Chapitre 28 - POV 3.10 (Nuke)

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De retour au lit, Nina, que je croyais endormie, vient se presser contre moi comme elle est la seule à l'avoir jamais fait – la seule que j'ai jamais laissé faire. Pour une fois, elle se tait. Je lui en suis gré. Non que je sois en colère, juste que je ne supporterais pas qu'elle s'excuse encore.

Seigneur, aidez-moi à trouver la force de la protéger de moi.

Sur cette prière, je m'endors rapidement. Ce qui est un exploit en soi. 

Je m'éveille avec le soleil. Wifi m'attend derrière la porte de la chambre, paré pour nos rituels matinaux. Il sait que même hors de notre foyer, je n'y déroge pas. J'en ai foutrement besoin!

Il me suit partout tandis que je me prépare, ne s'immobilise hors de la pièce dans laquelle j'entre que lorsque je lève la paume et l'abaisse successivement.

Dans la cuisine endormie, je me sers un verre d'eau pour m'enfiler les médicaments à prendre à jeun. « Va chercher ta laisse, mon gros. » chuchoté-je à mon ami entre deux médoc'. Il me contourne et sort. Lorsqu'il revient, sa laisse entre les dents, il est suivi par Charlotte.

Je fais discrètement glisser le pilulier dans la poche plaquée de mon pantalon. 

Elle me souhaite le bonjour, mais lorsqu'elle s'approche pour me faire la bise, je lui tends ma main gantée de fibre traitée à l'antibactérien. Elle s'étonne mais n'insiste pas. J'en rends grâce à Dieu: y'a pas beaucoup de situations pires pour moi que de refuser un contact et de me voir contraint de vexer l'autre en ne cédant pas à son entêtement. Les gens ne s'attendent jamais à un second refus dans ces circonstances. Combien de fois n'ais-je pas entendu ce « mais si, on s'fait la bise! »? Bein non en fait, mon gars!

« Je me suis permis de préparer du café, dis-je poliment.

— C'est ce qui m'a attiré comme un aimant! rit-elle. Rien de tel que d'être accueilli par l'odeur du café. »

Je ne réponds que d'un hochement de tête souriant.

Elle me dévisage. Silence gênant... Je m'éclaircis la voix. « Je vais aller promener Wifi. Voulez-vous que je vous ramène quoi que ce soit?

— Non, non, on a tout ce qu'il faut. Merci. Mais, tu ne veux pas boire un café avec moi d'abord? Avant que je parte travailler... »

J'ouvre la bouche avec l'intention de prétexter l'impatience de mon ami. Malheureusement, il attend aussi patiemment qu'un moine. « Euh. Oui, d'accord. » Elle m'adresse un grand sourire ravi et m'invite à la petite table de la cuisine. Wifi vient se coller à mes jambes en réconfort, la laisse toujours entre ses mâchoires.

Charlotte prépare les tasses en entamant la conversation. « Je n'ai jamais vu un chien aussi bien dressé.

— Merci.

— Il a l'air en adoration devant toi à chaque fois qu'il te regarde, plaisante-t-elle.

— Peut-être.

— Tu regardes Nikita de la même façon. » taquine-t-elle sur le même ton que le fait sa fille. Je ne réponds rien et elle rigole. « Elle m'avait prévenue qu'il fallait t'arracher chaque mot. En te voyant avec Léon et Enzo, je ne la croyais pas. Mais si! »

Elle pose le lait et le sucre à portée et une grande tasse de café fumant devant moi. Je n'ai pas le temps de la remercier qu'elle enchaîne: « Tu as des gens sourds dans ta famille?

— Non.

— Des amis?

— Non.

— Pourquoi as-tu appris le langage des signes alors?

Versus [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant