Chapitre 53 - POV 1.20 (Nina) Suite alternative

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Je suis plus tôt que prévu mais on me laisse entrer sans simagrée. Heureusement, parce que j'ai une surprise qui ne peut être décalée de l'horaire.

tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac...

J'entre dans la chambre, accueillie par la compulsion de Nuke.

tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac...

Au pied du lit, Paul est debout, les bras croisés sur le torse, donnant un tombé inélégant à sa veste de costume sous la blouse jetable. Son expression est désemparée et ses yeux rougis. Je panique. « Qu'est-ce qui se passe? » Il me désigne Nuke de la main et reprend sa position. 

De premier abord, je ne vois pas ce qui pourrait alarmer l'avocat ainsi. Sa mère et Samantha parlent à Nuke sans obtenir de réponse. Rien qui ne sorte réellement de l'ordinaire jusque là. Si ce n'est qu'elles ont l'air plus alarmées encore que Paul-l'avocat-sauveur-de-ma-mère.

Du côté des machines, par contre, ça clignote comme un sapin de noël: le rythme cardiaque est sous les 60 bpm, la tension crève le plafond en comparaison, et la température est à 38,5 en augmentation.

Mais du côté de Nuke, pâle comme un mort: tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac...

Non, non, non. Bordel! Je pars en le laissant avec de bonnes constantes et de bonne humeur, je reviens et Sam est en train de lui frotter le torse pour stimuler son cœur. Ce qui n'a pas l'air de fonctionner. Il va finir par faire un infarctus.

La panique me prend aux tripes. « Où est Miles?

— Il arrive! Je fais de mon mieux. Mais même Miles ne pourra rien faire s'il ne veut pas y mettre un peu du sien. Luc! vocifère Sam. S'il te plaît, fais un effort. »

Une autre infirmière revient en trombe avec des poches de glace et de soluté.

« Qu'est-ce qui s'est passé? questionné-je Paul qui paraît le plus calme.

— Il a fait une crise de panique. Puis, il s'est juste... fermé. On a tous un point de rupture. Je crois qu'il y est. Il ne veut plus, Nina. Il faut respecter ça.

— Comme si j'en avais quelque chose à foutre! »

Qu'ils aillent se faire...! Je ne vais pas rester sans rien faire.

Sous les yeux éberlués des femmes, je grimpe sur le lit me mettre à califourchon de Nuke sans porter mon poids sur lui. Je baisse le masque de ventilation et lui colle une gifle bien sentie. Avec l'appareillage qui lui maintient le crâne, sa tête ne bouge pas, ce qui diminue considérablement la possibilité d'amortir le heurt.

Ça ne manque pas: les iris d'un intense gris-bleu se tournent vers mon visage. Je lui pointe un doigt menaçant sous le nez. « Si tu t'avises à mourir devant moi, je te maudirai tellement que tu passeras le reste de ton éternité dans les limbes de ceux qui ne sont pas pardonnés. »

Ses tempes déjà humides se couvrent de nouvelles larmes qui n'ont pas le temps d'embuer ses yeux avant de glisser de ses paupières. Sur son visage dépourvu d'expression, elles ne s'écoulent pas comme la manifestation d'un sanglot. On dirait des morceaux d'âme prisonniers.

J'en ai mal à thorax. 

« C'est toi qui donne les ordres... Alors ordonne-moi de chérir ta demi-vie! Laisse-moi t'apprendre à l'aimer jusqu'à la trouver complète à nouveau. »

tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac-tac... « Secoue-toi! » ...tac-tac-tac... « Pitié... » ...tac.

Il saisit la jambe de mon pantalon. « Embrasse-moi. »

Versus [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant