Chapitre 50 - POV 1.18 (Nina) Suite alternative

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Je sais y faire avec le personnel médical. Je suis dans ce bain depuis que je suis née. Si bien qu'à la fin de cette première journée (à laquelle, non, je ne me suis pas pliée aux heures de visite. J'suis là, autant que je reste! Les heures de visite commencent demain.), j'ai cerné les infirmières de jour qui s'occupent de Nuke. J'ai même copiné avec le kiné.

En plus d'un mois d'éveil, le joueur n'a pas fait l'effort de se lier à cette équipe qui est pourtant son seul contact avec l'extérieur. Il a préféré les voir comme ses geôliers. Je tente de remédier à la situation en engageant la conversation de telle sorte qu'il puisse associer un prénom à chaque voix. J'espère les humaniser au regard de Nuke, et montrer au personnel qu'il n'est pas un gamin qui fait des bruits répétitifs juste pour les faire chier.

C'est mon but à chacune de mes visites suivantes. Mais lorsque le personnel ne va et vient pas dans la chambre pendant que j'y suis, je ferme ma gueule et me fait petite, histoire de ne pas éveiller l'animosité de sa mère. Je suis autorisée par le chef de service, ça ne l'empêche pas de me battre froid comme jaja!

Ça n'empêche pas non plus les constantes de mon homme de s'affoler dès que quelqu'un d'autre que moi le touche. Même parfois lorsqu'il s'agit de sa propre mère. Ça parait pour lui, plus douloureux que de subir la souffrance du pansage à vif sans autre drogue que du dafalgan.

Si bien qu'au bout de la semaine, je demande timidement à l'infirmière venue soigner ses mains, de bien vouloir me laisser faire.

Elle me regarde avec étonnement (et la vieille harpie ronchonne), jette un coup d'œil au visage contracté du patient, mais finalement, pousse légèrement le chariot contenant le matériel vers moi en assentiment. «Pourquoi pas. Une aide ne serait pas de refus. »

Mon cœur bondit de reconnaissance.

Je me lave les mains à l'évier de la chambre et fais le tour du lit. J'ôte les pansements de la main gauche de Nuke sous la supervision silencieuse de la femme de métier. Je sais que c'est sa main la plus atteinte. Son anxiété s'y attaque aussi fiévreusement qu'un fufu sur un boss de donjon.

L'infirmière prépare le bain désinfectant et me rapproche la coupelle avant de détacher le poignet du patient. Il est rouge et irrité d'être compulsivement tiré.

Dans l'eau tiède, je masse la paume pour en détacher les peaux mortes et les restes de pommade. Quand je frotte doucement la jonction entre ses doigts, là où la transpiration a attaqué sa peau jusqu'à la laisser écorchée, lésée par l'eczéma, Nuke retient son souffle et déplace son pied pour relever le genoux. 

Je le dévisage et remarque qu'il a enfin des couleurs humaines. Je me mords la lèvre pour m'empêcher de lui demander s'il a bougé sa jambe pour cacher que ça le fait bander. Comme si une part de lui le savait, quand je capte son regard par inadvertance, il cligne pour dissimuler l'étincelle lubrique qui s'y est allumée. Je pouffe en sourdine: la réponse est oui!

Ses articulations semblent grippées sous mes gestes. « Tu as du mal à bouger les doigts?

— Oui

— Ils te font mal?

— Pas que je sente. »

Je suppose qu'il veut dire qu'ils ne lui font pas assez mal pour qu'il le perçoive dans le flux des autres douleurs continues qui relèguent la dopamine à rien. Mais je ne suis pas dans son corps, je n'en sais rien.

Sa mère regarde vers nous. Je fais mine de ne pas la voir. Je suis là pour Nuke, pas pour elle. Qu'elle pense ce qu'elle veut de moi.

« Tu veux que j'en parle au médecin? proposé-je doucement.

Versus [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant