Karl et la magie de Noël

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Hey hey, c'est encore Tsuuki 👀
j'avoue que l'inspiration m'a un peu lâchée pour celui-ci, mais j'espère qu'il vous plaira quand même :')

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« Karl ! Karl, reviens ici ! »

Sous les yeux médusés des touristes et résidents de Yokohama qui arpentaient le centre-ville pour réaliser leurs courses de Noël, un petit raton laveur gris courait sur le sol inégal, slalomant entre les humains pour ne pas se faire écraser. Derrière lui s'activait un jeune homme qui ne devait pas voir grand-chose tant sa frange de cheveux foncés était longue et masquait totalement ses yeux.

Pour autant, il se déplaçait plutôt agilement et évitait presque aussi bien que son animal les individus sur son passage – il n'en heurta que trois, et se confondit en excuses balbutiées et incompréhensibles avant de repartir à la poursuite de son raton laveur adoré.

Il était rare que Karl ne se trouve pas sur son épaule, et Poe se demandait encore comment un animal qui bougeait aussi peu pouvait courir aussi vite. Il ne savait même pas quelle mouche avait piqué son raton laveur pour qu'il le fuie ainsi. Il n'avait rien fait d'inhabituel, bien au contraire.

Depuis sa précédente défaite contre Ranpo, il n'avait pas chômé, et ce malgré le démantèlement de la Guilde. Il n'avait pas abandonné son idée de vaincre le détective de l'Agence, et ainsi de prendre sa revanche sur celui qui l'avait battu à deux reprises à son propre jeu. Et c'était la raison pour laquelle il continuait instamment à rédiger des livres, dont les affaires étaient toujours plus compliquées.

Il n'arrivait cependant à rien de satisfaisant à ses yeux, et continuait de rechercher le crime parfait, celui que même Edogawa Ranpo ne pourrait résoudre. En panne d'inspiration, il avait décidé de sortir un peu, et d'aller faire un tour à Yokohama, qui, comme toutes les villes du Japon et probablement du monde, avait paré ses boutiques et avenues de décorations et autres produits en rapport avec Noël.

C'était essentiellement sa nostalgie de la Guilde qui l'avait poussé à choisir cette destination, car il se remémorait les Noël célébrés en leur compagnie. Il se mêlait rarement aux membres – trop extravertis pour lui – mais se souvenait de l'ambiance sympathique qui y régnait en cette période de fête.

Peut-être pouvait-il se servir de cette ambiance pour son nouveau livre, voilà ce qu'il avait pensé en arrivant sur le marché. Pourtant, à peine avait-il commencé à flâner entre les petites boutiques que Karl avait bondi de son épaule pour se sauver, et voilà qu'il se retrouvait à lui courir après au lieu de se promener tranquillement.

Malheureusement pour lui, Poe n'était pas un grand athlète, et il ne pouvait pas soutenir le rythme d'un petit animal qui se faufilait partout, et qui pouvait prendre des raccourcis là où son maître était forcé de contourner les boutiques. Aussi, le jeune homme dut finalement s'arrêter pour reprendre son souffle, et perdit ainsi de vue son animal de compagnie.

Il resta un instant appuyé contre un mur pour se reposer, et ne se releva que quelques instants plus tard. Il écarquilla ensuite les yeux devant le spectacle qu'il voyait entre ses mèches de cheveux. Il avait atteint un coin de la ville illuminé de toutes parts, quand bien même le soleil ne s'était pas encore couché.

Les lumières se reflétaient dans la rivière, tout comme le ciel orangé, et donnaient à l'endroit une atmosphère féerique. Une vague chaleur envahit le jeune auteur devant ce paysage qu'il n'avait jamais vu ailleurs que sur des photographies – souvent celles de Francis quand il leur racontait ses vacances luxueuses avec son épouse.

La scène était de celles que l'on adore voir dans les films, une de celles qui ravit les spectateurs par son esthétique travaillée et sublime. Poe la détailla un long moment, tandis que les idées resurgissaient dans son esprit. Il pouvait écrire ceci... puis cela, pour induire en erreur... et encore cette scène de passé pour continuer de tourmenter son lectorat... Oui, cela pouvait marcher.

Il était presque moins en colère contre Karl pour l'avoir fait courir. Mais il devait toujours le retrouver... hors de question pour lui de repartir sans son raton laveur adoré. Il s'arracha donc à la contemplation du paysage pour repartir à la recherche de son animal de compagnie, désormais complètement introuvable.

L'ancien membre de la Guilde s'inquiétait à l'idée de ne pas retrouver Karl dans la foule dense qui arpentait les rues du centre-ville. Ce n'était qu'un raton laveur, nettement moins repérable qu'un être humain... Et il était bien trop timide pour crier à tue tête le nom de l'animal. À part attirer sur lui une attention qu'il ne désirait aucunement, cette stratégie ne montrerait aucun résultat.

Il reprit donc ses recherches, sondant entre ses mèches de jais les ruelles qui séparaient les boutiques, les parcs aménagés et les jambes des passants à la recherche de la queue rayée de Karl, qu'il estimait plus simple à repérer.

Plusieurs minutes passèrent ainsi, et s'accumulèrent pour former des dizaines de minutes. Poe sentait son anxiété augmenter de plus en plus au fur et à mesure que le temps passait, et que le ciel s'assombrissait. Soudain, il entendit des cris d'enfants amusés à sa gauche, et déporta son attention de ce côté, découvrant alors un spectacle de rue improvisé : un musicien qui grattait les cordes de sa guitare tandis qu'un animal s'activait dessus et provoquait les rires et cris d'extase du public.

Poe mit quelques instants à reconnaître Karl, et se précipita vers l'attroupement dès qu'il eut pris conscience de ce fait. Il fit sursauter quelques enfants et leurs parents, mais ne s'intéressait qu'à son raton laveur, qui daigna cette fois-ci remonter sur ses épaules.

« Vous avez un animal de compagnie unique en son genre, commenta le musicien. Il semble très malin. »

Gêné, le jeune auteur ne put qu'acquiescer. Son esprit était partagé en deux idées : il avait retrouvé Karl et il tenait son dénouement. Le tueur serait le raton laveur qui désirait voir les lumières de Noël.

F.S.A's Christmas CalendarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant