Chapitre 22 :

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Son corps était lourd, ses paupières peinèrent à se relever et plus aucun bruit ne s'entendait. Elle se releva si vite que son mal de tête reprît du service.

« Attention, ne te lève pas trop vite ! »

Misaki sursauta, n'ayant ressenti la présence d'aucune autre personne. C'était elle, la femme qui accompagnait son ami-chimère. Elle était étrangement belle, bien qu'étrange. La brune reprît contenance puis soupira, anxieuse.

« Tu es Pâamu ? » demanda-t-elle.

« Oui, je vois que tu t'en aies souvenu. »

Misaki observa les alentours et réalisa qu'elles étaient dans une petite chambre, à l'abri de n'importe quel assaut vu la propreté de l'endroit. Les volets étaient complètement fermés mais l'obscure de la pièce ne la gênait pas.

« Où sommes-nous ? »

« Dans les sous-sols du palais, un village souterrain, si nous pouvons appeler cela de cette façon. » répondit Pâamu, souriante.

« Un village souterrain ? »

« C'est une bien trop longue histoire. »

Un silence désagréable s'installa entre elles et la jeune femme se demanda pourquoi l'avait-elle emmenée dans cet endroit aussi calme et éloignée. Elle pensa soudainement au Roi, s'il était encore en vie ou non, puis se releva.

« Je dois me battre ! »

Elle marcha vers la porte mais celle-ci était verrouillée, sa langue claquant son palet, et en se retournant, l'autre femme lui montra une petite clé, un sourire au coin des lèvres.

« Je dois avouer qu'ils n'avaient pas tord. »

Misaki était perdue.

« Comment ça ? »

« Gon et Kirua m'ont beaucoup parlés de toi, ils m'ont affirmés que tu étais vraiment courageuse, ce qui n'est pas faux. »

La brune échappa alors un soupir d'énervement avant de se réinstaller à ses côtés.

« Quand je pense que je n'étais qu'une fermière... et que, du jour au lendemain, je me retrouve victime de... tout ça. »

« Je te rassure, tout est bientôt fini. Tu vas pouvoir retrouver ton village et mener ta vie heureuse à nouveau. » tenta la violette.

Malheureusement, elle en rêvait aussi, avec désir et insistance, mais c'était impossible. Son village ? À l'heure qu'il était, les habitants devaient se trouver dans l'estomac de ces monstres. Sa famille ? Le seul à ses côtés avait été sauvagement tué, et elle était désormais seule. Le bonheur ? Cela l'étonnerait si elle parvenait à le rencontrer encore une fois.

« Vous vous trompez sur toute la ligne. »

« Comment ça ? » demanda Pâamu, curieuse.

« Sur eux... sur le Roi. »

La violette se redressa ensuite, l'oreille tendue. Au moins elle semblait d'accord pour l'écouter.

« J'ai souvent changé mon point de vue... et j'ai aussi pensé qu'ils étaient des monstres sanguinaires... mais, en réalité... »

Le silence fut de courte durée.

« Ils ont une âme et sont assez similaires à nous, je dirais même à un détail près. Comme le Roi me l'a soufflé, eux aussi se battent pour une cause et tue le bétail pour se nourrir. Ce n'est pas plus que ça. »

« Tu te rends compte de ce que tu dis ? Des vies s'éteignent chaque fois qu'ils trouvent un village ! Tu ne peux rester indifférente ! »

Misaki désapprouva d'un hochement de tête.

« Je n'ai jamais pensé ça, pas une seule seconde, et pas une seule seconde je me retournerais contre le Roi d'ailleurs ! »

Les paroles de la brune étaient sincères et révélaient tout ce qu'elle n'aurait jamais pu avouer à voix haute. Le visage de Pâamu montrait la surprise, mais quelque chose laissait penser qu'elle comprenait Misaki.

« Je peux vous l'assurer... Meruem ne tuera plus jamais d'humains... plus jamais... »

« Tu ne peux en être certaine... »

« Si, je le suis, la coupa-t-elle, il ne pourrait me trahir car il sait bien que je compte sur lui autant qu'il compte sur moi ! »

Pâamu recula pour mieux observer la femme devant elle. Elle n'arrivait pas à y croire que Misaki se montre si obstinée à sauver ce monstre assoiffé de pouvoir et de sang. Du côté de cette dernière, elle repensait aux mots du vert, jamais il ne pourrait la trahir, jamais.

« Tu aimes ce monstre ? »

La violette était estomaquée, et devant son hésitation, ses yeux s'ouvrirent en grand.

« Pâamu... le Roi est bien plus humain que n'importe qui, je peux vous l'assurer... »

Elle l'analysa sans rien dire, consciente que Misaki n'était pas influencée ni hypnotisée. Non, ses paroles lui venaient du plus profond de son cœur, et ça, Pâamu s'en apercevait bien.

« Misaki... je... je te... »

Un bruit s'entendit derrière la porte et la violette s'arrêta aussitôt de parler, se relevant immédiatement pour regarder Misaki. Seulement celle-ci reconnaîtrait cette voix entre des centaines. Son sang ne fit plus qu'un tour et ses jambes flageolèrent en entendant un énième gémissement rongé par une douleur qui inquiétait celle-ci.

« Meruem ! » angoissa la jeune femme.

Serait-ce l'amour ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant