Chapitre 24 - POV 1.9.3 (Nina)

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Un vibreur me sort du sommeil. Je suis couchée sur le dos. Je dors presque toujours sur le dos.

Oh, merde! Je me suis endormie avant qu'il ne revienne. La déception se délite avant d'avoir pu prendre une vraie forme. Car à ma droite, Nuke est couché sur le côté. Il sent le savon. Il dort paisiblement. Il ne me touche pas, ou presque: sa main au bout du bras sur lequel il repose, a les doigts entrecroisés aux miens sur ma poitrine.

Mon cœur se gonfle de tendresse et de bonheur. Si jusque là, Nuke était une idole et un géant qui méritait mon affection grandissante, c'est là, maintenant, que je tombe éperdument amoureuse de lui. Avec juste ses doigts liés aux miens au réveil. Avec juste cette nouvelle preuve de douceur sensitive.

Mon âme se soulève irrémédiablement pour lui...

Nuke tressaille, arraché au sommeil à son tour. Il récupère doucement sa main. La mienne est moite. Tout mon corps est moite après avoir fait l'amour et dormi dans la chaleur du grand corps. Merde! Je me sens sale. Je vais le salir... Je m'écarte donc de lui tandis qu'il s'empare de son téléphone pour couper le réveil.

« Il est cinq heures. » déplore-t-il en voulant m'attirer. Mais je me dérobe. « Mon train! fais-je mine de me rappeler en sautant hors du lit.

— Je peux te conduire, tranquillise-t-il.

— Non, ne t'inquiète pas, je suis une grande fille.

— Ou je pourrais venir...? »

Je m'immobilise à la porte. A la vitesse d'une rafale de full auto, mon cerveau liste tous les dangers d'un train, des gens, de la route... du Monde! La peur m'écrase. « Non, t'avais raison: ça risque d'être cringe. »

Il a dû percevoir quelque chose dans ma voix: il me rejoint et tente de me tourner vers lui. A nouveau, j'esquive. « J'empeste, Nuke!

— Qu'est-ce que tu racontes? rit-il.

— C'était une mauvaise idée, fais-je valoir, la gorge obstruée à l'idée de l'avoir mis en danger par ma simple présence. Tout ça, c'était pas une bonne idée. J'aurais dû comprendre que personne ne devrait t'approcher.

— Merde! » Il m'emprisonne contre lui et tient bon malgré que je tente de m'en soustraire. « Du calme, chérie. Tout va bien.

— Non, c'est faux. » J'halète. La terreur m'asphyxie. « C'est trop dangereux. Les trains sont dégueulasses; les gens toussent, reniflent, laissent leur bouffe qui faisande... Et si mon frère était malade? Laisse traîner ses mouchoirs partout?

— Respire, Nina. Assieds-toi. » Des mouchettes volettent devant mes yeux. J'ai vu juste: ce n'est pas un environnement sain pour lui. «Respire, chérie. Tu vas tomber dans les pommes. »

J'essaye, mais ma poitrine me fait mal. Mes jambes disparaissent sous moi. « Personne... lave... jamais... les...

— Je vais bien, chérie, dit-il inlassablement en me tenant par les épaules.

— Je... pourrais... avoir... ramené... n'importe... quelle... saleté, parvins-je à dire entre des respirations erratiques.

— Tu crois que je te serrerais contre moi si tu pouvais me faire du mal? »

Je secoue la tête en réessayant de le repousser.

« Wifi, entre. » Une lèche sur ma joue me fait sursauter. Nuke me pose la main sur la fourrure drue mais douce du chien. Il palpite de vie et de chaleur. « C'est ça, respire doucement... »

Lentement, le contrôle me revient. Nuke m'attire plus étroitement dans son étreinte au sol. Il m'assied entre ses cuisses, le visage contre son cou, ses bras en abri, Wifi en muraille. 

Versus [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant