Chapitre 13

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"Tu es ma lumière, je suis la tienne,
Pourtant je ne suis que noirceur et toi que peine."

- Elsa Stucki

La voie 9¾ semble différente.

Pourtant rien n'a été rénové.
Les bordures des voies sont toujours aussi significatives de leurs âges, les piliers pavés ont gardés leurs tracent noirs du passé sans oublier la vapeur du train, gardant cette même odeur de pluie et de charbon mélangé à un peu de suie.

Rien n'a changé.

Mais peut-être que j'ai changé.

Peut-être que c'est moi qui ait une nouvelle odeur, de nouveaux habits ? Une nouvelle façon de penser ou...

Mes yeux dérivent sur la silhouette élancée à mes côtés. Ses iris sont plantés sur les rails, probablement perdus entre ses émotions et sa raison.

Comme moi.

Ce qu'il s'est passé.

J'en ai rêvé.

J'en ai imaginé chaque mouvement, chaque sensation...

Je ne suis pas gay. La relation que j'ai entretenue avec Giny me l'avait fait comprendre, les femmes étaient - sont - mon pédigré sexuel. Dessiner les courbes de son corps m'avait rendu fou et avide de ce qui pouvait se passer quand on se retrouvait seul à seul.
Même dans un contexte relationnel, elle et moi étions fait l'un pour l'autre. Très attachés, nous menions un couple stable, voir parfait. Mais après la mort de son frère, je ne pus me résoudre à rester auprès d'elle. Elle ne méritait pas un assassin comme amant, comme ami et encore moins comme amour.

Elle en a pleuré.

Je la vois encore parfois me dévisager d'une manière à m'en briser le cœur...

Oui car, si j'ai pu briser notre couple, la laisser seule me paraissait impossible. Même distant, je reste une personne à qui elle peut se confier et rire sans tabou.

Mais Drago a changé tout ça.

La tristesse de ma séparation avec Giny a été remplacée par l'excitation de découvrir des parcelles de lui que personne ne connait. Lui faire l'amour m'obsède à m'en réveiller la nuit et le chérir me laisse une joie qui m'appartient.

Il a tout changé.

Encore plus maintenant, mes pulsions prenant le dessus et me rendant ivre de lui.

Et maintenant que j'y ai goûté, m'en passer sera certainement trop dur.

Malgré tout, je sens encore un mur solide entre nous. Un mur, un mur fait de honte et de secrets de son côté et de peine du mien et même si désormais nous sommes étroitement liés, lire dans les pensées de l'autre reste impossible ce qui nous laisse un large problème de communication.

Le train sifflant son arrivée me remet les pieds sur terre et je passe ma tête dans mon écharpe, tentant de me réchauffer tant bien que mal le bout du nez. Si le froid a finit par m'atteindre, mon cœur lui, bouillonne.

L'arrêt des roues métalliques me provoquent un frisson mauvais. Ne supportant pas ce bruit aigüe désagréable, je tourne complètement ma tête vers Drago qui semble le supporter bien plus facilement, prenant déjà l'initiative de monter les marches en acier.

Je le détaille et, mon esprit soudain compare cet homme fier et grand au blond gémissant de mes caresses d'il y a à peine quelques heures.

Un autre frisson me traverse, mais cette fois, il est beaucoup plus agréable et s'accompagne d'un rictus prédateur.

Venin - DrarryOù les histoires vivent. Découvrez maintenant