Cookies et cotillons

419 58 15
                                    

Oh, non, Ezra n'était pas ravi. Il était aux anges.
Il regardait avec Warlock les cookies en train de gonfler dans le four et lui disputait le privilège de récupérer le reste de pâte sur la cuillère à patisserie. Il est fondamentalement bon et a laissé de coté sa gourmandise pour faire plaisir au gamin, évidemment.
Anthony profitait de sa distraction pour s'adonner à une autre sorte de gourmandise: il le dévorais des yeux. C'est quelque chose qu'il ne se permettait pas, d'habitude, vu la gène que ça provoquait chez son cher et tendre. Ils avaient très rapidement fixé les limites...

Pendant trois jours, il lui avait offert des bouquets à messages codés. C'était d'autant plus agréable qu'Ezra les déchiffrais tous en quelques instants!
Alors, ils pouvaient enfin avoir une conversation. Sérieusement.
"Allons à l'intérieur, mon cher..."
Pourquoi son coeur bondissait-il à chaque fois qu'il l'appelait "mon cher"? Pourquoi cette impression de complicité immédiate?
"Pour pouvoir te répondre... car ce dernier bouquet, c'était une question, n'est-ce pas?
-... Oui...
-Il faut que je voie tes yeux. J'en ai besoin pour comprendre tout de suite ce que tu penses sincèrement.
-Tout ce que tu veux, mais allons dans l'ombre.
-La bibliothèque est parfaite pour ça."
Il avait raison. Ils se retrouvèrent entre deux rayonnages, éloignés le plus possible des fenêtres. Le plus grand retira ses lunettes.

Ezra avait eu à peine le temps de les appercevoir lorsqu'il était tombé à l'eau, mais il pouvait maintenant les contempler. Des pupilles minuscules, même dans cet endroit sombre, et les iris d'une couleur très claire, presque dorée. Ils le fixaient avec une détermination sans faille et, il pouvait le voir... de l'amour.
"Wow. Euh, ok. Je t'aime aussi, Anthony.
-Que... quoi? mais je n'ai rien dit...
-Pas besoin que tu le dises, mon cher."
Le plus petit se sentit rougir.

"Je te l'ai déjà expliqué, je pense. Je ne te désire pas. Je ne désire personne.
-Je sais, mon ange."
Cela lui avait échappé. Il ne savait pas ce qui le poussait à dire cela, mais son instinct lui dictait que c'était juste et bon.

Ezra s'était figé, lui aussi. Ce petit mot avait provoqué un échos étrange dans son esprit.
"Mais je t'aime quand même. Je ne serais peut-être pas un bon petit-ami...
-Je ne ferais jamais rien qui te pose problème.
-Je ne pourrais peut-être même pas t'embrasser."
Délicatement, Anthony lui pris la main et la porta à ses lèvres pour y déposer un léger baiser.
"Cela m'est égal. Soit avec moi."

Et Anthony avait tenu parole. Il ne faisait rien qui puisse déplaire à son ange (comme il l'appelait maintenant dans son esprit, en secret), et évitait de lui montrer tout l'effet qu'il lui faisait. Il trouvait d'autre moyen de lui faire plaisir - La gourmandise d'Ezra était une excuse idéale, heureusement.
Et pour lui-même... il s'en occupait tout seul. C'était tout aussi bien.
Tout pour pouvoir entendre son rire doux à chaque instant de sa vie.

Bee tapotait sur son écran.
"Weird. Hady ne réagit pas, je pensais qu'il serait content.
-Hum..." Daphné fronçait les sourcils. "Cela va mal finir, Lije et lui.
-Quoi encore?"
Sa meilleure amie lui décrit la scène de tout à l'heure.
"Lije exagère vraiment. Impossible qu'il n'ai rien remarqué, il se fout de sa gueule, y'a pas moyen.
-Mais pourquoi? Cela ne lui ressemble pas d'être cruel."

Uriel tiqua à la mention de cruauté. Quelque chose en elle la poussait à rire, comme si c'était le sujet d'une blague.
"Et pourquoi vous, vous ne faites rien? Il était si mal, tout à l'heure, et vous les laissez se blesser aussi fort... Agissez en pote, pitié!"
Micha fronça les sourcils. "On ne se mèle pas des histoires des gens comme ça. C'est pas clean.
-C'est la tête d'Hady qui n'était pas clean, tout à l'heure.
-A part ça, quelqu'un a prèvu un truc pour Sandy?"

Gabriel profitait d'une fin d'après-midi libre,une première depuis des siècles, lui semblait-il, pour se fournir en cotillon. Il avait hâte d'être samedi soir - Sandy serait enfin libéré et il pourrait sortir librement des dortoirs entre les cours et les repas. Il ne savait pas ce que pensais son ami de tous ces changements.
Après tout, ils ne s'étaient plus fait de vrais amis depuis le monastère. Si chacun avait sa propre famille d'accueil maintenant, c'est là-bas qu'ils s'étaient rencontrés, quand les aléas de la vie les avaient fait perdre leurs foyers.

Uriel avait toujours été au monastère, on l'y avait déposé encore bébé. Gabriel l'avait rejoins à trois ans, et Ezra, bien que plus jeune, était arrivé presqu'en même temps. C'était eux, ses amis d'enfance. Sandy est arrivé bien plus tard, Micha en dernier.
Quand il regardait le batiment principal de l'école, aménagés dans la nef d'une ancienne abbaye, il se souvint d'un voeux qu'il avait fait enfant, au coeur du monastère.
Comme toujours, il me priait dans une toute petite chapelle. Ses minuscules mains étaient jointes et il me racontait ses doutes et ses chagrins.

En son coeur, il avait exprimé le désir de consacrer son existence à me servir.
Cette promesse était toujours vive dans son esprit. C'était l'avant-dernière année qu'il passerait avec ses amis avant de rentrer au séminaire. Il voulait en profiter.

😇🐍

N'hésitez pas à commenter, je réponds à tout le monde!

Aimez-vous les uns les autresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant