Chapitre 66 - POV 1.24.2 (Nina) Fin alternative

39 2 0
                                    

J'ai été soulagée lorsqu'il s'est avéré que nos emplois du temps de nous permettaient pas de partir en voyage de noce. (Rien que ces termes de "voyage de noce" me font grimacer.) Il n'y a nulle part où je veuille me rendre en-dehors d'une chambre! Qu'est-ce que ça peut faire que ce soit à Prague, Venise, Hawaï, ou notre appartement?! Je n'envisage de toute façon pas de visiter quoi que ce soit d'autre que le corps de mon joueur.

Puis, après tout, nous vivons déjà dans ce que le monde considère comme la Ville de l'Amour. Beurk! Ils ont jamais habité Paris pour croire ça.

Néanmoins, il m'apparaît rapidement que Nuke, au volant de la luxueuse berline, ne prenne pas le chemin de chez nous. Toutes vitres baissées, le coude sur le montant, l'index le long des lèvres, dans une attitude détendue, monopolisé par la conduite, il se contente de sourire quand je lui demande d'une air soupçonneux où il nous emmène.

La route nationale bordée de champs se ponctue de traversées de villages tout illuminés plus ou moins étendus. Les départementales qui la suivent se font de plus en plus boisés. J'ai beau questionner Nuke sur tous les tons possible, il reste une tombe. Alors je me résigne à simplement profiter de l'air frais vivifiant de la nuit qui nous entoure sur les routes de plus en plus désertées.

Après deux heures de route, mon joueur ralenti sur des chemins pas très différentes de tous ceux que nous avons parcouru. Moins éclairés peut-être. Les deux mains sur le volant, il cherche visiblement à se repérer. Enfin, il tourne sur un long chemin privé cerné d'arbres. L'odeur caractéristique, riche, de la nature verdoyante massée autour d'un point d'eau douce chatouille mon enthousiasme.

Les phares éclairent une petite maison à demi cachée entre les troncs, qui aurait l'air d'un chalet si elle n'était pas de pierres.

Nuke coupe le contact. « Fais-moi plaisir, chérie, laisse-moi venir t'ouvrir la portière. » Dire que je pensais qu'un homme ne puisse avoir le complexe du prince charmant comme des femmes ont celui de la princesse! J'endigue un ricanement et l'autorise.

Mon joueur m'offre la stabilité de son bras et la fermeté de sa main pour m'aider à quitter l'habitacle. Une aide précieuse, encombrée de mes hauts talons et de la masse de tissus comme je le suis.

Il me guide dans la pénombre jusque dans la maisonnette. Il allume une loupiote à peine capable de dessiner les contours de la salle à manger desservant une kitchenette, un escalier étroit, et un salon de pierres brutes aux baies en coin offrant la vue d'un ponton sur un large réservoir naturel.

Tandis que mon joueur pose un simple bagage au pied de l'escalier, je vais ouvrir la baie. L'air richement parfumé s'engouffre et se ferme autour de moi. Les bras de Nuke en font bientôt autant. Il a retiré sa veste et ses boutons de manchettes. Je m'adosse à lui en me repaissant de l'environnement grouillant de vie. Les lumières du ciel dégagé se reflètent sur les paresseuses vaguelettes de l'étang.

« Tu aimes?

— Oui, soufflé-je parce que je suis incapable de dire que c'est parfait un jour comme aujourd'hui (ce serait donner une importance capitale à ce qui n'est qu'un début). La douceur d'un Monet, l'air merveilleux en plus... »

Les bras de mon joueur se font possessifs. « Merci, ma chérie.

— De quoi?

— De m'avoir laissé rêver pour nous deux. Tu te fiches de tous ces trucs de filles, mais c'était important pour moi. Tu m'as laissé faire en le sachant.

— Oui, admets-je en fermant les mains sur ses avant-bras comme on retient les bords d'un plaid particulièrement doux. Mais grâce aux décisions que tu as prises, aux concessions que tu as faites, tu m'as fait rêver aussi, Sweety. Je vais chérir ce souvenir. » Il tressaille perceptiblement contre mon dos. Je prends ses doigts et embrasse l'intérieur bagué de son index. « Si je me fichais que ce jour soit parfait ou pas, ta main l'est définitivement maintenant. »

Versus [Terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant