il lui faisait à ce point confiance, le roi la repoussa et sortit vélocement de la chambre, la laissant ici. Misaki se mordit la lèvre, regrettant d'avoir été si vite. Le visage de son oncle apparût et elle soupira, elle commençait à oublier ses idéaux... comment ? Non... la question était... pourquoi sentait-elle qu'elle s'attachait à cette créature verdâtre ?

Serait-ce l'amour ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant